Une députée du nord de la Nouvelle-Écosse se dit déçue par la décision du premier ministre Tim Houston d’entamer les travaux de protection de l’isthme de Chignecto dans cinq ans. Elle est convaincue que le gouvernement provincial fait tout pour retarder le projet.

Cela pourrait être un problème bien plus important que de se focaliser sur les barrières commerciales interprovinciales, lance la députée indépendante de la circonscription de Cumberland-Nord, Elizabeth Smith-McCrossin.

Elle souhaiterait que les travaux de protection de l’isthme contre les inondations commencent immédiatement, alors que la phase d'ingénierie est en cours.

Il est temps d'arrêter d'étudier et de commencer à faire le travail, affirme-t-elle.

Le directeur des stratégies au ministère des Travaux publics, Kevin Beckers, explique qu’il y a de nombreux paramètres à prendre en compte avant de commencer les travaux.

Nous étudions activement les aspects environnementaux, en examinant les oiseaux, les poissons et les habitats des animaux qui y vivent. Nous étudions également l'archéologie, en collaboration avec les Mi'kmaq, dit-il.

Le maire d’Amherst, une ville néo-écossaise située dans l'isthme, Robert Small, estime qu’il faut accorder aux concepteurs du projet tout le temps dont ils ont besoin.

Honnêtement, je ne pense pas que les travaux devraient commencer avant quatre ou cinq ans, simplement parce qu'il s'agit d'un projet important qui nécessite beaucoup d'ingénierie pour être mené à bien, précise-t-il.

Des tactiques de retardement, dit la députée

D’après la députée Elizabeth Smith-McCrossin, l’action en justice intentée par Tim Houston fait partie des tactiques de retardement qui mènent uniquement à de mauvaises décisions.

La député Elizabeth Smith-McCrossin ne comprend pas pourquoi la phase d'ingénierie devrait prendre 15 ans pour un projet comme celui-ci. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / CBC/Jean Laroche

Je pense que si cela se passait dans une autre partie de la province ou dans sa région, il en ferait peut-être une priorité, affirme la députée dont la circonscription englobe une partie de l'isthme à la frontière entre la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.

À la suite d'une longue dispute entre les gouvernements fédéral et néo-écossais au sujet du partage de la facture de ces travaux, Tim Houston a saisi les tribunaux.

Selon le maire d’Amherst, la Nouvelle-Écosse a eu raison d’intenter un procès contre le fédéral.

Si j'étais le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, je pense que je poserais la question. De nombreux projets à travers le Canada ont été financés par le gouvernement fédéral et ils entrent dans la même catégorie que ce projet.

La Cour d'appel de la Nouvelle-Écosse n’a pas tranché si la facture du projet devait être attribuée au gouvernement fédéral ou provincial, car elle estime que la question est d’ordre politique.

Ottawa a offert d’assumer la moitié des coûts, soit 325 millions $.

Elizabeth Smith-McCrossin aurait souhaité que le fédéral règle l’intégralité de la facture du projet et croit que le maire d’Amherst manque de connaissances pour s’exprimer sur l’affaire.

Le maire Small vient d'être élu. Mais moi, j'ai vu les retards s’accumuler au fil des ans et l'anxiété des gens qui vivent le long de l'isthme de Chignecto monter chaque fois qu'il y a un ouragan ou une tempête tropicale.

Kevin Beckers indique que jusqu’à présent, aucun ouragan n'a frappé directement la baie de Fundy.

Il dit cependant prendre la sécurité des Néo-Écossais très au sérieux.

Je suis incapable de prédire ce que Mère nature va nous envoyer dans les cinq prochaines années, mais si elle nous assène un coup de poing important, une partie ou une grande partie de l'isthme pourrait être détruite, admet-il.

Le ministère des Travaux publics affirme qu’il poursuivra l'entretien des digues existantes et s'assurera qu'elles restent en bon état, sans donner davantage de détails sur l'avancée du projet.