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Outre deux ponts détruits par des explosifs, attentats qui ont causé la morts de civils innocents, les Ukrainiens ont attaqué plusieurs bases aériennes russes situées dans la profondeur.

Sans aller jusqu’à dire, comme certains médias occidentaux l’affirment, qu’il s’agit d’un véritable Pearl Harbor russe ayant causé la destruction de 40 bombardiers stratégiques, reconnaissons que cette opération montée de longue date par le SBU et l’Otan a été d’une remarquable efficacité.

Visiblement, l’effet de surprise a été total et les dégâts très importants sur quatre bases aériennes, où étaient stationnés des bombardiers à long rayon d’action TU-95 et TU-22.

Évidemment, le bilan de 40 bombardiers touchés qu’annonce Kiev est certainement une fable, mais il est clair que le coup est dur pour Moscou. C’est la preuve que ni l’Arctique russe, ni la Sibérie ne sont dorénavant des sanctuaires à l’abri des frappes ukrainiennes.

Car ce qui interpelle, c’est la profondeur de l’attaque, qui a touché une base près de Mourmansk, à 2 000 km de l’Ukraine et une autre en Sibérie près d’Irkoutsk, à 4 200 km !

https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/lukraine-revendique-une-serie-dattaques-spectaculaires-en-russie-1a95dbb8-3ee5-11f0-9838-46aa9b466e5f

Les cibles étaient les bases aériennes de Diaguilevo, Olenia, Ivanovo et Belaïa.

Les drones auraient été lancés depuis des camions de transport stationnés à proximité des bases, ce qui expliquerait l’effet de surprise et la défaillance des défenses antiaériennes.

Mais ce qui semble incontestable, c’est l’absence d’abris de protection pour les avions. En temps de guerre c’est jouer avec le feu.

On sait que les hangars coûtent cher, mais la perte d’un appareil est irréparable.

Enfin, on peut se demander comment une telle opération, qui a nécessité des mois de préparation, a pu se dérouler au nez et à la barbe des services de renseignements russes, aussi bien en Ukraine qu’à l’intérieur de la Russie. Car acheminer des camions et des drones jusqu’en Sibérie, ce n’est pas la porte à côté…

Le moins qu’on puisse dire est que le SVR, le FSB et le GRU manquent de curiosité ! On me dira que la critique est facile. Certes, mais comment une opération qui demande des mois de préparation a-t-elle pu passer inaperçue des professionnels du renseignement, censés avoir infiltré

À la veille d’une rencontre entre Russes et Ukrainiens à Istanbul, voilà qui devrait faire monter la tension entre les délégations.

Il n’y a plus qu’à attendre le communiqué officiel de Moscou et la réaction de Poutine à l’égard de l’Ukraine, de ses services de renseignement et du commandement de son armée de l’Air. Car il y a eu des défaillances à tous les niveaux.

Cela dit, Poutine a sa part de responsabilité.

Car si cette guerre s’éternise c’est parce qu’il n’a jamais voulu frapper les centres décisionnels ukrainiens, laissant franchir toutes les lignes rouges sans réagir. En 2022, l’Otan osait à peine livrer des gilets pare-balles à Kiev, craignant une escalade. Trois ans plus tard, enhardis par l’inaction coupable du Tsar, les Occidentaux livrent avions et missiles en masse…

Tout cela peut mener au pire. Car pour les têtes brûlées européennes, la sagesse et la prudence de Poutine ne sont que faiblesse, donc un encouragement à l’escalade.

Jacques Guillemain