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Un 28e album studio pour Julien Clerc, une tournée d’ores et déjà à l’horizon pour ses 80 ans (qu’il aura officiellement en 2027), ainsi va une vie d’artiste qui continue. Une vie. C’est le titre tout simple de ce disque, ce résumé, cette suite attendue. Par le chanteur au moins autant que les gens qui l’aiment. « Il était plus que temps ! » souligne le premier intéressé, qui piaffe de son côté de la grande mare par le truchement du bon vieux téléphone. Mazette, quatre ans ! Ça résonne jusqu’à nos rives. Le plus long hiatus de Julien Clerc loin des studios depuis l’exception 1992-1997. La pandémie aura retardé tout, il faut remonter à 2021 et à Les jours heureux pour retrouver ses précédents enregistrements.
« Je suis si bien dans ce lieu, le studio d’enregistrement. J’ai retrouvé cette joie pour Une vie. J’y ai retrouvé mes repères. Arriver très tôt, partir très tard, vivre tout le déroulement avec les musiciens, les techniciens, avec Benjamin Biolay que j’ai retrouvé pour tout arranger. C’est un lieu de grande écoute. » Un lieu, comprend-on, où l’on va jusqu’au bout de l’aventure de la création. « Moi, je n’ai jamais aimé cette idée d’avoir un studio à la maison. Ça ne m’intéressait pas. D’abord parce que je préfère composer comme j’ai toujours fait, dans la maison si possible, à mon piano, avec tout ce qui se passe autour, la famille, la vie. Et puis j’aime quand arrive le moment d’aller en studio. Faire la démarche. Sortir de chez moi, vivre ce travail d’équipe et puis, quand c’est fini, rentrer chez moi. Tout ce processus. »
Le métier d’avant et de maintenant
À la fin des années 1960, ça allait de soi. Les studios parisiens pouvaient accueillir de grands orchestres, on ne s’en privait pas. Les décennies suivantes privilégièrent les lieux feutrés, intimes, écrins de velours. Et puis ce luxe devint prohibitif, et les avancées de la technologie permirent aux artistes de s’installer dans un petit n’importe où. Un autre monde. « Notre métier a beaucoup changé, à cet égard. Pour un arrangeur, par exemple. Il devient de plus en plus difficile de trouver un arrangeur à l’ancienne. Là, Biolay, lui, est encore entre les deux. Il peut faire un disque chez lui dans sa chambre, mais il sait encore faire un disque en studio. Il sait encore écrire des arrangements pour un orchestre. J’ai de la chance. »
Pur piano, claviers des années 1980, guitares de toutes époques, l’album ne sonne ni ancien ni récent. Les pizzicatos qui ouvrent En serais-je moins fou de toi ? distinguent d’emblée la grande chanson d’amour que Serge Lama a proposée à Julien Clerc : première collaboration à vie, c’est dingue après leurs vies d’artiste en parallèle ! Les synthés donnent un tout autre ton à Duke, amusante chanson qui narre une vie de chien qui aime sa maîtresse au point de rendre tous les prétendants jaloux. À chaque chanson un monde à la Biolay, sur la planète Clerc.
Paroles pudiques
Vaste univers ! Que ce soit les fournisseurs familiers des dernières décennies qui sont de retour, les David McNeil, Didier Barbelivien, Carla Bruni ou Biolay (qui ont succédé aux célébrés d’antan Roda-Gil, Dabadie et Plamondon), qu’il s’agisse des étonnantes contributions inattendues d’un Paul Ecole, d’un Gaétan Roussel ou d’un Serge Lama, c’est bien Julien qui dirige, qui exige. De manière notable, les chansons les plus poignantes a priori ne sont pas nécessairement tristes au final. Ça, c’est lui. « Pour Saint-Nazaire, qui évoque mon frère mort dans un accident d’avion, je ne voulais pas une chanson qui s’appesantisse dans le malheur parce que ça ne lui ressemblait pas. »
Même chose pour Les parvis, une chanson qui met en scène, lors des funérailles d’une jeune enseignante assassinée, le moment où son compagnon danse en son honneur : « J’ai parlé à cet homme, qui m’a raconté que son initiative était en souvenir des cours de danse qu’ils suivaient ensemble. C’est ce souvenir d’une joie commune que j’ai voulu mettre à l’avant dans cette chanson. » Il y a un fond de tristesse, mais la beauté l’emporte. « C’est ça. Et la musique permet de danser aussi. » Belle âme, pudeur du sentiment chez Julien Clerc.
Au temps des copains frisés
Et perméabilité de la joie, depuis toujours. L’entrevue tourne à la rigolade quand on se met à parler du Québec et de Robert Charlebois. Dans un livre récemment déniché dans une vente-débarras, Mes rencontres avec les grandes vedettes, écrit en 1970 par le journaliste Marcel Brouillard, un jeune Julien, alors auréolé de son succès dans la comédie musicale Hair, raconte la première fois qu’il vit Charlebois-Forestier sur scène, en première partie d’Antoine et de… Georgette Plana. Bide historique s’il en est. Le Julien d’aujourd’hui s’esclaffe. « Moi, j’y étais pour Robert, on commençait à le découvrir entre nous, mais le public était outré, à un point inimaginable. C’était le vieux music-hall qui vivait ses dernières heures. »
Le filon est rouvert. « Je me souviens que dans la même journée ou la veille, on était allés dans les locaux de la revue Mademoiselle Âge tendre. Robert avait dit à la rédactrice en chef : “Est-ce que c’est vous, la mademoiselle ?” Encore aujourd’hui, il a cette capacité, Charlebois : il lance un mot et j’ai un fou rire. » L’entrevue est terminée, Julien Clerc pouffe, pouffe et pouffe, les anecdotes à usage interne se succèdent. « Tiens, ça me donne très envie de le voir, là, tout de suite ! » Pour un peu, il démarrerait la tournée des 80 ans par l’étape québécoise. On n’a qu’une vie, après tout. Le nouvel album la chante.