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Insuffler la vie aux squelettes de mammifères marins

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Depuis 25 ans, Mike deRoos est articulateur de squelettes de mammifères marins, tels que des baleines ou des loutres de mer, en Colombie-Britannique. Dans son atelier de l’île Salt Spring, il nettoie, ponce, perce, et relie entre eux les os de petits et grands résidents des océans.

Rien ne le prédestinait à ce métier original, si ce n’est peut-être sa propension dans son enfance à construire des modèles réduits d'avions ou de bateaux, son esprit orienté vers la mécanique, les sciences et l'ingénierie et sa passion pour les animaux.

Je suis tombé sur cette carrière par hasard, raconte le biologiste dans son atelier où se côtoient un dauphin de Risso et un cachalot pygmée.

Tout commence il y a plus de 20 ans, grâce à un cours sur les mammifères marins et un premier squelette de loutre de mer à Bamfield, dans l’ouest de l’île de Vancouver.

Mike deRoos travaille ensuite plusieurs étés à Telegraph Cove, dans le nord de l’île, au moment où le désormais célèbre Whale Interpretive Centre ouvre ses portes, en 2002. Jim Borrowman, l’un des codirecteurs, se souvient des débuts de l'articulateur.

Je m’en allais [faire un tour sur les baleines] un peu pressé et [Mike] a dit : "Eh, je peux assembler ça?" et j'ai répondu oui sans vraiment comprendre ce qu'il disait et sans vraiment réfléchir à ce qu'il voulait faire.

Mike deRoos fait alors référence aux os d’un rorqual à museau pointu de 18 mètres de long, pesant probablement 60 tonnes, récupéré en 1999 après avoir été heurté par un bateau de croisière.

C'était le plus grand que nous avions, explique Jim Borrowman en parlant du squelette. S’il parle au passé, c’est parce que le Whale Interpretive Centre a été ravagé par les flammes le 31 décembre. Cela a été un choc pour toute la communauté.

Nous avons perdu presque tout ce qui s'y trouvait. Nous avions 25 squelettes assemblés, articulés et suspendus, mais il en restait bien plus dans les réserves, tous en cours de préparation. C'est un travail colossal d'essayer de remplacer autant de squelettes. Il a fallu près de 40 ans pour les rassembler.

Parmi ces squelettes, Mike deRoos en avait assemblé au moins huit. Après la sidération de la nouvelle, c'est le chagrin qui l’a envahi.

On développe une véritable relation avec chaque animal sur lequel on travaille. D'une certaine manière, j'ai eu l'impression de perdre d'un seul coup une foule de vieux amis. [Le Centre] était un endroit incroyable.

Mike deRoos dans son atelier, entouré de squelettes.

Mike deRoos explique que, en général, pour une baleine, il faut environ deux ans entre le moment où elle est récupérée et celui où elle est accrochée dans un musée.

Photo : Radio-Canada / Mélinda Trochu

Face à la vague de soutien, Mike deRoos est convaincu qu’il est possible de reconstruire à zéro. Il a hâte, dit-il, de créer une nouvelle collection. Il met d’ailleurs les dernières touches à un cachalot pygmée qui sera ensuite exposé à Telegraph Cove.

Avec soin, Mike deRoos plie le tuyau en acier qui traverse le squelette pour obtenir le mouvement qu’il souhaite, car si ce biologiste travaille avec des animaux morts, c’est bien leur vie qu’il souhaite célébrer.

Parfois, il donne même des surnoms aux animaux qu’il assemble comme fluffy (cotonneux) pour un grand cachalot qui avait été retrouvé flottant dans un état de décomposition assez avancé.

Le Michel-Ange des squelettes

Andrew Trites, directeur de la Marine Mammal Research Unit, de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), a d’abord connu Mike deRoos quand il était son professeur. Il a ensuite travaillé au moins à huit reprises avec lui sur des projets de squelettes, dont une baleine bleue exposée au musée d’histoire naturelle Beaty.

Pour lui, il n'y a aucun doute, le travail de Mike deRoos est un art. Il se sent chanceux de connaître l’articulateur.

Vraiment, pour moi, c'est le Michel-Ange des squelettes. Il est vraiment extraordinaire. Il y a un côté artistique, mais aussi, il est comme un ingénieur, qui doit connaître le matériel, comment mettre les choses ensemble, et il y a une autre partie qui est biologiste. Quand il voit les os, ce n'est pas un matériau qui est mort.

Un ensemble complet d'ossements d'une baleine grise.

Les ossements d'une baleine grise découverts en mai 2018 et nettoyés par Mike deRoos.

Photo : La Presse canadienne / CHAD HIPOLITO

Mike est probablement au sommet de son art, alors que peu de gens dans le monde travaillent dans ce domaine spécialisé, renchérit Jim Borrowman.

Son plus grand secret, c'est qu'il remet la vie dans quelque chose qui est inanimé.

Un crâne de petit rorqual au Whale Interpretive Centre, en 2023.

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Vidéo accélérée montrant l'assemblage d'un rorqual à museau pointu par Mike deRoos au Whale Interpretive Centre, en 2023.

Photo : Whale Interpretive Centre

Mike deRoos travaille à la fois sur des squelettes stockés depuis longtemps et sur des baleines qui viennent de s’échouer. Récemment, il a récupéré, pour le compte du Centre de Telegraph Cove, un rorqual de Bryde, une espèce rarement observée dans les eaux au nord de la même latitude que Los Angeles.

J'ai dit [à Mike et Michiru] en plaisantant que nous voulions terminer [ce squelette] d'ici avril prochain pour pouvoir l'installer dans notre nouveau bâtiment. [Mike] n'a pas dit grand-chose. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire. C'est peut-être possible, mais c'est un gros travail de nettoyage.

Les os de ce rorqual sont désormais dans un bassin de macération en eau douce, à quelques dizaines de mètres de la maison, qui est aussi l'atelier de Mike deRoos. Nous avons dû déplacer ce réservoir [loin] de notre maison parce que ma famille n'était pas très contente de moi pendant quelques jours.

Outre la présence des mouches et des vers, l’odeur est assez désagréable.

Si vous avez un peu de chair de baleine en décomposition sur le volant de votre voiture [et que] par exemple vous n'y prenez pas garde, l'odeur vous suivra pendant des mois. C'est horrible.

Une entreprise familiale

Mike deRoos travaille avec sa femme, Michiru Main, qui s’occupe du côté administratif et du travail de finition des os. C'est une artiste peintre et sculptrice d'os incroyablement douée, dit-il. Leurs enfants aident aussi dans différents domaines, et l’un d’entre eux est même plutôt doué avec une meuleuse d'angle.

Miya deRoos porte des ossements.

Miya deRoos, 9 ans, et son père, Mike deRoos, aident à décharger les ossements d'une baleine grise déterrés en mai 2018 pour être utilisés dans le cadre d'une collection au Musée royal de la Colombie-Britannique à Victoria, en 2018.

Photo : La Presse canadienne / CHAD HIPOLITO

Outre des perceuses, des outils Dremel et des adhésifs à l'époxy, Mike deRoos utilise également la numérisation 3D et la conception assistée par ordinateur. Maintenant, nous pouvons avoir un squelette complet, avec chaque os numérisé, et en obtenir des modèles 3D, puis les articuler sur ordinateur.

En consultation avec des ingénieurs ou des architectes, l’artisan s’assure que ses assemblages, pesant parfois 3 tonnes, sont solides, pour qu’ils ne tombent pas sur la tête d’écoliers en visite dans les musées.

À raison d’environ un squelette par an depuis 25 ans, les créations de Mike deRoos sont éparpillées dans des centres d'interprétation, des musées ou des établissements d'enseignement à travers le monde, jusqu'en Australie.

C'est l'un de mes moments préférés de terminer un projet, rester dans un coin et observer comment les gens interagissent avec le squelette lorsqu'ils entrent et le voient. [...] C'est incroyable, certaines personnes sont émues aux larmes. Nous avons [même] eu des gens qui se sont mariés sous nos squelettes, ils sont vraiment puissants.

Mike deRoos souhaite que ses squelettes contribuent à sensibiliser le public à l'environnement de ces mammifères et à la nécessité de les préserver.

Andrew Trites voit les effets concrets de ces créations, des points de conversation pour parler de la vie de [ces animaux]. À l’UBC, dit-il, il y a des étudiants qui viennent pour observer l’anatomie des mammifères ou encore les dessiner.

Pour les chercheurs, également, il est important d'avoir ces squelettes dans leur espace de travail. Cela rend les choses plus réelles aussi pour nous de voir pourquoi on travaille [si] fort pour les mammifères marins, c'est pour les protéger.

Mike deRoos et Andrew Trites en hauteur devant un squelette de baleine bleue.

Andrew Trites (à droite) assure que Mike deRoos (à gauche) est un « gars très sympa [...] fort dans tout ce qu'il fait pour les squelettes, mais aussi un très bon biologiste ». On les voit ici, lors de l'installation à l'UBC, en 2010, du squelette de baleine bleue.

Photo : Fournie par Andrew Trites

À Telegraph Cove, Jim Borrowman espère pouvoir exposer le cachalot pygmée sous une tente cet été, et que le bâtiment sera reconstruit d’ici avril 2026. Trois squelettes ont été épargnés par les feux, dont deux, car ils se trouvaient chez Mike deRoos.

Si Jim Borrowman reconnaît qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour que le Centre rouvre ses portes, il espère continuer à travailler avec Mike deRoos et Michiru Main.

J’aimerais vraiment les occuper pendant quelques années, conclut-il en souriant.

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