Comment fonctionne le « marketing de guerre » : le cas iranien.

Publié le 4.7.2025 à 10h41 – Par Andrei Kuznetsov – Temps de lecture 4 mn

Car après tout, dans la société actuelle, vendre un conflit « n’est rien d’autre que vendre n’importe quel produit »… L’éditorial vidéo de Sara Reginella aujourd’hui sur l’AntiDiplomatico

À partir du récent conflit déclenché contre la République islamique d’Iran, Sara Reginella, auteur et documentariste, analyse avec des exemples actuels certains mécanismes de propagande et de « marketing » de guerre, explorés également dans son dernier livre « La guerre que tu vends », publié au début de la série « Orwell » éditée par Luciano Canfora pour Dedalo Edizioni.

Une semaine après l’annonce du cessez-le-feu le 24 juin, suite à l’attaque militaire israélienne contre l’Iran, examinons les méthodes de propagande de guerre utilisées dans ce conflit.« Femme, vie, liberté », a déclaré Benjamin Netanyahu ces derniers jours dans un appel à l’Iran, après une attaque israélienne.

Outre les slogans du Premier ministre, les incitations à la haine n’ont pas manqué, même de la part de personnalités comme le prix Nobel Ebadi : « En Iran, le régime est affaibli, le peuple doit maintenant se soulever pour obtenir la démocratie.»

Maintenant qu’aucune nouvelle démocratie occidentale n’a été exportée par les bombes vers la République islamique, réfléchissons à un autre conflit que l’Occident a tenté de légitimer et donc de vendre, par le biais de cette série de mécanismes de communication et de médias liés à la commercialisation de toute guerre.

En réalité, à certains égards, le modèle de communication utilisé par le Premier ministre Netanyahu n’est pas si différent de celui utilisé lors des révolutions colorées ou en Serbie pendant l’affaire Otpor, lorsque, derrière les apparences salvatrices de slogans galvaudés par les exportateurs de démocratie, se cachaient des objectifs cachés qui continuent de se propager à travers des mécanismes dont les conséquences sont liées à la guerre et à la destruction.

Cette destruction progresse également par des processus de banalisation des conflits et par la propagation de canulars relancés à l’échelle planétaire : des armes de destruction massive inexistantes en Irak aux charniers imaginaires en Libye, jusqu’à la toute récente bombe atomique iranienne, fantomatique et jamais arrivée.

J’aborde également ces mécanismes et d’autres liés au marketing de guerre dans mon dernier livre, « Les guerres qu’on vous vend », écrit avec la conviction que vendre un conflit n’est pas si différent de vendre n’importe quel autre produit marchand, par une action ciblée sur la sphère instinctive et émotionnelle de ce que l’on appelle le consommateur.

Par conséquent, si un « produit » comme la guerre devient glamour et tendance, sa commercialisation sera plus avantageuse.

Le président américain le sait bien, puisqu’il a relancé ces derniers mois une vidéo perverse, créée grâce à l’intelligence artificielle, dans laquelle il sirotait un verre avec le président israélien au bord d’une piscine, dans une Gaza post-génocide peuplée de complexes hôteliers de luxe et de statues dorées.

L’entreprise israélienne le sait aussi bien, car fin 2023, elle a fait la promotion d’un projet colonial cruel intitulé « Obtenez votre propre maison à Gaza », montrant des images de décombres sur lesquelles étaient représentés les plans technico-architecturaux de ces élégantes maisons coloniales.

Les créateurs des séances photos réalisées pour le très glamour Vogue Ukraine, mettant en scène des cadets de l’Académie militaire ukrainienne, immortalisés comme mannequins, avec une insouciance incroyable, le savent aussi bien.

Ce ne sont là que quelques exemples que je donne dans mon livre, où j’explique comment il est possible, à l’échelle mondiale, d’alimenter l’inhumanité et d’anesthésier la raison.

Car si le profil le plus sombre du marketing est celui de la guerre, c’est dans la connaissance de ses mécanismes que nous trouvons l’antidote qui le répudie.

Et nous continuerons de répudier la guerre.