Une pluie fine tombe sur Camp Mystic, camp de vacances dévasté par la crue soudaine du fleuve Guadalupe, dans le centre du Texas. Michael contourne quelques décombres et arrive jusqu’à un chalet envahi par la boue : « Ma fille était ici. »
De l’extérieur, le chalet aux murs de pierre semble intact, mais les vitres ont volé en éclats. Elles ont vraisemblablement cédé sous la force de l’eau du fleuve, brusquement sorti de son lit vendredi après des pluies torrentielles. Par endroits, l’eau a atteint la cime des arbres.
Un courrier électronique lui annonce la disparition de sa fille
Un autre chalet de bois, beaucoup plus grand, qui abritait le réfectoire, a un mur totalement arraché. Le sol est jonché d’assiettes jetables, de bouteilles de sirop d’érable, de flasques de sauce piquante.

Michael, 40 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, est arrivé la veille d’Austin, la capitale de l’État, à 150 km de là. Il avait envoyé sa fille de huit ans dans ce camp d’été chrétien.
Vendredi matin, il a reçu un courrier électronique lui annonçant qu’elle faisait partie des 27 mineures qui n’avaient pas été localisées après les violentes précipitations survenues dans la nuit.
Les secours recherchent près d’une trentaine de mineures disparues
Les secours poursuivaient dimanche leur travail dans le sud des États-Unis pour tenter de retrouver près d’une trentaine de fillettes et adolescentes disparues dans des inondations éclair qui ont fait près de 60 morts au Texas, selon le dernier bilan compilé par l’AFP auprès des autorités locales.
Des équipes aériennes, terrestres et aquatiques fouillent les eaux du Guadalupe à la recherche de survivants et de corps. Environ 500 secouristes et 14 hélicoptères ont été déployés, tandis que la Garde nationale du Texas et les garde-côtes ont envoyé des renforts.
Ces crues subites ont été provoquées par des pluies diluviennes dans le centre de l’État vendredi, jour de la fête nationale américaine. L’alerte inondation est maintenue dimanche au Texas, où le fleuve Guadalupe était monté de huit mètres en seulement 45 minutes vendredi. Il est soudain tombé près de 300 millimètres/heure de pluie, soit un tiers des précipitations annuelles moyennes.
Les traces d’une nuit tragique
Chaussé de bottes en caoutchouc, muni d’un seau et de pinces pour couper le métal, il pénètre dans le chalet où dormait sa fille lorsque la tragédie s’est produite. Il essuie ses larmes avec le col de son t-shirt.
À l’intérieur, il reconnaît une serviette qui porte le nom de son enfant. Il ramasse une peluche, un bracelet, une photo de famille et un sac qui appartenait à une amie de sa fille. Cette dernière, qui dormait à côté d’elle, a déjà été retrouvée morte, dit-il.

Cette nuit-là, quelque 750 filles dormaient à Camp Mystic et la majorité d’entre elles ont réussi à évacuer les lieux à temps. Michael pense que l’eau a d’abord frappé les chalets où dormaient les fillettes âgées de 8 et 9 ans.
« Elles étaient dans ces deux chalets », dit-il en pointant du doigt une bâtisse dont l’entrée est jonchée de matelas, de peluches, de valises et de coffres pour ranger des vêtements. L’eau a déjà reflué, révélant le désastre.
Une région sous le choc
Le long du fleuve Guadalupe, tout n’est que dévastation. Des arbres sont couchés au sol, et des dizaines de voitures ont été emportées ou détruites par le déluge d’eau.
Au milieu des débris, des équipes de secours ratissent la zone, à pied, en voiture ou avec des hélicoptères et des drones, à la recherche de survivants ou de victimes.

« Nous n’avions jamais vu rien de semblable et nous espérons ne jamais le revoir »
L’eau du fleuve a pénétré dans la ville de Kent, détruisant les clôtures et endommageant des bâtiments. Une station-service a disparu. Dans la ville voisine de Kerrville, l’eau est montée jusqu’à près de 10 mètres de hauteur.
« Il y a un dicton ici qui dit qu’il y a une inondation tous les 100 ans. Nous l’avons eue. Nous n’avions jamais vu rien de semblable et nous espérons ne jamais le revoir », lâche Gerardo Martínez, 61 ans, propriétaire d’un restaurant à Kerrville et qui observe le fleuve depuis un belvédère.
« Je disais à ma femme ‘nous voyons ces choses à la télé’. Tu ne peux pas imaginer qu’elles se produisent si près de chez toi, dans ta ville. Cela semble vraiment irréel », raconte David Amorr, 35 ans, un habitant de Kerrville où la promenade piétonne et la piste cyclable qui longeaient le fleuve sont sous la boue.
« Nous ne pouvons-nous empêcher de penser à nos deux filles. Elles auraient pu être là-bas, dans les camps de vacances, et avoir disparu. Alors, nous sommes solidaires avec ces familles », ajoute-t-il.
À Camp Mystic, Michael fait une pause, respire profondément et continue de fouiller les environs. « J’espère un miracle, vraiment. »
Soutenez Epoch Times à partir de 1€
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.