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"Je ne laisserai pas le monde l’oublier" : l'épouse d'un otage israélien mourant s'adresse à la France

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Le 10 mai, le Hamas a publié une nouvelle vidéo de l'otage israélien Elkana Bohbot, retenu dans un tunnel à Gaza. Dans la précédente, très amaigri, celui qui a été enlevé au festival Nova suppliait qu'on le libère. Cette fois, le jeune père âgé de 36 ans est allongé sous une couverture et garde le silence. Son épouse Rebecca était à Paris ce mercredi et a pris la parole lors d'une cérémonie marquant le 77e anniversaire de la fondation de l'Etat d'Israël. Dans un discours poignant, elle appelle la France à agir avant qu'il ne soit trop tard.

Je m’appelle Rebecca Bohbot. Je suis l’épouse d’Elkana Bohbot.

En ce jour - le 14 mai 2025 - mon mari est retenu en otage depuis 586 jours. Cela signifie que : cela fait 586 matins que notre fils Reem s’est réveillé sans son père. 586 nuits que je me suis couchée sans savoir si mon mari était encore en vie. 586 jours de douleur, de peur et d’attente.

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Samedi dernier, nous avons reçu une vidéo d’Elkana. C’est la quatrième vidéo en 586 jours. Et c’est la plus déchirante jusqu’à présent.

Dans cette vidéo, un autre otage parle en son nom. Il dit qu’ils sont des numéros, plus des humains. Il dit qu’Elkana a tenté de se faire du mal et d’en faire aux autres. Elkana est allongé à côté de lui. Il est très maigre. Son corps ne bouge pas. Ses yeux sont fermés. Il dort comme quelqu’un qui a abandonné. Comme quelqu’un qui est déjà parti.

Et sur le mur derrière lui, il y a une photo. C’est une photo de lui tenant notre bébé Reem dans les bras. Les terroristes ont imprimé et scotché cette photo au mur. Vous imaginez ? Il est allongé là, souffrant et forcé de regarder la vie qu’il a perdue. Forcé de regarder l’enfant qu’il ne peut pas serrer dans ses bras. C’est de la pure cruauté. Sa vie ne tient qu’à un fil.

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Elkana souffre d’asthme. Il a besoin de médicaments. Mais il est piégé sous terre où l’air est sale, chaud et plein de maladies. Il est faible, affamé, piqué par des insectes qui rampent sur son corps pendant son sommeil. Il vit sans lumière, sans soins, sans espoir.

Il ne s’agit pas d’une simple détention. C’est de la torture.

Elkana a été enlevé le 7 octobre 2023. Il était à un concert lorsque l’attaque a commencé. De nombreuses personnes ont couru pour s’échapper, pour sauver leur vie. Mais Elkana est resté pour aider les autres. Il a dit : « Je ne laisserai personne derrière moi. » Voilà le genre d’homme qu’il est. Courageux. Gentil. Loyal. Parce qu’il est resté pour aider, il a été enlevé.

Et maintenant, après 586 jours, nous le voyons disparaître. Dans chaque vidéo, son corps semble plus maigre, sa voix plus faible. Dans la dernière vidéo, il ne parle plus du tout.

Je suis ici en France parce que je ne laisserai pas le monde l’oublier. Je crois toujours en la France. Pas seulement en tant que pays, mais en tant que voix de la morale et de la justice. En 1976, pendant l’opération Entebbe, les terroristes ont séparé les passagers juifs. Les pilotes français ont refusé de partir. Ils sont restés avec leurs passagers. Ils ont défendu ce qui était juste. C’est en cette France-là que je crois.

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Vous avez toujours montré que la distance n’a pas d’importance lorsque des vies sont en danger. Alors je vous le demande maintenant: S’il vous plaît, ne détournez pas le regard. Utillisez votre influence. Utilisez votre diplomatie. Utilisez tous les outils dont vous disposez pour ramener Elkana et tous les otages chez eux. Pour ramener tous les otages à la maison.

Faites-le pour le principe. Faites-le pour la justice. Faites-le pour l’humanité.

Notre fils Reem n’a que quatre ans. Chaque matin il me demande : « Où est papa? » Chaque soir, je dois trouver de nouveaux moyens de lui cacher la vérité. La vérité est que je ne peux pas lui promettre que son père va rentrer à la maison.

Ces 586 jours ne sont pas que des chiffres. Ce sont des déchirements, jour après jour. Mais je continue à croire en l’espoir. Et je crois au pouvoir de pays comme la France, non seulement pour diriger, mais aussi pour agir. Non seulement parce que vous le pouvez, mais parce que c’est la bonne chose à faire. Je vous remercie de m’avoir écoutée. Merci de tout coeur.

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