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L’affaire Rocco Siffredi et la responsabilité du X dans les violences sexistes

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À la manifestation à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2019, Paris. l Photo: jmen/Flickr (CC BY 2.0) porn voxeurop demonstration

Dans une série de reportages, l'émission télévisée italienne Le Iene (“Les Hyènes”) accuse l’ancien acteur porno, producteur et réalisateur Rocco Siffredi d’abus et de violences sur certaines actrices ayant travaillé avec lui. Siffredi, 61 ans, a nié les accusations. Dans une lettre adressée au média people Dagospia, il remet en question la déontologie de l’émission, la méthodologie de l’enquête et les témoignages des personnes impliquées.

Les accusations portées contre Siffredi, écrit Marina Nasi sur Valigia Blu, “ont relancé un débat nécessaire et souvent occulté : celui concernant le consentement et les limites de l’autodétermination dans le contexte du travail du sexe [et portant également sur] la représentation croissante de la violence dans la pornographie contemporaine. Parler d'abus physiques, psychologiques et sexuels dans un milieu professionnel tel que celui de la pornographie fait en effet ressortir de profondes contradictions et des situations dans lesquelles le consentement est considéré comme acquis, implicite, voire forcé. À cela s'ajoute une difficulté objective à porter plainte : il n'existe pas de protections juridiques spécifiques et les personnes travaillant dans l'industrie du porno sont encore aujourd'hui victimes d'une forte stigmatisation".

Sarah Rost, sur Voxeurop, a rendu compte de deux procès importants en France qui voient plus de 40 femmes se constituer partie civile et 16 hommes (producteurs et acteurs) être poursuivis pour viol aggravé, complicité de viol, exploitation aggravée de la prostitution, traite d'êtres humains à des fins de viol et diffusion d'images contenant des violences sexuelles.

Le modus operandi décrit dans les deux procès français fait écho aux accusations qui visent Siffredi. Nasi écrit : “Il y a toujours une jeune actrice débutante face à Siffredi, qui est à la fois acteur, réalisateur, producteur et ‘star du porno’ célèbre et puissant, ainsi qu'un homme beaucoup plus âgé, populaire et célébré même en dehors de son milieu ; il y a toujours la demande d'au moins un acte sexuel spécifique auquel la performeuse en question n’a pas donné son consentement (avant ou pendant l'acte) ; il y a toujours un moment où la femme cède et se résigne à subir ce qu'elle a tenté à plusieurs reprises de refuser. Dans certains cas, on rapporte des marques de violence physique sur le corps des jeunes filles. La défense de Siffredi, toujours au micro de l'émission, va de 'Dans le porno, le consentement ne fonctionne pas, du point de vue scénique et de ce que les gens veulent voir' à 'Peut-être que dans certaines scènes, j'aurais pu m'arrêter plus tôt, [couper la séquence] plus tôt ou essayer d’en faire moins', en passant par 'Aujourd'hui, si une femme veut te détruire, elle n'a qu'à inventer tout ce qu'elle veut'”.

Dans Domani, Elisabetta Moro explique que “l'enquête fait l'objet de nombreuses discussions car elle touche à la question du consentement sexuel, mais aussi à celle du harcèlement au travail, en plus de se situer dans un secteur professionnel peu réglementé en Italie”.


“Quand vous regardez le film Gorge profonde, vous me regardez me faire violer” – Linda “Lovelace” Marchiano


N'importe quelle actrice peut être victime de harcèlement et de pressions de la part d’un grand producteur, [tout comme] une secrétaire dont l'employeur abuse de son pouvoir. La différence, c'est que dans le X, on part du principe que si tu es là, tu dois tout accepter parce que tu l'as cherché”, explique Sofia Bellucci, actrice X professionnelle, à Domani.

Le problème survient lorsque des prestations non convenues sont demandées ou lorsque, peut-être en raison d'un malaise physique ou psychologique, l'acteur retire son consentement à une certaine prestation. 'Vous pouvez dire non, mais vous ne savez pas si vous serez payé, si l'on dira du mal de vous ou si l'on vous demandera des dommages et intérêts”, ajoute Bellucci. “Le niveau d'attention accordé au consentement dépend du mode de fonctionnement des différentes productions, et aussi du pays dans lequel on se trouve”. Selon l’actrice, “pour se protéger, les artistes n'ont d'autre choix que de se fier au bouche-à-oreille sur les productions ou les acteurs fiables, ou de travailler de manière indépendante via des plateformes en ligne”.

En effet, la législation sur la pornographie est très variable et fragmentée dans les pays européens. Et, comme l'expliquait Rost sur Voxeurop, elle ne se concentre en aucun cas sur celles et ceux qui travaillent, mais sur la protection des personnes qui consomment de la pornographie.

La protection ne devrait pourtant pas se concentrer sur les obstacles à l'accès au contenu, mais sur la structure de ce dernier : dans le Guardian, Lucy Knight rapporte une déclaration de Caroline Dariant, la fille de Gisèle Pelicot, qui estime que sa mère n'aurait pas subi plus de 200 viols si le X n’avait pas existé. Ce n’est bien sûr pas la pornographie en tant que telle qui est remise en question, mais l’industrie qui véhicule la domination, la violence et la soumission.


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Dans son analyse, Nasi cite une étude publiée dans le British Journal of Criminology, qui explique que “lors de la première visite des sites pornographiques les plus populaires, un titre sur huit parmi ceux affichés sur la page d'accueil décrit une activité sexuelle qui constitue une violence. L'augmentation et la normalisation de pratiques humiliantes, brutales et potentiellement dangereuses pour les actrices elles-mêmes forment une esthétique de la violence qui, de surcroît, semble façonner non seulement la consommation pornographique, mais aussi les attentes et les comportements sexuels dans la vie réelle”.

Nasi cite l'utilisation fréquente du verbe “briser” (“break”, en anglais) autant dans les récits de celles et ceux qui ont subi ou été témoins d'abus sur les plateaux, que dans les retours des personnes revendiquant de faire du X selon certaines modalités spécifiques. L'historienne Christelle Taraud, dans la préface d'un livre publié à la suite de l'ouverture des deux procès en France, parle de “capitalisme sexuel prédateur” et de “porno de boucherie”.

Les cas similaires à ceux relatés sont nombreux : les actrices Leigh Raven et Riley Nixon ont déjà partagé leur vécu en 2018, tandis que les acteurs Ron Jeremy et James Deen ont également été accusés de violences et d'abus sur les plateaux.

Un cas célèbre est celui de Linda “Lovelace” Marchiano, connue pour le film Gorge profonde (Deep Throat, 1972), dont le succès a largement dépassé le cadre d'un “film de niche”. Quelques années après la sortie du film, Marchiano avait fait une déclaration malheureusement trop souvent oubliée : “Quand vous regardez le film Gorge profonde, vous me regardez me faire violer”.

Le Monde racontait en 2022 (à l'occasion du cinquantenaire du film) les violences que Linda Marchiano a subies de la part de son mari et le contrôle qu'il a exercé sur elle à un moment de sa vie marqué par une grande précarité.

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L'affaire Siffredi [...] n'est que le symptôme visible d'une structure beaucoup plus vaste et solidement ancrée. Elle a trait au consentement, à la représentation de la sexualité, au manque de protection des personnes travaillant dans le X, à l'absence de lois spécifiques pour les cas de violence touchant un secteur particulier et particulièrement exposé comme le travail du sexe. Et elle nous rappelle surtout notre responsabilité – en tant que spectateurs, citoyens, consommateurs – de ne pas fermer les yeux devant la violence, même lorsqu'elle est présentée comme du divertissement", conclut Nasi.

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