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Le 30 mai, le gouvernement du Québec recevra les recommandations finales du comité spécial sur l’usage du téléphone intelligent à l’école. Tout indique qu’il proposera l’interdiction de cet appareil non seulement en classe, mais dans l’ensemble des établissements primaires et secondaires. Cette proposition suscite des débats vifs et souvent polarisés. Mais elle pose, en filigrane, une question beaucoup plus vaste : que faisons-nous des environnements technologiques que nous laissons façonner notre jeunesse ?
En fait, ce n’est pas d’abord une question d’interdiction. C’est une question de milieu de vie. Depuis plus de dix ans, nous avons laissé les téléphones intelligents s’imposer comme milieu de vie quotidien pour les jeunes — et souvent, dès l’âge de 8 ou 9 ans. Nous les avons équipés de ces appareils sans réel débat, souvent par mimétisme social ou par résignation face à la norme.
Nous les avons livrés, dans un même geste, au flux ininterrompu de contenus générés par des multinationales comme TikTok, Instagram, Snapchat, YouTube — et, derrière elles, au marché globalisé de la séduction, de l’attention et de l’ingénierie comportementale, le tout renforçant fortement notre anthropo-centration pratique en surplomb de la Terre et du vivant.
Où étions-nous, adultes, pendant ce grand basculement ?
Où étaient nos institutions éducatives, nos parlements, nos ministères ? Où étaient les espaces de délibération publique pour réfléchir à cette mutation, à ses effets sur l’attention, sur le sommeil, sur la santé mentale, sur les dynamiques sociales, sur l’autonomie intellectuelle ?
Nous étions, comme société, désarmés.
Désarmés non pas seulement moralement ou culturellement — mais politiquement.
En fait, nos États eux-mêmes le sont : privés des leviers pour orienter les grands choix technologiques, relégués à un rôle réactif face aux entreprises privées qui fixent seules les trajectoires d’innovation, en fonction des marchés et non du bien commun.
La question du cellulaire à l’école révèle cela avec une limpidité désarmante : nous n’avons pas choisi collectivement ces milieux technologiques. Ils se sont imposés par effet de masse, de marketing, de dépendance économique et d’absence de contre-pouvoirs.
Ce que révèle le débat actuel : une soif de reprise en main.
Le débat sur l’interdiction du cellulaire à l’école est un signal. Un symptôme d’une vive exemplarité, portant sur un outil total, faisant déjà milieu et aux répercussions multidimensionnelles amorcées dès sa production. Il révèle un besoin urgent de réinvestir démocratiquement la question des milieux de vie. De cesser de confondre innovation avec progrès. De retrouver une capacité collective à dire non, ou à dire autrement, face à des technologies qui modèlent nos vies en profondeur, souvent sans notre consentement.
Il ne suffit plus de s’indigner ou de réglementer ponctuellement. Il faut instituer une véritable politique des technologies.
Pour aller au-delà de la gestion à chaud des symptômes, nous proposons la création d’un Conseil des technologies et des milieux, permanent, indépendant et citoyen. Sa mission serait d’évaluer les effets sociaux, cognitifs et écologiques des technologies émergentes, de lancer des conventions citoyennes sur les choix technologiques structurants (école, santé, mobilité, IA, agriculture, etc.), de proposer des solutions de rechange concrètes, sobres, réparables, désirables, et soutenables à long terme, et d’armer le pouvoir public sur le plan des savoirs comme de la planification.
Interdire les téléphones intelligents dans les écoles est une mesure nécessaire. Mais elle ne suffira pas si, hors de l’école, les enfants retrouvent un monde tout entier conçu pour capter leur attention, formater leurs désirs, standardiser leurs gestes et dissoudre leur capacité à être présents à eux-mêmes, aux autres et au monde.
C’est pourquoi cette interdiction doit être le point de départ et non le point final.
Elle doit ouvrir une ère nouvelle : celle d’une démocratie remettant en question les technologies, capable de reprendre prise sur ses milieux. Une démocratie capable d’orienter ses choix techniques, non vers la seule efficacité ou rentabilité, mais vers des formes de vie qui valent d’être vécues, transmises, désirées.
Il est temps.
Et nous sommes nombreux à vouloir cela.
*Ont cosigné cette lettre : Alexandre Dumas, historien, Trois-Rivières ; Joane Cyr, designer technologue architecture, Rawdon ; Michel Keable, La Prairie ; Bruno Dubuc, vulgarisateur scientifique, Montréal ; Christian Robert de Massy, illustrateur, artiste, Montréal ; Marc Chénier, agronome retraité, grand-père et écologiste, Saint-Jérôme ; Claudie Bélisle, étudiante en acupuncture, Gatineau ; Paul Racicot, réviseur, Salaberry-de-Valleyfield ; Claude Maryse Lebeuf, retraitée de l’enseignement ; Andrea Levy, chercheuse indépendante, Montréal ; Élisabeth Vonarburg, ex-enseignante, écrivaine, traductrice, Chicoutimi ; Sophie-Luce Morin, écrivaine, Shefford ; Antoine Carrier, fermier de famille, Québec ; Bärbel Reinke, responsable du service à la clientèle et chroniqueuse littéraire, Québec ; Bastien Boucherat, étudiant chercheur en géographie, Montréal ; Claire Dé, écrivaine, Montréal ; Daniel Heikalo, Saint-Jean-de-Matha ; Catherine Côté, politologue, Sherbrooke ; Patrice Côté, consultant en communication ; Nane Couzier, écrivaine, Les Cèdres ; Nathan Dratler, Montréal ; Christian Vézina, auteur, Sainte-Anne-des-Lacs ; Stéphane Brousseau, Québec ; Rémi Lesmerises, docteur en biologie, Gaspé ; Louis Marion, essayiste, Montréal ; Anne Latendresse, professeure d’université, Montréal ; Emmanuel Trotobas, assistant de recherche en sciences sociales, Saguenay ; Zvi Leve, Montréal ; Catherine Dorion, artiste, Québec ; Muriel Charreton, Montréal ; Denis Dionne, Sainte-Anne-des-Plaines ; Normand Boisvert, Montréal ; Anne-Marie Le Saux, professeure de sociologie, Collège Maisonneuve, Montréal ; Benoit Gagné, analyste en stratégie, Montréal ; Céline Lamy, pédopsychiatre, professeure associée à l’UdeM et autrice, Montréal ; Frédérique Bernier, écrivaine, Montréal ; Chantal Latendresse, intervention agro-écologie et maman-éducatrice, SJPJ ; Grégoire Gerardin, designer graphique, Sainte-Hélène-de-Kamouraska ; Yves-Marie Abraham, professeur à HEC, Montréal ; Anne-Marie Charlebois, infirmière, Montréal ; Isabelle Grégoire, formatrice en sciences de l’environnement et géographie, Sutton ; François Saillant, militant pour le droit au logement et auteur, Montréal ; Guy Perreault, Saint-Pacôme ; Nicolas Boisclair, réalisateur de films documentaires, Laurentides ; Nata Porowska, maraîchère et étudiante à la maîtrise en philosophie, Havre-Aubert ; Jean-François Bourgeault, professeur de littérature au Cégep Saint-Laurent, Montréal ; André Turmel, professeur retraité de sociologie à l’Université Laval, Québec ; Josée Masse, inspecteur (ACIA), Saint-Charles-Borromée ; Pierre Tourangeau, auteur, Montréal ; David Maurice, citoyen engagé, Sherbrooke ; Martin Poirier, écologiste, Rimouski ; Geneviève Dorion Bélisle, citoyenne engagée, Sherbrooke ; Patrice P.-Martel, épicier, Montréal ; Karel Mayrand, Montréal ; Jonathan Martineau, professeur de philosophie, Université Concordia ; Elsa Moreau, Québec ; Diane Poupart, agente immobilier, Montréal ; Robert Durocher, enseignant retraité et auteur, Saint-Jérôme ; Annie Landry, Étang-du-Nord ; Jonathan Durand Folco, professeur et auteur, Gatineau ; Louise Vandelac, professeure titulaire, UQAM ; Daniel Green, écotoxicologue ; Carole Poliquin, réalisatrice ; Jacques Laurin, directeur général et artistique, Outremont ; Charles-Eugène Bergeron, jardinier-conseil, Leclercville ; Olivier D. Asselin, réalisateur de La pensée-machine ; Benoit St-Hilaire, enseignant, Matane ; Mélissa Grégoire, professeure et écrivaine, Montréal ; Serge Rodier, anthropologue, Compton ; Margaret Little, musicienne, Montréal ; Martine Desjardins, écrivaine, Mont-Royal ; Bruno Desbois, retraité de l’enseignement, Montréal ; Christophe Gauthier, enseignant, Cégep de Saint-Laurent, Montréal ; Ian Segers, éco-conseiller, Chicoutimi ; Ambre Fourrier, doctorante en sociologie, UQAM, Montréal ; Sara Trottier, professeure de littérature, Le Bic ; Mikael Rioux, gardien de l’Île aux Basques, Trois-Pistoles ; Michel Rochon, auteur, conférencier et musicien, Montréal ; Béatrice Alain, Chantier de l’économie sociale, Montréal ; Noémi Bureau-Civil, transformatrice alimentaire, Saint-Valérien ; Guillaume Bazire, charpentier-menuisier, Saint-Valérien ; Pierre-Luc Arsenault, conseiller municipal, enseignant, Chandler ; Martin Zibeau, étudiant en psychosociologie, UQAR, Gaspésie ; Marcel Lapointe, ingénieur, Sherbrooke ; Béatrice Cadrin, journaliste culturelle, musicienne, Montréal ; Anne Little, enseignante retraitée, musicienne, Montréal ; Mathieu Perchat, philosophe, chercheur, Rimouski ; Dave Anctil, chercheur associé à l’OBVIA et au CRÉ-Université de Montréal ; Carol-Ann Kack, agente de développement communautaire, féministe, Rimouski ; Lucie Villeneuve, militante justice et droits sociaux, Québec ; Lorraine Simard, conseillère stratégique ESG + C et économie circulaire, Saint-Lazare ; Annette Gonthier, recherchiste, Montréal ; Coralie Beaumont, étudiante au doctorat en droit, UdeS ; Johanne Couture, professeure au Conservatoire de musique de Gatineau ; Anik Ste-Marie, suppléante et aide à la classe, Nominingue ; Annie Cossette, mère et psychiatre, Québec ; Yvon Rivard, écrivain, Montréal ; Guillaume Lallier, médecin de famille, Montréal ; Pierre Bédard, entrepreneur social engagé, Richmond ; Lavinia Botez, entrepreneure et chargée de cours, Orford ; Sara Bernard, Montérégie ; Yannick Moisan, frigoriste, Saint-Hyacinthe ; Eric Martin, professeur de philosophie au cégep et auteur, Saint-Jean-sur-Richelieu ; Sébastien Mussi, professeur de philosophie et auteur, Cégep Maisonneuve, Montréal ; Marie-Josée Béliveau, ethnogéographe et professeur de géographie ; Samie Pagé-Quirion, professeure de sociologie, cégep Saint-Jean-sur-Richelieu.
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