Ne le manquez pas !

Initiation, transmission, rapports de classe : on retrouve dans "Enzo", sorti le 18 juin dernier en salles, les thèmes favoris du réalisateur Laurent Cantet. Après le décès de ce dernier en 2023, c'est son ami de toujours, Robin Campillo, qui a achevé le film. Le résultat de cette ultime collaboration : une des plus belles fictions françaises de l'année.

On ne prend aucun risque en imaginant qu’une immense émotion a dû étreindre Robin Campillo au moment de lancer le tournage de Enzo à La Ciotat. Le metteur en scène de 120 battements par minute (en 2017) avait certes apporté sa contribution au dernier script écrit par Laurent Cantet, mais cette fiction devait être mise en scène par son ami de toujours, décédé d’un cancer en avril 2023, soit très peu de temps avant le début des prises de vue, et non pas par lui-même… Campillo avait œuvré au préalable comme coscénariste sur plusieurs films de Cantet – L’Emploi du temps (2001), Entre les murs (2008), L’Atelier (2017) – et ce dernier, se sachant malade lors de la préparation de Enzo, avait souhaité que, si le pire advenait, son pote prenne le relais. Une lourde tâche qu’il a acceptée. Enzo, nous indique le singulier et émouvant générique, est donc « un film de Laurent Cantet réalisé par Robin Campillo ». On ajoutera que c’est aussi une des plus belles fictions françaises de l’année. Une œuvre où l’on retrouve les thèmes favoris de Cantet – l’initiation, la transmission, les rapports de classe –, mais aussi la « patte » originale et sensuelle de Campillo, cinéaste obsédé par le tumulte des corps et des âmes.