Les sinistres liés aux fuites ou à l'infiltration d’eau causent du tracas à des locataires de la région d’Halifax, en Nouvelle-Écosse. Face à l'inaction des propriétaires, une fonctionnaire provinciale suggère une réduction des loyers.

L'appartement de Karen Crane, situé au dernier étage d'un immeuble dans le quartier Armdale à Halifax, offre une vue imprenable sur le plan d’eau de Hail Pond, mais son salon ressemble à un chantier de construction.

Les canapés sont recouverts par des bâches pour éviter qu'ils prennent l'eau et les lattes du plancher ont été arrachées, révélant la dalle de béton.

La bande de plâtre s’effrite sous sa baie vitrée et les clous tombent un à un.

L’infirmière qui vit dans cet appartement a expliqué avoir développé une certaine résilience au cours des 10 dernières années, mais commence à perdre patience.

Je suis un peu déprimée, vous savez, je m'affaiblis.

La locataire Karen Crane a constaté la dégradation de l'état de son apparteent en mai 2025.

Photo : Karen Crane

Depuis 2015, des problèmes de chauffage et d'infiltration d’eau par la fenêtre ont causé des inondations sur son plancher à plusieurs reprises.

Près d'une décennie plus tard, le problème n'a pas été réglé, malgré une ordonnance en sa faveur du programme de location résidentielle de la Nouvelle-Écosse et une ordonnance d'un responsable du bâtiment municipal exigeant que les réparations soient terminées d'ici la fin avril.

Je ne pense pas que ce soit censé être ainsi, mais il semble y avoir des trous qui doivent être comblés, déplore Karen Crane en entrevue à CBC.

Un cas non isolé

L’avocate salariée de l'Aide juridique de la Nouvelle-Écosse à Halifax, Nora MacIntosh, affirme qu’elle entend très régulièrement les difficultés de locataires qui ont du mal à faire effectuer des réparations dans leurs logements.

Ce qui est frustrant, c'est que bien souvent, les conseils que nous pouvons donner ne semblent pas très utiles, car il n'y a pas beaucoup d'options auxquelles les gens peuvent accéder pour effectuer des réparations, regrette-t-elle.

Des locataires épuisés

Karen Crane dit qu'au fil des ans, son propriétaire Navid Saberia a envoyé différentes personnes pour évaluer les problèmes d'inondation et de chaleur et essayer de les résoudre, mais rien n'a fonctionné sur le long terme. La locataire explique qu'elle est restée parce qu'elle aimait son appartement, que son loyer était abordable et qu'elle pensait sincèrement que le problème se résoudrait.

Finalement, en 2024, elle s'est tournée vers le programme de location résidentielle de la province, qui règle les conflits entre locataires et propriétaires au moyen d'audiences, exigeant des réparations.

Elle a aussi contacté les services municipaux d'Halifax et un agent du bâtiment résidentiel s'est rendu à son appartement. Il a ordonné que les réparations soient terminées avant le 30 avril 2025.

Il m'a dit : c'est terrible, ça va être réparé dans un mois

Karen Crane dit qu'elle ne l'a jamais revu.

Aucun représentant du service des normes de construction ne s’est rendu disponible pour une entrevue, mais la Municipalité a assuré dans une déclaration écrite à CBC qu’un nouvel avis permettra au propriétaire d'être pleinement informé des défauts et d'établir un délai raisonnable pour la réalisation des travaux.

Si les travaux ne sont toujours pas terminés à la fin du délai en août, la dernière option est que la Municipalité termine les travaux dans le cadre d'un processus de recours ou renvoie l'affaire devant les tribunaux, indique une porte-parole de la Municipalité régionale d'Halifax, Sarah Brannen, dans un courriel.

Demander une réduction de loyer?

La fonctionnaire provinciale responsable des locations résidentielles, Melissa Mosher, recommande aux locataires qui se trouvent dans la même situation que Karen Crane de demander une réduction de loyer jusqu'à ce que les réparations soient effectuées.

C'est certainement quelque chose que je souhaite voir plus souvent, parce que je pense que c'est une méthode beaucoup plus efficace, assure-t-elle.

Le propriétaire de l’immeuble où habite Karen Crane n’a pas immédiatement répondu aux demandes d’entrevue de CBC au sujet de la lenteur des réparations exigées.

Avec les informations de Nicola Seguin, de CBC