« Un gros coup », se félicite Jean-Paul Roland, le directeur du festival. Pour lancer sa 35e édition, qui se tient du 3 au 6 juillet, les Eurockéennes de Belfort peuvent compter sur la présence d’Iron Maiden, le groupe britannique de heavy metal aux cinquante ans d’existence. « Nous sommes le seul festival français à les avoir, et il n’y a pas beaucoup de festivals dans leur tournée mondiale », souligne le patron de la manifestation, qui voit là une « reconnaissance » des Eurockéennes, huitième plus gros événement musical hexagonal.

Pour le festival belfortain, accueillir cette machine de guerre scénique représente un défi technique : « Nous aurons le plus large écran qu’on n’ait jamais eu. Quelque chose d’encore supérieur à Daft Punk ou Depeche Mode. C’est la première fois que des techniciens arrivent dès le mardi pour un show le jeudi », affirme Jean-Paul Roland. Quelque 50 techniciens supplémentaires ont été missionnés pour l’occasion.

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« On s'approche d'une grande affluence cette année avec entre 115.000 et 120.000 billets vendus, ce qui est très bien dans le climat général », complète le directeur. L'année passée, 127.500 spectateurs avaient fréquenté la 34^e édition emmenée par David Guetta. D’une manière générale, face à la hausse des coûts - cachets, assurances -, les Eurockéennes tiennent bon. « Les aides des collectivités n'ont pas baissé, notamment celle de la région Bourgogne-Franche-Comté », précise Jean-Paul Roland.

Un rappeur inculpé au Royaume-Uni

Parmi la cinquantaine de concerts, les Eurockéennes proposent comme chaque année un éclairage culturel sur des genres musicaux en expansion. Après le shatta, place au bouyon, un autre style caribéen. La manifestation mise aussi sur des talents hexagonaux, dont la chanteuse Clara Luciani et l’iconoclaste Philippe Katerine, mis en lumière par sa performance lors de la cérémonie d’ouverture des JO. À noter que la Comédie-Française sera présente, à travers un hommage à Serge Gainsbourg déjà joué à Paris. Une première. Côté électro, le groupe Justice ou DJ Snake, qui a rempli le Stade de France en mai, assureront le show. Le rappeur Damso est également programmé.

Mais cette 35e édition débute avec une controverse. En raison de l’invitation, du rappeur Freeze Corleone. Régulièrement accusé d’antisémitisme et d’homophobie, l’artiste de 33 ans a déjà vu plusieurs de ses concerts annulés par le passé. Après les réactions d’un député RN et du conseil départemental, le préfet du Territoire de Belfort a publié, mardi, un arrêté interdisant le concert de Freeze Corleone. Il invoque un risque de troubles à l’ordre public.

« Le programmateur regrette que je prenne cette décision et moi je regrette qu’il ait programmé cela (...) J’ai fait part de mes doutes la semaine dernière et les arguments de l’avocat (de Freeze Corleone, NDR) ne m’ont pas convaincu », a affirmé le préfet Alain Charrier. Le chanteur peut toujours contester l’arrêté auprès du tribunal administratif, comme il l’a déjà fait par le passé. « Le droit parlera, et c’est le mieux », avait estimé ce week-end Jean-Paul Roland quant à la venue du musicien.

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De la même manière, les Irlandais de Kneecap, attendus dimanche soir, arrivent auréolés d’une réputation sulfureuse. L’un des trois membres a été inculpé en Grande-Bretagne d’« infraction terroriste » pour avoir arboré en concert un drapeau du Hezbollah. Ce groupe de rap à l’énergie punk originaire de Belfast s’affiche en soutien de la Palestine et récuse la présence britannique en Irlande du Nord. La scène sert régulièrement au trio de porte-voix à leurs opinions politiques. La prochaine fois, aux Eurockéennes ?