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“Nous devons remplir les yeux et les oreilles de chacun d'entre nous avec des choses qui sont le début d'un grand rêve”, lançait Domenico, personnage de Nostalghia (1983) du réalisateur soviétique Andreï Tarkovski dans un monologue déchirant sur la solidarité et la nostalgie. “Quelqu'un doit crier que nous construirons les pyramides. Peu importe si nous ne le faisons pas. Nous devons alimenter ce désir et étirer les limites de notre âme comme une toile infinie. Si vous voulez que le monde avance, nous devons nous donner la main.”
Je pense que ce cri du cœur répond parfaitement à la question : quel est le rapport entre la défense du climat et l’action pour la paix dans le monde ?
En juin 2025, le navire humanitaire Madleen a pris la mer pour tenter de défier le blocus naval imposé par Israël sur la bande de Gaza et livrer une aide humanitaire symbolique à sa population. Le voilier, envoyé dans le cadre de la Flottille de la liberté pour Gaza – une campagne organisée par le mouvement populaire Coalition de la Flottille de Liberté – a quitté Catane (Italie) le 1er juin, avec à son bord des provisions telles que du lait en poudre, de la farine, des couches, des trousses médicales et des prothèses pour enfants.
Parmi les passagers se trouvaient la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg, 22 ans, et la députée européenne franco-palestinienne Rima Hassan (GUE/NGL, gauche). Cette mission faisait suite à une tentative avortée le 2 mai, lorsque le navire Conscience avait été atteint par des projectiles tirés par des drones dans les eaux internationales au large des côtes maltaises. Le 8 juin, les forces israéliennes ont intercepté et arraisonné le Madleen, l'empêchant d'atteindre Gaza.
"Il se trouve que j'ai une tribune, et il est donc de mon devoir moral de l'utiliser” a répondu Greta Thunberg, interrogée sur les risques auxquels elle s’exposait. “Et si ma présence sur ce bateau peut faire une différence, si cela peut montrer d'une manière ou d'une autre que le monde n'a pas oublié la Palestine, et essayer une fois de plus de briser le siège, d'ouvrir un couloir humanitaire et d'acheminer l'aide dont le besoin se fait cruellement sentir, alors c'est un risque que je suis prête à prendre."
Thunberg n'en est pas à son coup d'essai en matière de campagne croisant droits environnementaux et droits humains, en particulier lorsqu'il est question de décolonisation.
“Quelle que soit la cause de la souffrance, qu'il s'agisse du carbone, des bombes, de la répression étatique ou d'autres formes de violence, nous devons nous opposer à cette source de souffrance”, a-t-elle ajouté. “Et si nous prétendons nous soucier de l'environnement, si nous prétendons nous soucier du climat et de l'avenir de nos enfants, sans voir, reconnaître et combattre la souffrance de toutes les personnes marginalisées aujourd'hui, alors [nous avons] une approche extrêmement raciste de la justice qui exclut la majorité de la population mondiale.”
Elle savait qu'elle avait peu de chances d'atteindre Gaza. Pourtant, elle a crié qu'elle le ferait.
En Suède, la journaliste Emma Bouvin souligne dans un article publié dans Dagens Nyheter l’importance de cette action non seulement pour les personnes qui observent la situation de l'extérieur, mais aussi pour Israël. “Les médias israéliens ne suivent pas toujours le même schéma que les médias internationaux”, précise-t-elle. “La hiérarchie de l’information est souvent différente, en particulier lorsqu'il s'agit de nouvelles concernant Gaza. Les souffrances et la famine dans l'enclave assiégée n'ont pas fait la une des journaux. Mais lundi [9 juin] matin, la situation est la même en Israël que dans le reste du monde : Greta Thunberg et la Freedom Flotilla font la une des sites web et des journaux télévisés.”
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Alexandre-Reza Kokabi a interviewé Thunberg et Hassan pour Reporterre juste avant leur arrestation : “C’est vrai que nos parcours militants sont assez différents, mais ni elle ni moi ne portons nos luttes de manière cloisonnée”, lui a déclaré Hassan. Pour l’élue de La France Insoumise, Greta Thunberg “aborde la question climatique dans sa dimension globale, et cette vision globale inclut aussi les luttes décoloniales. Parce qu’un projet colonial, c’est aussi un projet de destruction de la terre, du lien entre les peuples et leur environnement. C’est ce qui est arrivé – et continue d’arriver – au peuple palestinien. À Gaza, la notion d’écocide est aujourd’hui largement documentée. L’ONU a rappelé qu’il ne reste que 5 % de terres cultivables, à cause des destructions causées par le régime israélien. Et de mon côté, les droits humains ne peuvent pas être dissociés des luttes écologistes ou de la dénonciation d’un capitalisme néolibéral qui repose sur une exploitation infinie des humains comme des ressources.”
Peut-on encore rêver d'un avenir vert et juste ? Dans le journal danois Information, William Sass écrit : “Aujourd'hui, plusieurs chercheurs et mouvements climatiques considèrent les utopies ou la pensée utopique comme un outil pouvant contribuer à la mise en place d'actions concrètes, d'une part en rompant avec les habitudes et en critiquant la situation actuelle, et d'autre part en définissant un idéal à atteindre.”
D'ailleurs, ceux qui élèvent la voix sont parfois entendus. Indigo Rumbelow est la cofondatrice de la campagne britannique Just Stop Oil. Elle purge une peine à la prison de HMP Styal, au Royaume-Uni, pour résistance non violente. “Pourquoi une peine aussi sévère ? Parce que protester fonctionne”, explique-t-elle dans un article d’opinion publié dans le Guardian : “La crise climatique n'est pas uniquement notre cause à nous ; c'est une question de vie ou de mort pour tout le monde. Nous avons décidé de perturber le trafic aérien à l'aéroport de Manchester parce que l'histoire montre que la résistance peut être un catalyseur de changement, et que la science montre que nous devons changer dès maintenant notre mode de vie destructeur pour éviter une catastrophe. Lorsque nous avons été arrêtés sur le chemin de l'aéroport, nous avions dans nos poches une banderole sur laquelle était écrit ‘Le pétrole tue’. Lorsque nous avons été condamnés par le tribunal, nous avons tous brandi des pancartes sur lesquelles était écrit ‘Des milliards de personnes vont mourir’. La science est claire et le juge a raison : je considère que les faits sont si alarmants, si frappants, si bouleversants qu’il est justifié de perturber la vie quotidienne. Et j'ai passé chaque jour en détention à me demander pourquoi d'autres personnes disposant des mêmes connaissances que les miennes ne se sentaient pas obligées d'agir comme moi.”
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