Issa Tchiroma candidat présidentielle 2025 Cameroun – Peut-il vraiment gagner ? La candidature d’Issa Tchiroma Bakary à la présidentielle 2025 soulève la question cruciale de ses chances réelles d’accéder au pouvoir. Entre atouts indéniables et handicaps majeurs, l’ancien ministre présente un profil paradoxal : celui d’un insider du système qui prétend l’incarner le changement. Notre analyse décrypte les forces et faiblesses de ce candidat qui pourrait créer la surprise ou décevoir selon les observateurs politiques camerounais.

Ses atouts majeurs : expérience et connaissance du système

Issa Tchiroma dispose d’atouts non négligeables dans cette course présidentielle. Premier avantage : une expérience gouvernementale de plusieurs décennies qui le distingue d’opposants moins aguerris aux rouages étatiques.

Sa connaissance intime du système constitue paradoxalement un atout électoral. «J’ai connu le pouvoir, et j’en ai mesuré les limites», reconnaît-il dans sa lettre, transformant cette expérience en crédibilité gestionnaire.

Deuxième atout : sa capacité à attirer les déçus du régime Biya. Son positionnement d’«insider» devenu critique pourrait séduire les cadres et fonctionnaires lassés du système actuel mais méfiants envers l’opposition traditionnelle.

Son programme détaillé en 16 points témoigne d’une préparation sérieuse, contrastant avec certains candidats aux projets flous.

Handicap majeur : crédibilité de sa conversion démocratique

Le principal handicap de Tchiroma réside dans la crédibilité de sa «conversion» soudaine à l’alternance. Comment convaincre qu’on incarne le changement après des décennies au service du système critiqué ?

Cette contradiction fondamentale alimente les scepticismes. Ses détracteurs y voient une stratégie opportuniste face à un régime fragilisé plutôt qu’une conviction démocratique authentique.

L’électorat jeune, majoritaire au Cameroun, pourrait lui reprocher d’incarner justement cette génération politique qu’elle souhaite voir partir.

Machine électorale et contrôle institutionnel : défis insurmontables ?

Tchiroma affronte la redoutable machine électorale du RDPC, rodée depuis 1982. Cette organisation tentaculaire dispose de moyens financiers, logistiques et administratifs considérables que ne possède aucun opposant.

Le contrôle quasi-total des institutions (ELECAM, ministère de l’Intérieur, préfets) par le pouvoir constitue un obstacle structurel majeur. Comment organiser un scrutin «libre et transparent» réclamé par Tchiroma sans réforme préalable du système électoral ?

Facteur anglophone : atout ou piège électoral ?

Sa proposition de référendum sur le fédéralisme pourrait séduire l’électorat anglophone frustré. Mais ce positionnement risque d’effrayer les électeurs francophones attachés à l’unité nationale.

Cette «corde raide» politique illustre la difficulté à réconcilier des aspirations contradictoires dans un pays fracturé.

Le pari Tchiroma reste-t-il crédible face à ces défis structurels ou sa candidature restera-t-elle symbolique ?