Des nuages de poussière flottent dans la maison de Dieu. Ravagée par les flammes en juillet 2020, la cathédrale de Nantes (Loire-Atlantique) a passé le printemps partiellement éventrée. Les tranchées pratiquées sous le sol de l’église sont désormais en cours de comblement, les dalles sont remises en place. L’opération, nécessaire, correspondait aux travaux de sécurisation d’électricité du bâtiment. Aussi envahissante que salissante, cette séquence du chantier de restauration de l’édifice religieux, entamé en 2023, touche à sa fin et laisse entrevoir la réouverture partielle du site, en septembre. Des plaies subsisteront cependant, malgré toute la chirurgie déployée sur les pierres, les bois et les métaux de la cathédrale.

Ce mercredi matin, les ouvriers procédaient au démontage des ornements pendants des clés de voûte de la nef. Architecte en chef des monuments historiques, Pascal Prunet a suivi avec attention la descente, sur 37 mètres, de l’une de ces pièces de bois finement ouvragées et décorées des armes de France et de Bretagne. Des fissures parcourent l’essence, en partie calcinée lors de l’incendie criminel de 2020. Les quatre ornements ne retrouveront pas tout de suite leur place d’origine. Ces pièces démontées, qui remplacent depuis 1987 les clés de voûte historiques, ont été dégradées par les flammes et polluées au plomb. Elles seront restaurées puis reposées «ultérieurement» dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes.

Ne pas «s’acharner»

Les travaux les moins cruciaux se font à l’abri de l’urgence. Les investigations aussi. «Aujourd’hui encore, nous ignorons le bilan complet des conséquences de l’incendie, abonde Pauline Ducom, conservatrice des monuments historiques à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) des Pays de la Loire. Des altérations peu dangereuses, mais pas encore visibles, peuvent se cacher au sein de la cathédrale. Cela fera l’objet de travaux au long cours, pendant la prochaine décennie.»

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Dans la nef en travaux, des taches noires sont encore visibles sur les piliers, près des secteurs où se sont consumés les trois foyers de l’incendie de 2020. Ces cicatrices seront encore présentes à la réouverture de la cathédrale. Les derniers travaux achevés, ces ombres formeront les séquelles les plus visibles du sinistre. «Des dépoussiérages seront réalisés avant la réouverture de septembre, mais des traces de suie subsisteront sur certaines surfaces, concède Pauline Ducom. Nous ne sommes pas parvenus à les nettoyer par gommage et avons, par conséquent, fait le choix de ne pas nous acharner, d’autant que ces pierres ne présentent aucun danger structurel ni de problème de conservation».

D’autres travaux attendent d’être menés à Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. Le retour à la blancheur immaculée des piliers attendra. «Une cathédrale est comme un grand vaisseau, toujours en chantier, où il faut sans cesse colmater les brèches ou lutter contre la rouille», relève Pascal Prunet. Le chantier des réseaux de l’édifice conçu au XV^e siècle devrait s’achever fin mai. L’étape était l’occasion de revoir de zéro toutes ses installations techniques souterraines et de donner lieu à des sondages archéologiques. La cathédrale rouvrira au public le 27 septembre 2025. Les travaux se poursuivront encore avec l’important chantier du massif occidental. L’entrée du lieu de culte se couvrira d’échafaudages dans le courant du mois de juin. La fin de ces grands travaux n’est pas attendue avant 2028. Le coût estimé de l’ensemble devrait avoisiner, en fin de chantier, les 32 millions d’euros.