Après avoir refusé quatre demandes d’interview, He Jiankui a accepté à la cinquième, mais à la condition d’être présenté comme «pionnier de la modification génétique». Il insiste. De fait, ce scientifique effectue depuis quelques mois un retour tapageur sur les réseaux sociaux, malgré son statut compliqué auprès des autorités chinoises comme de la communauté scientifique internationale. Il a été le premier à modifier génétiquement des embryons humains, en 2018, suscitant une controverse planétaire.
Evoquer ce scandale et l’effarement d’innombrables chercheurs dénonçant ses méthodes ne dérange absolument pas M. He, qui poste souvent des photos de lui en blouse blanche dans des laboratoires, grande mèche aplatie sur la droite pour couvrir un front dégarni. «C’est une épreuve que tout pionnier doit affronter», dit He Jiankui dans un entretien téléphonique, en se comparant à des personnalités qui ont changé le cours des sciences, dont Louis Pasteur.