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Yvon Cozic, moitié du duo emblématique Cozic, a façonné une œuvre audacieuse et ludique, mêlant matériaux industriels recyclés et objets glanés, en ancrant sa volonté de hisser l’imagination au pouvoir dans l’art contemporain québécois. À sa manière, il contribuait à faire voir l’espace commun différemment.
Né à Saint-Servan en France en 1942, Yvon Cozic est décédé le 27 juin, a annoncé le Conseil des arts de Longueuil, la ville où il résidait. Avec Monic Brassard, il constituait depuis 1967 le duo Cozic.
En travaillant sous un nom collectif, le couple avait contribué à redéfinir les balises de l’art contemporain au Canada avec une approche originale qui a fait d’eux des pionniers. Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) leur avait dédié en 2019 une grande rétrospective.
Selon Bernard Lamarche, conservateur de l’art contemporain au MNBAQ, « l’art des Cozic a toujours été au service de l’autre. Dans les années 1960, ils réalisent des projets avec des non-voyants. De cette façon, la primauté de l’œil dans l’art s’est retrouvée au centre de leurs recherches, vouées de manière amusée aux autres sens, comme le toucher ». En poussant le public à toucher, Cozic enfreignait une des lois suprêmes de l’art muséifié.
Diplômé de l’École des Beaux‑Arts de Montréal en 1963, Yvon Cozic rencontre Monic Brassard au cours de leurs études. Ensemble, ils font le pari audacieux de fusionner leurs visions.
Photo: MNBAQ Idra Labrie
Détail de l’exposition «COZIC, à vous de jouer. De 1967 à aujourd’hui», présentée au MNBAQ de l’automne 2019 à début 2020
« Avec eux, l’air était toujours rafraîchi », commente Bernard Lamarche. En 2002, M. Lamarche se souvient avoir été troublé, alors qu’il était critique d’art pour Le Devoir, devant des « dizaines de boîtes de carton qui, une fois posées au mur, devenaient autant de visages dont les regards se portaient vers nous ». Cette œuvre intitulée Face à face, il l’accueillera au MNBAQ en 2019. « Je l’avais retrouvée avec le même sentiment ambigu, le même trouble. »
Le travail de Cozic, entité artistique à deux têtes, s’appuie sur des matériaux variés, aussi bien des peluches et du carton que du béton, du bois ou du vinyle. Les influences sont multiples : pop art, contre‑culture et courants un temps underground, comme l’arte povera, qui favorise l’usage de matériaux simples, naturels ou de récupération.
Jouer et déjouer
Le duo prend l’habitude de jouer et de se jouer des codes, en invitant le public à toucher, manipuler, parfois à interagir avec l’œuvre. Les techniques utilisées sont variées, ludiques. Le duo utilise tout à la fois la couture, le dessin, le pliage, en mêlant la performance à des installations et des productions d’œuvres in situ. « Le jeu, dans ses multiples dimensions – aussi esthétique, sensorielle et sociale que langagière –, ouvre les œuvres à plusieurs niveaux de lecture et en dynamise la réception. Il se présente comme une main tendue aux visiteurs et visiteuses pour qu’ils s’approprient les œuvres », notait la rétrospective qui a été consacrée à Cozic au MNBAQ,
Photo: MNBAQ Idra Labrie
Vue de l’exposition «COZIC, à vous de jouer. De 1967 à aujourd’hui», présentée au MNBAQ de l’automne 2019 à début 2020
En plus de cinquante ans de carrière, le duo Cozic a participé à plus de 300 expositions, individuelles et collectives.
Il laisse une trentaine d’œuvres publiques, présentes dans des musées et les espaces urbains, tant au Québec qu’à l’international.
Plusieurs prix ont souligné le travail de Cozic. En 2015, le prix Paul-Émile Borduas de l’État du Québec soulignait sa valeur. Le jury observait que « les Cozic ornant les immeubles et espaces ouverts emportent l’adhésion immédiate du néophyte autant que du critique ». Il signalait notamment le cas de l’espace Harmonia, à l’entrée de l’école Harmony de Châteauguay : « dans le hall aux brillantes couleurs primaires, une vaste main offre sa protection aux enfants à la façon des khamsas, ces “mains de Dieu” placées sur le seuil des demeures des pieux musulmans ». Le jury notait aussi Espace d’un instant, des vitraux installés dans l’école l’Envolée de Granby, de même qu’Au cœur de la pierre, une œuvre installée à l’école secondaire de Saint-Rémi.
En 2012, le duo s’était vu décerner, des mains du ministre de la Culture du Québec, la bourse de carrière Jean-Paul-Riopelle du CALQ.
Yvon Cozic était un des membres de l’Académie québécoise de Pataphysique, la science loufoque des solutions imaginaires créée par Alfred Jarry. Il était par ailleurs membre de la sérieuse Académie royale des arts du Canada.