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L’Alberta aurait-elle trouvé la solution à la crise des surdoses?

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Après un nombre record de 1873 morts par surdose en Alberta en 2023, les autorités se targuent d’une réduction de 39 % des décès en 2024. Pour le gouvernement, c'est le signe que son modèle axé sur le rétablissement – qu’il cherche à exporter partout au pays – fonctionne. Pour des intervenants en santé, il s'agit plutôt d'une baisse circonstancielle qui ne reflète pas l’ampleur des défis sur le terrain. Incursion au cœur du modèle albertain.

À l’intérieur du centre de rétablissement de Lakeview, qui a ouvert ses portes en juillet dernier, la Dre Lyndsay Hague ne tarit pas d'éloges sur le programme mis en place par son équipe ces derniers mois.

L’ancien village de vétérans, situé à une heure de route à l’ouest d’Edmonton, accueille maintenant jusqu’à 75 participants venus se faire traiter pour des problèmes de dépendances, que ce soit à l’alcool, à l'héroïne ou aux opioïdes.

Les communautés thérapeutiques sont en activité depuis plus de 50 ans à travers le monde, explique la directrice. Le modèle est très efficace et donne des résultats étonnants pour les résidents qui suivent le traitement. C'est la raison pour laquelle je suis si passionnée par ce modèle, car on voit chaque jour des personnes changer de vie.

Une femme prend la pose devant un bureau.

La Dre Lyndsay Hague est venue du Royaume-Uni pour fonder le centre de traitement des dépendances de Lakeview à une heure d'Edmonton, qui doit devenir un modèle pour la province.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

Une version audio du reportage de Francis Plourde est diffusée dimanche à Tout Terrain, sur ICI PREMIÈRE.

Ici, les participants vivent isolés du reste du monde, mais se partagent les responsabilités et apprennent des compétences qui les aideront une fois de retour en société, sous la supervision d'une équipe de thérapeutes, explique Max, responsable de la visite.

Les patients, arrivés ces derniers mois et dont plusieurs ont découvert le centre de Lakeview en prison, affichent leur fierté face aux progrès accomplis depuis leur arrivée.

Parmi eux, Chris, 33 ans, aux prises avec des problèmes de consommation depuis 17 ans. Le jeune homme, originaire du Nouveau-Brunswick, s'est retrouvé au centre après être devenu accro au fentanyl et sans-abri dans les rues d'Edmonton.

Chris et Lyndsay discutent assis dans un salon.

Chris, un des premiers patients au centre de Lakeview, mesure le chemin parcouru auprès de la directrice Lyndsay Hague.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

En prison, mon agent correctionnel m’a parlé de cet endroit, raconte-t-il. Je n’en savais pas beaucoup, mais c’était quelque chose de nouveau et de différent comparativement à ce que j’avais essayé avant.

Après une cure de désintoxication de 10 jours, il a intégré Lakeview, où il a accès à une chambre individuelle, à des repas et à de l’aide pour se rétablir de sa dépendance.

Au cours des derniers mois, il a rebâti des ponts avec sa famille dans les Maritimes et songe à y retourner, une fois son séjour terminé, pour devenir thérapeute auprès de toxicomanes.

La Dre Hague, arrivée du Royaume-Uni il y a deux ans, vante les efforts du gouvernement albertain pour s’attaquer à la crise.

Ce qui m'a convaincue de venir ici, c'est que toutes les personnes qui vivent actuellement en Alberta et qui ont besoin d'un traitement contre la toxicomanie peuvent accéder gratuitement à des soins de santé d'excellente qualité pour se rétablir de la toxicomanie. Je pense que ce que fait le gouvernement albertain est fantastique.

Le centre de Lakeview est l’un des 11 que le gouvernement compte ouvrir au cours des prochaines années. C’est la pierre angulaire du modèle albertain de traitement contre les dépendances. À terme, la province veut être en mesure d'offrir 10 000 places par année pour traiter les Albertains aux prises avec des problèmes de dépendance.

Le modèle albertain, c'est une réponse à la politique publique sur les dépendances à travers le Canada des 30 dernières années, explique – en français – le ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Dan Williams.

Dan Williams prend la pose dans une salle de réunion.

Le ministre albertain de la Santé mentale et des Dépendances, Dan Williams, croit que la crise des surdoses est un enjeu de dépendance et non de drogues toxiques.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

À la base de son approche se trouve l’idée que la crise des surdoses, qui a fait plus de 50 000 morts au pays depuis 2016, est un enjeu de dépendance.

Selon lui, les autres provinces, comme la Colombie-Britannique, font fausse route en misant sur les programmes de réduction des méfaits, par exemple en autorisant l’approvisionnement sécuritaire en substituts au fentanyl ou en ouvrant des centres d’injection supervisée.

Si c’est seulement un programme politique qui va accélérer et faciliter la dépendance, ce n'est pas vraiment un programme de soins, ça devient la production de méfaits. Je suis d’accord avec les programmes de seringues, mais je ne pense pas que les centres d’injection supervisée à tous les coins de rue vont régler la question de la crise de la dépendance publique.

C’est pourquoi il mise sur la prévention et la création de centres de rétablissement comme celui de Lakeview pour s’attaquer à la crise. Dans cette optique, le gouvernement a créé, l’année dernière, l’agence Recovery Alberta, dotée d’un budget de plus d’un milliard de dollars par année, pour centraliser les efforts.

Ça a déjà montré une réduction de 39 % avec les morts par opioïdes, estime-t-il. Ça, c’est une métrique que j'aime parce que ce sont des vies sauvées parce que notre modèle fonctionne.

Un traitement de compassion?

À la fin mars, le gouvernement a aussi annoncé une nouvelle étape dans ses efforts pour enrayer la crise des surdoses, en déposant le projet de loi 53 pour forcer le traitement involontaire.

Si elle est adoptée, la Loi sur l'intervention compassionnelle (Compassionate Intervention Act) permettra à un membre de la famille, un tuteur, un professionnel de la santé ou un policier de demander une ordonnance de traitement pour une personne aux prises avec une dépendance grave et qui représente un danger pour elle-même ou pour autrui.

À la gauche, le ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Dan Williams, et à la droite, la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith.

La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, estime que ce programme aidera à garder les communautés plus sécuritaires. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

Devant les critiques, le ministre Dan Williams défend l’approche de son gouvernement.

Le choix, ce n’est pas entre le traitement volontaire et le traitement involontaire, dit-il, mais en continuant à consommer, c’est s’exposer à une surdose mortelle. C’est ça le choix. Et comme Canadiens et Albertains, il faut que nous intervenions pour les aider à ne pas se tuer avec cette crise de dépendance.

Un modèle qui ne convainc pas sur le terrain

Dans le milieu médical, plusieurs affichent leur scepticisme face à ce modèle déployé en deux temps et face aux données mises de l’avant par le gouvernement albertain.

On célèbre, par exemple, le fait qu’il y ait un taux moins élevé en 2024 de décès aux empoisonnements ici, en Alberta, mais on a observé les mêmes données partout en Amérique du Nord, tempère la Dre Ginetta Salvalaggio, qui se spécialise dans les soins aux populations urbaines défavorisées. Il y a quelque chose d'autre qui se passe, une stabilisation probablement temporaire, qui n’est pas liée au modèle albertain.

La Dre Ginetta Salvalaggio dans une rue d'Edmonton.

La Dre Ginetta Salvalaggio se spécialise dans les soins aux populations urbaines défavorisées.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

Rencontrée au centre-ville, l’épicentre de la crise à Edmonton, la Dre Salvalaggio déplore le manque de transparence du gouvernement dans le partage de ses données et affiche son impatience, elle qui a accompagné plusieurs patients dans un système difficile à naviguer.

Il y a des gens qui veulent se soigner, mais il y a tout un tas d'obstacles sociaux et surtout politiques, raconte-t-elle, citant au passage l’enjeu du manque de logements, qui la force à faire des pieds et des mains pour tenter d’aider des patients en situation d’itinérance, qui ne sont pas en mesure d’avoir un toit sous leur tête.

Ce n'est pas que je suis anti-traitement. Je prescris de la méthadone, je prescris la suboxone et j'aimerais bien que tout le monde ait accès aux soins volontaires, mais il faut des services sociaux là-dedans, il faut [soigner] la santé mentale, et ça manque.

Affiche du parc Mary Burlie avec une gloriette et des gens qui s'y abritent en arrière-plan.

Le parc Mary Burlie, à Edmonton, est le lieu de rassemblement de sans-abris qui viennent s'y abriter.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

Sur le terrain, le discours du gouvernement autour du traitement involontaire et les efforts de la Ville d’Edmonton pour mettre fin aux campements de sans-abris ont aussi mené à une méfiance supplémentaire qui complique le travail des intervenants.

Ce que nous voyons actuellement, c'est que les gens sont très déconnectés du système, explique la travailleuse de rue Shanell Twan. Avec toutes ces discussions sur la guérison et le traitement involontaire, la confiance des gens et leur capacité à vouloir se connecter aux systèmes ont considérablement diminué.

Shanell Twan dans la rue.

Shanell Twan est travailleuse sociale dans les rues d'Edmonton.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

La confiance au cœur du rétablissement

Pour la militante Angie Staines et son fils, Brandon, le projet de loi pourrait avoir l’effet contraire de celui qui est recherché. L’infirmière de profession a été profondément marquée par son expérience avec son fils, aux prises avec un problème de dépendance.

Alors qu’il était adolescent, elle a fait appel aux autorités pour le forcer à subir une cure de désintoxication.

Je me souviens, ils ont ouvert la porte arrière de la voiture et il y avait mon enfant menotté qui pleurait. Il avait l'air d'avoir été malmené, raconte Angie. Et tout ce qu'il m'a dit, c'est : "Maman, je suis désolé". À ce moment-là, je me suis demandé ce que j'avais fait. Je voulais juste de l'aide. Je ne voulais pas voir mon enfant traité comme un criminel et menotté dans une voiture de police.

Brandon et sa mère dans un café.

Brandon, qui a vécu avec de graves problèmes de dépendance, et sa mère, Angie, s'inquiètent du projet du gouvernement d'imposer le traitement à des toxicomanes.

Photo : Radio-Canada / Francis Plourde

L’incident a créé un froid entre la mère et son fils, qui s’est retrouvé dans les rues de Vancouver et de Victoria aux prises avec une dépendance au fentanyl.

À son retour à Edmonton, le voyant frêle et malade, elle s’est battue pour qu'il puisse aller en désintoxication. Mais avec des délais de 6 à 9 mois, elle a dû l'appuyer seule dans ce processus. Je lui ai dit : "Veux-tu essayer?" Je serai à tes côtés. Si tu consommes des drogues, tu dois le faire de façon sécuritaire, raconte-t-elle, expliquant qu'ils se devaient tous deux de trouver une approche qui fonctionne pour Brandon. Il n'y a pas de solution unique, mais nous devons commencer par écouter les gens.

Aujourd’hui mère et fils ont fondé 4B Harm Reduction Society, une organisation qui lutte contre la crise en faisant de la sensibilisation et en militant pour la réduction des méfaits et la nécessité d'un approvisionnement sûr. Les deux ne voient pas d’un bon œil la stratégie du gouvernement pour concentrer les efforts seulement sur les centres de rétablissement et le traitement involontaire.

Je ne peux pas vous dire combien de fois j'ai fait des allers-retours d'un centre à la rue. J'ai passé un an dans un centre de traitement. Pendant que j'étais là, j'allais bien, je faisais ce qu'il fallait. Mais une fois sorti, je n'avais pas de soutien. Honnêtement, on ne peut pas penser que ça va marcher pour tout le monde, ce n'est pas réaliste et ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.

Angie et Brandon insistent sur le fait qu’ils ne sont pas contre les centres de rétablissement développés par le gouvernement albertain, mais il faut, selon eux, un éventail de programmes et davantage de soutien.

Au bout du compte, Brendon a été chanceux, car il avait une mère qui était là pour lui, croit Angie. Mais tous les gens dans la rue n’ont pas une mère ou un proche qui sont là pour eux.

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