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Israël utilise l'antisémitisme comme une arme pour réprimer toute critique de ce qu'il est et de ce qu'il fait

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par Yakov M. Rabkin

JPEG - 71.7 ko (Crdit image : elindependiente.com)

Par Francisco Carrión

Il représente ces juifs qui sont souvent réduits au silence dans les médias, cette communauté qui n’est pas d’accord avec le parcours d’Israël, ni avec le réseau d’arguments historiques que ses défenseurs utilisent pour tenter d’éliminer toute critique. Son oeuvre se concentre sur l’opposition juive au sionisme, la doctrine politique qui domine la scène politique israélienne. Yakov Rabkin est un historien spécialisé dans les relations entre le judaïsme et le sionisme, un auteur clé pour décrypter les différences entre les deux réalités.

« Les principes qui animent l’État d’Israël ne sont pas si différents des principes politiques de l’État nazi : la discrimination à l’égard des minorités, la force – qui est un principe très important pour Israël – et aussi l’indifférence à l’égard des critiques venant de l’extérieur », souligne M. Rabkin dans une interview accordée à El Independiente (Espagne). L’historien a publié chez les Éditions i en France Judaïsme, islam et modernités ainsi qu’ Israël et la Palestine, un essai qui approfondit « le refus de la colonisation sioniste au nom du judaïsme ». Salué par Edgar Morin, Shlomo Sand et Noam Chomsky, son ouvrage – parmi d’autres titres, Au nom de la Torah, une histoire de l’opposition juive au sionisme – est un plaidoyer contre l’instrumentalisation du judaïsme par l’élite politique israélienne, en pleine offensive sur Gaza et avec la prétendue montée de l’antisémitisme que Tel-Aviv dénonce.

Q.- Vous démontez l’idée que le judaïsme soit un bloc monolithique. Comment le sionisme a-t-il affecté le judaïsme ?

YR.- Le sionisme n’a pas transformé le judaïsme. Ce qui s’est passé, c’est qu’une grande partie des juifs a accepté le sionisme en remplacement du judaïsme. Pour être un bon juif, il faut normalement observer les règles morales et rituelles. Mais depuis l’avènement du sionisme, et pas tout de suite, à partir des années 60 du XXe siècle, le sionisme a commencé à remplacer le judaïsme dans l’esprit de beaucoup de gens. Pour eux, la loyauté envers Israël est plus importante que le respect des règles morales. En d’autres termes, une idéologie politique a remplacé un engagement moral et religieux.

Lors du repas du Pessah, la Pâque juive, la première phrase de la célébration met en évidence le profond contraste entre le judaïsme et le sionisme : « Voici le pain de misère que nos ancêtres ont mangé́ en Égypte. Quiconque a faim vienne et mange ! « . Alors que la tradition juive enseigne la générosité et la bienfaisance, Israël, qui prétend être un « État juif », affame des millions de femmes et d’enfants, les privant de nourriture, d’eau et de médicaments.

Q.En pleine opération militaire israélienne à Gaza, comment un juif comme vous observe-t-il les événements ?

YR.- Nombreux sont les juifs qui sont horrifiés par ce que fait Israël. Et ils ne veulent en aucun cas s’identifier à ça. Les juifs ultra-orthodoxes le font depuis 120 ans, en disant que le judaïsme n’a rien à voir avec le sionisme. C’est pourquoi ils protestent activement. D’autres personnes, notamment les jeunes juifs des États-Unis, vivent leur judaïsme indépendamment d’Israël et de ce que fait Israël. C’est un pays lointain qui ne reflète pas leurs valeurs politiques : une ethnocratie basée sur la discrimination. Il s’agit du credo d’une idéologie politique, qui peut aussi utiliser des motifs religieux, comme toute idéologie politique. Comme en France, bien sûr, il y a les idéologies politiques comme celle de Charles Maurras par exemple, qui ont utilisé le catholicisme. Mais ce sont deux choses différentes : une idéologie politique et le judaïsme. Pour de nombreux juifs, il s’agit d’une dissonance cognitive, ils veulent soutenir Israël et en même temps ils ne le peuvent pas. Et il y en a d’autres, évidemment qui pensent comme ce qui se dit en anglais « my country right or wrong » (quoi que fasse Israël, je le soutiendrai). C’est ce qu’on appelle, à mon avis, une idolâtrie de l’État, de n’importe quel État.

Q.- Le judaïsme est-il aujourd’hui l’otage du sionisme ?

YR.- Pour beaucoup de gens, oui, et c’est pourquoi il est nécessaire de publier des livres comme les miens et d’autres, afin que les gens puissent comprendre la distinction, la différence, voire l’opposition entre le sionisme et le judaïsme. Le judaïsme, je le répète, peut être utilisé pour soutenir une idéologie politique, ce que fait, par exemple, le national-judaïsme (dati-léoumi en hébreu), un courant en Israël et ailleurs, qui combine l’observance rituelle des règles juives et une adhésion absolue au sionisme. Ils sont en fait aujourd’hui à l’avant-garde de la colonisation et de la cruauté qui se manifestent à Gaza et en Cisjordanie.

Israël est un vestige du colonialisme occidental dans lequel la plupart des Palestiniens n’ont pas de droits politiques.

Q.- Qu’est-ce qu’Israël pour vous ?

YR.- C’est un pays colonial formé avec le soutien de puissances impériales telles que la Grande-Bretagne, et aujourd’hui soutenu par d’autres anciennes puissances coloniales telles que les États-Unis dont la politique au Moyen Orient est dictée par le lobby israélien et l’Allemagne qui a érigé l’appui à Israël en une Raison d’État. Israël menace les juifs du monde entier parce qu’il prétend représenter les juifs et être l’État de tous les juifs du monde, et pas uniquement des personnes vivant sous le contrôle d’Israël.

La population vivant sous contrôle israélien est composée pour moitié de juifs et pour moitié d’Arabes palestiniens. Il s’agit d’un vestige du colonialisme occidental dans lequel la majorité des Palestiniens n’ont pas de droits politiques.

Q.- Vous dites dans le livre Israël et la Palestine qu’à la fin, tout se confond. Je comprends que cela fasse partie du jeu : les communautés juives au-delà d’Israël arborent souvent des drapeaux israéliens. Il y a une identification à Israël de la part de certains juifs…

YR.- Exactement. Et en réalité cette confusion cultivée par Israël alimente l’antisémitisme, car pour de nombreuses personnes, il est très difficile de faire la distinction.

Par conséquent, ils vont critiquer, voire attaquer les juifs d’autres pays pour protester contre ce qu’Israël fait à Gaza. Cela crée un cercle vicieux, car c’est ce que propose la propagande israélienne, en disant que le seul endroit sûr pour les juifs c’est Israël, ce qui est en réalité tout le contraire. Il n’y a pas d’autre endroit au monde où les juifs se sentent moins en sécurité qu’en Israël. Mais cette confusion est entretenue par la propagande israélienne et par des organisations sionistes très puissantes dans plusieurs pays. Et il faut ajouter que la plupart des sionistes, la plupart de ceux qui soutiennent Israël, ne sont pas juifs, ce sont des protestants évangéliques, et d’autres sont des partis d’extrême droite. Aujourd’hui, tout parti d’extrême droite dans les pays occidentaux soutient Israël, qu’il s’agisse de Milei en Argentine, de Geert aux Pays-Bas ou de Vox en Espagne. Israël incarne tout ce qui est colonialisme de peuplement, discrimination ouverte à l’encontre des personnes qui ne sont pas exactement blanches. Ainsi, Israël est largement soutenu, non pas par les juifs que la question d’Israël divise, mais par les gens d’extrême droite et une partie très importante des protestants évangéliques qui se comptent par dizaines de millions dans le monde.

Q.- Vous accordez une attention particulière aux évangéliques dans le livre…

YR.- En effet, la plupart des sionistes d’aujourd’hui sont des protestants évangéliques, bien plus nombreux que tous les juifs du monde. Il y en a beaucoup en Amérique latine, au Brésil, les gens de Bolsonaro, évidemment, les gens de Milei en Argentine, même en Corée du Sud. Les racines religieuses du sionisme se trouvent également chez les protestants du 17e siècle. Le sionisme n’est pas né chez les juifs, mais chez les protestants qui lisaient la Bible de manière littérale. Ainsi, contrairement aux catholiques qui utilisent les commentaires de l’Église, la traduction de la Bible en allemand par Luther fut une porte ouverte à l’interprétation littérale du texte. Beaucoup de sionistes chrétiens lisent ainsi le livre de Josué plein d’actes de cruauté et pensent qu’il faut faire la même chose aujourd’hui. Ils appuient alors ce que les Israéliens font à Gaza. Lorsque Trump a inauguré l’ambassade d’Israël à Jérusalem pendant son premier mandat, les invités d’honneur étaient deux pasteurs protestants populaires aux États-Unis, parce que c’est son public, son soutien électoral.

Alors que la tradition juive enseigne la générosité et la charité, Israël, qui prétend être un « État juif », prive des millions de femmes et d’enfants de nourriture, d’eau et de médicaments.

Q.- Dans les deux cas, il est question de messianisme et de retour sur la terre d’Israël.

YR.- C’est exact. Mais le protestantisme, par son interprétation littérale de la Bible encourageait la colonisation des « terres promises » en d’autres lieux également. J’utilise le pluriel. L’Amérique du Nord, pour les premiers protestants qui sont arrivés, était une terre promise. C’est pourquoi on trouve encore aujourd’hui aux États-Unis des noms de villes qui sont bibliques comme Bethléem, Béthanie, Nazareth, parce que pour eux, c’était une terre promise.

La Tasmanie, dans le sud de l’Australie, était également une terre promise. Et l’on pourrait citer d’autres terres promises, où il y a eu un colonialisme de peuplement et, comme conséquence presque inévitable, un génocide.

Q.- L’appui des États-Unis à Israël doit-il être compris comme la réalité de deux pays qui sont deux projets coloniaux d’époques différentes ?

YR.- Exact. C’est pourquoi il faut aussi comprendre les puissances, en particulier les puissances comme la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, qui soutiennent également Israël. Le colonialisme de peuplement conduit toujours au déplacement de la population indigène, et si elle n’est pas en mesure de se déplacer, alors il faut l’éliminer.

Le colonialisme de peuplement conduit toujours au déplacement de la population indigène, et si elle n’est pas en mesure de se déplacer, alors il faut l’éliminer.

Q.- Quels sont les mensonges du sionisme qui ont été largement acceptés en Occident ?

YR.- Premièrement que l’Etat d’Israël représente tous les juifs et qu’il est un Etat de refuge pour tous les juifs. C’est le premier mensonge. Le deuxième mensonge est que les Palestiniens, qui ont été expulsés lors de la création de l’État, ont fui parce que la guerre a commencé. En réalité, l’élimination de la population autochtone de Palestine a commencé avant mai 1948, en 1947, et la guerre, qui fut la conséquence de l’expulsion des Palestiniens de leurs maisons. Troisième mensonge : toute critique d’Israël relève de l’antisémitisme. Et comme après la Seconde Guerre mondiale, personne ne veut être considéré comme antisémite, cela empêche toute discussion rationnelle sur ce qu’est Israël et sur ce qu’il fait. Et nous le voyons dans ce sens, dans la culpabilité qu’Israël manipule et dont il fait une arme, ce que l’on appelle en anglais « weaponisation of antisemitism ». C’est une arme de la politique étrangère israélienne, c’est aussi un mensonge et nous assistons aujourd’hui à la répression de toute critique d’Israël, en particulier aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Ce sont toujours les mêmes pays où il est interdit de critiquer Israël ; où des personnes sont faites prisonnières ; où les universités qui tolèrent des manifestations propalestiniennes perdent des fonds d’État et ceux de riches donateurs privés. Et cela découle de la confusion qu’Israël entretient entre la critique du sionisme et de l’antisémitisme.

Le premier mensonge des sionistes fait accroire que l’État d’Israël représente tous les juifs et qu’il est un État de refuge pour tous les juifs.

Q.- Dans le cas européen, il est vraiment frappant de constater qu’aujourd’hui, les plus grands partenaires d’Israël sont des partis tels que le Rassemblement national en France, avec le passé du père de Le Pen, condamné plusieurs fois pour la banalisation du génocide nazi.

YR.- La question repose sur l’association fréquente et erronée d’ Israël avec les juifs. Et c’est faux dès le départ, parce qu’on pense que quelqu’un qui est contre les juifs devrait être contre Israël. Mais en réalité, on constate que les antisémites ont toujours soutenu le projet sioniste, pour des raisons qui leur sont propres.

Balfour, dont la déclaration ou la lettre de 1917 promettait la Palestine aux sionistes, était antisémite. En 1906 il a empêché la venue des juifs fuyant les pogroms en Russie en Grande-Bretagne. En fait, de nombreux antisémites ont soutenu le projet sioniste parce qu’ils voulaient se débarrasser des juifs dans leurs pays. Ils ont choisi de les envoyer en Palestine. Et ce fut le cri de l’antisémitisme à la fin du 19ème siècle. Il n’est donc pas surprenant du tout que des partis au passé antisémite, qui se sont peut-être un peu modérés, soutiennent Israël. Dans son journal, Theodor Herzl écrit : « Les antisémites seront nos plus fidèles alliés ».

Q.- Le sionisme s’est-il approprié la mémoire de l’Holocauste ?

YR.- Ils ont également fait de la mémoire du génocide nazi une arme politique. L’extermination des juifs, des Tziganes et d’autres personnes par les nazis en Europe est l’un des deux génocides commis par l’Allemagne au XXe siècle, car il y a également eu un génocide dans le sud-ouest de l’Afrique [aujourd’hui la Namibie] contre deux tribus indigènes. Lorsqu’ils ont fait de même en Europe, les alliés américains et britanniques ne les ont pas empêchés non plus, ils n’ont jamais bombardé les lignes de chemin de fer menant à Auschwitz ou à d’autres camps d’extermination.

Ils ont bombardé des villes civiles comme Dresde, mais pas les lignes de chemin de fer qui conduisaient les prisonniers à l’extermination. Mais ce qui se passe aujourd’hui, surtout en Allemagne, c’est que l’on confond les victimes juives du génocide nazi avec l’État d’Israël. L’Etat d’Israël a reçu des sommes gigantesques de l’Allemagne en guise de réparations pour le massacre des juifs. Alors qu’en réalité, les principes qui animent l’Etat d’Israël ne sont pas si différents des principes politiques de l’Etat nazi : la discrimination à l’encontre des minorités, la force débridée – qui est un principe très important pour Israël – et l’indifférence à l’égard des critiques émanant de l’extérieur. D’une certaine manière, ce qu’Israël fait à Gaza est une victoire d’Hitler.

Les principes qui animent l’Etat d’Israël ne sont pas si différents des principes politiques de l’Etat nazi : la discrimination à l’encontre des minorités, la force débridée – qui est un principe très important pour Israël – et l’indifférence à l’égard des critiques émanant de l’extérieur.

Q.- Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est-il similaire à l’Holocauste qui s’est produit en Europe au milieu du 20e siècle ?

YR.- J’ai utilisé le mot génocide, parce que le mot génocide est générique et s’applique à différents cas historiques. Alors que l’Holocauste présente le génocide des juifs d’Europe comme quelque chose d’unique, d’exceptionnel. Ce n’est pas le cas. Le problème, c’est qu’ils ont fait de l’Holocauste un événement exceptionnel unique au monde, et qu’ils traitent ensuite Israël comme un cas exceptionnel. Alors que la plupart des peuples du monde, qui ne sont pas européens et dont beaucoup sont d’anciens colonisés, considèrent le meurtre des juifs comme un autre cas de génocide, commis par les mêmes puissances qui ont massacré les Africains au Kenya dans les années 1950, les Algériens en Algérie, les peuples indigènes en Amérique du Nord et du Sud. Ainsi, la vision d’Israël, la vision des génocides européens, est très différente dans la partie non occidentale du monde.

Q.- Il y a quelques semaines, un homme politique espagnol a fait une déclaration qui disait textuellement : » Israël est un État génocidaire. La seule différence entre Gaza et Auschwitz c’est que le monde a le temps d’arrêter Gaza ». Êtes-vous d’accord ?

YR.- Je ne suis pas d’accord pour dire que c’est la seule différence. Il y a d’autres différences. Les nazis cachaient ce qu’ils étaient en train de faire, alors qu’Israël le fait ouvertement. L’objectif des Israéliens est de se débarrasser des Palestiniens.

Et aussi, le projet des nazis, avant l’extermination, était de les envoyer à Madagascar ou ailleurs, pour se débarrasser des juifs, et non pour les tuer. Il est donc très important de comprendre que la logique du projet nazi comme celle du colonialisme de peuplement est le déplacement, si possible, et l’extermination si ce n’est pas possible.

Les Israéliens veulent vider Gaza de ses habitants. Ils ne tuent pas systématiquement comme le faisaient les nazis. Ils tuent suffisamment de personnes dans l’espoir que les autres auront peur et partiront vers d’autres pays. En ce sens, nous n’en sommes pas encore au même niveau. Il existe aujourd’hui des instruments permettant de tuer deux millions de personnes. La technologie le permet, mais ils ne le font pas encore.

Q.- Vous dites dans votre livre que les Israéliens sont dans un cercle vicieux, et vous parlez d’insécurité chronique. Comment peut-on sortir de ce cercle vicieux ?

YR.- Si nous admettons qu’Israël est un projet de colonisation de peuplement et que, sur le territoire qu’il contrôle, il y a plus ou moins moitié-moitié – juifs et non-juifs – une solution qui n’est pas immédiate, mais qui est un projet susceptible d’être réalisé, consiste à accorder des droits politiques à ceux qui n’en ont pas aujourd’hui. A Gaza ou en Cisjordanie, le contrôle militaire est israélien, la monnaie est israélienne, les frontières sont contrôlées par Israël. Ainsi, bien que ces territoires n’aient pas encore fait l’objet d’une annexion ouverte, en réalité Israël est un pays qui prive de droits politiques la moitié de la population qu’il contrôle. Lorsqu’ils obtiennent des droits politiques, comme en Afrique du Sud, par exemple, tous les problèmes ne sont pas résolus, car il existe encore de nombreuses disparités économiques et beaucoup de haine accumulée.

Les actes fous d’Israël font partie d’un projet global qui opprime les pauvres, les immigrés et les non-Blancs.

Q.- Cela signifie-t-il que l’État d’Israël actuel devrait être démantelé et qu’il faudrait en créer un où juifs, musulmans et chrétiens pourraient vivre ensemble ?

YR.- C’est ainsi que les choses se passent dans le monde entier. Les Blancs d’Afrique du Sud pensaient qu’ils allaient tous être tués dès qu’ils accorderaient des droits aux Africains noirs. Cela ne s’est pas produit. C’est toujours l’horreur des colonisateurs, parce que pour ce qu’ils ont déjà commis, ils pensent qu’il y aura beaucoup de vengeance. Parfois, il y a eu de la vengeance, mais il y a des cas qui nous montrent qu’il est possible de décoloniser sans nécessairement créer plus de violence. En ce qui concerne la coexistence, je n’ai pas besoin d’expliquer à un journal espagnol ce qu’est la coexistence. L’Espagne a une histoire séculaire de convivencia des chrétiens, des musulmans et des juifs qui le prouve.

Q.- Au vu de la situation géopolitique mondiale actuelle, avez-vous quelque espoir que ce problème puisse être résolu ?

YR.- Mon espoir se fonde sur cette expérience historique. La plus grande violence caractérise toujours les empires en déclin. C’est ce qui est arrivé à la France, c’est ce qui est arrivé à la Grande-Bretagne, c’est ce qui est en train d’arriver aux États-Unis. Israël atteint un niveau élevé de violence contre les Palestiniens et également de violence interne. Il ne faut pas oublier que ceux qui commettent toutes sortes d’actes de barbarie à Gaza rentrent chez eux. Ils ne peuvent pas être des gens normaux après ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont vu. J’espère qu’il se passera quelque chose au sein de la société israélienne, mais je ne sais pas exactement comment. Les personnes qui soutiennent Israël ne sont pas seulement des protestants évangéliques ou des partis d’extrême droite, mais aussi la partie la plus riche de la société. Et cela nous dit qu’il y a un lien organique entre la crise du capitalisme – que nous vivons actuellement, évidemment – et ce qu’Israël fait, et ce qu’Israël est autorisé à faire. Souvent, c’est l’arbre qui cache la forêt. Les actes insensés d’Israël font partie d’un projet global qui opprime les pauvres, les immigrants et les non-Blancs. Ainsi, cette société – nous le voyons évidemment avec Trump – est en crise. En tant que juif religieux, je crois qu’il existe une justice divine. Mais cela ne signifie pas une passivité fataliste. Au contraire, cela nous oblige à défendre les opprimés et à tout faire pour que la justice et la dignité humaine triomphent.

Traduction de l’espagnol, Ginette Baudelet

L’article original est accessible ici

Yakov M. Rabkin
Yakov M. Rabkin est professeur émérite d'histoire à l'Université de Montréal. Il a publié plus de 300 articles et quelques livres : Science between Superpowers, Au nom de la Torah. Une histoire de l’opposition juive au sionisme, Comprendre l’État d’Israël, Demodernization : A Future in the Past et Judaïsme, islam et modernité, Israël et la Palestine : Rejets de l’occupation sioniste au nom de judaïsme. Il a fait de la consultation, entre autres, pour l'OCDE, l'OTAN, l'UNESCO et la Banque mondiale. Courriel : [email protected]. Site web : www.yakovrabkin.ca

Cet article est initialement paru sur le site de notre partenaire Pressenza le 25 juin 2025.

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