Comme en Roumanie quelques semaines plutôt, la présidentielle polonaise a opposé le candidat des villes au candidat des champs. Mais c’est le second qui a gagné, contrairement au pays des Balkans. D’une courte tête, avec 50,9 % des suffrages exprimés.

Karol Nawrocki est un néophyte en politique. Après avoir dirigé le musée de la Seconde Guerre mondiale de Gdańsk de 2017 à 2021, il a été élu par le parlement à la tête de l'Institut de la mémoire nationale. Il n'a été soutenu par le parti Droit et Justice (PiS) qu'à partir de novembre 2024, pour prendre la relève d’Andrzej Duda, lui-même peu connu avant son élection en 2015.

Scandales

Les scandales ont émaillé la campagne du nationaliste, mais cela n’a pas refroidi ses électeurs. Le site d’enquête journalistique Onet a mis en avant son implication supposée dans un trafic de prostitution. En 2009, ce boxeur amateur père de trois enfants a pris part à une rixe entre footballeurs de clubs rivaux. Ce qu’il assume parfaitement : il s’agissait d’un « combat noble et viril », selon ses mots.

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Né à Gdansk, issu d’un milieu modeste, l’historien de 42 ans a Donald Trump pour modèle – pour changer – et s’est fait élire grâce à un slogan des plus originaux : « La Pologne d’abord, les Polonais d’abord ». Ses autres angles d’attaque ? Le million d’Ukrainiens réfugiés dans le pays, et les aides qui leur sont versées. Il s’engage toutefois à maintenir le soutien de la Pologne à l’Ukraine, mais s’oppose à l’adhésion de son voisin à l’Otan.

Mais le punching ball préféré de ce nouveau chef d’État est l'Union européenne. La Pologne doit « réveiller » une Europe en crise, a-t-il déclaré mardi 27 mai. Il critique à gogo la centralisation des décisions à Bruxelles et fustige le couple franco-allemand. Seule consolation pour le chef de gouvernement Donald Tusk, c’est lui qui continuera de se rendre au Conseil européen.

Révisionniste

Son travail historique sur la Seconde guerre mondiale sert le récit révisionniste du camp nationaliste, qui attribue l'exclusivité des massacres de juifs aux Allemands, en gommant la collaboration et l'antisémitisme d'une grande partie de la population polonaise. En 2022, le PiS avait adressé une demande officielle de réparations à hauteur de 1 300 milliards d’euros à Berlin.

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Bruxelles s’inquiète également de sa ligne sur l’immigration et sur la justice. Donald Tusk, l’actuel chef libéral du gouvernement, voulait rétablir l’indépendance de la justice, une requête souvent formulée par les partenaires européens. Mais cette politique est entravée par le pouvoir de veto du nouveau président, que son prédécesseur déjà, dégainait systématiquement.

Le gouvernement actuel souhaitait aussi pousser un agenda progressiste, freiné par Andrzej Duda. Karol Nawrocki ne devrait pas être plus tendre, ce qui pourrait renvoyer aux calendes grecques la légalisation de l'avortement et du mariage homosexuel.

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Karol Nawrocki préfère les États-Unis trumpistes. Il a promis de devenir « le leader européen des relations transatlantiques ». L’historien, plus conservateur que le PiS, signe le retour des turbulences avec l’UE.