NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que la République démocratique du Congo et le Rwanda s’apprêtent à signer un accord de paix à Washington, plus de 600 personnalités appellent à l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes de la milice M23 et le pillage des ressources congolaises.
L’avancement des négociations de paix, sous l’égide des États-Unis, du Qatar et de la médiation confiée au président du Togo, Faure Gnassingbé - au nom de l’Union africaine - permettent de rendre, enfin, l’espoir aux Congolais. Pour ne pas effacer les affres de ce conflit, et afin de ne pas oublier les victimes d’un conflit trentenaire, dont la prise de Goma, au Nord-Kivu et de Bukavu, au Sud-Kivu, il y a quatre mois, un collectif des « justes » du Congo entend ne pas taire la vérité et réclamer une justice impartiale, sans compromis pour les 7 à 8 millions de victimes, presque autant de personnes déplacées, 25 millions de Congolais se trouvant dans une situation de crise humanitaire aiguë.
Ces femmes et hommes congolais, français, européens et du reste du monde entendent ainsi dénoncer vertement les affres et souffrances occasionnées par les conflits depuis le début des années 1990, à l’est de la République démocratique du Congo.
À lire aussi Conflit en RDC : la signature d’un accord de paix avec le Rwanda prévue le 27 juin
Face à ce silence assourdissant, nous prenons la parole et la plume pour dénoncer le déni de réalité qui couvre une des trois plus grosses crises humanitaires qui se déroule sous les yeux d’une communauté internationale, aphone et plus encline à détourner le regard face à la gravité des crimes contre l’humanité commis à l’est de la RDC. Comme est venu le rappeler l’ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies, en charge des affaires humanitaires, Jan Egeland, « le niveau de négligence global dont sont victimes les civils dans l’Est de la RDC devrait faire honte aux dirigeants du monde ».
Lorsque l’Europe était plongée dans les ténèbres de la Seconde Guerre mondiale, des femmes et des hommes se sont levés pour dire non à la barbarie nazie. Ce sont les « Justes » parmi les nations. Aujourd’hui, tandis qu’un autre cri étouffé résonne en République démocratique du Congo, nous, fils et filles du Congo, nous citoyens du monde épris de justice, nous nous levons à notre tour pour dire non à l’intolérable.
Nous réclamons la suspension de toute coopération avec les États et les acteurs impliqués dans le massacre des populations civiles et le pillage des ressources naturelles et minières de la République démocratique du Congo.
Les justes d’aujourd’hui ont choisi de ne pas détourner les yeux ; depuis plus de 25 ans la République démocratique du Congo est dévastée par une guerre silencieuse, menée par le Rwanda. Ce conflit qui a plongé l’est du pays dans l’horreur a engendré une véritable tragédie humaine : des millions de civils massacrés, des villages rasés, des populations déplacées, des viols massifs institués en armes de guerre et enfin le pillage systématique des ressources.
Face à l’indifférence générale, nous dénonçons avec force et vigueur le silence complice de la communauté internationale. Les rapports s’accumulent, les preuves sont là pour incriminer l’armée rwandaise et pourtant rien ne bouge : la tragédie congolaise demeure invisible comme si ces vies comptaient moins que d’autres.
Des intérêts géopolitiques cyniques entretiennent la guerre pour créer le chaos et piller les ressources congolaises dans la plus grande impunité. Acteur central en Afrique et pays des droits de l’homme, la France en ayant fait le choix de se taire, se rend complice par omission des horreurs commises en République démocratique du Congo par la milice M23, bras armé du Rwanda.
Face la barbarie de cette guerre, nous exigeons ainsi une plus ferme condamnation immédiate et sans équivoque des crimes commis en République démocratique du Congo par le Rwanda, les groupes armés et les États qui les soutiennent.
Nous réclamons la suspension de toute coopération avec les États et les acteurs impliqués dans le massacre des populations civiles et le pillage des ressources naturelles et minières de la République démocratique du Congo.
Dans le cadre d’un conflit lié à l’exploitation criminelle, en tout cas, échappant à l’autorité étatique, des ressources minières, aurifères, diamantifères, gazière et pétrolière, nous sollicitons qu’une enquête indépendante soit conduite sous l’égide de l’ONU et de la Cour Pénale Internationale (CPI), et ce, afin que justice soit rendue aux victimes et que leurs bourreaux soient poursuivis.
Face à la banalisation de l’horreur, nous refusons et réfutons l’oubli systémique dans lequel est plongée la RDC.
La société civile française et les médias doivent se mobiliser pour faire de la tragédie congolaise un enjeu central du débat public. Il conviendrait de prendre, enfin, des sanctions immédiates contre les individus, entreprises et institutions qui profitent de cette guerre pour s’enrichir, sans se soucier du sort réservé aux populations congolaises.
Il faut faire appliquer les directives du conseil de sécurité de l’ONU : la résolution 27/65 adoptée le 20 décembre 2024 qui exige de tous les groupes armés et des réseaux qui les soutiennent l’arrêt immédiat des violences perpétrées dans l’est de la République démocratique du Congo ; et surtout, la résolution 2773 du 21 Février 2025 qui ordonne le retrait du M23 de toutes les zones illégalement occupées.
Face à la banalisation de l’horreur, nous refusons et réfutons l’oubli systémique dans lequel est plongée la RDC. La République démocratique du Congo doit cesser d’être un cimetière ignoré du monde pour reprendre sa place de pays porteur d’avenir. Ne laissons pas la barbarie s’enraciner. Comme le rappelait feu le pape François, en février 2023, lors de son déplacement en RDC, à Kinshasa « nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans le pays » !
Le monde sait. Le monde regarde. Le monde se tait. Le silence doit cesser. La vérité doit jaillir. La justice doit triompher. La participation de la RDC au Conseil de sécurité de l’ONU, à partir de 2026 devra y contribuer, impérativement !
Pour que la paix commence aujourd’hui, il nous faut ainsi briser l’assourdissant silence qui voit plusieurs dizaines de milliers de personnes mourir et plusieurs centaines de milliers de Congolais être forcés à quitter leurs foyers. Nous pensons, en effet, qu’il n’y a sûrement pas de fatalité, comme l’écrivait, en 1952, Frantz Fanon, que le Congo demeure la « gâchette » du continent africain, que le panafricaniste comparait, dans son ouvrage « Peau noire, masques blancs » à un revolver…
Liste des signataires :
Vicky KATUMWA, Sénatrice de la RDC ; Madeleine NIKOMBA SABANGU, Sénatrice de la RDC ; Arlette BAHATI, Sénatrice RDC ; Jean-Michel SAMA LUKONDE KYENGE, Président du Sénat de la RDC ; Aristide BULAKALI MULULUNGANYA, Sénateur de RDC ; Célestin VUNABANDI, sénateur de RDC ; Justin KALUMBA, Sénateur de la RDC ; Pierre KANDA KALAMBAYI, Sénateur de RDC ; Micket KABASELE, Sénateur de RDC ; Clément MIYA, Sénateur de RDC ; Pierre PUNGWE, Sénateur de RDC ; Masudi RAMAZANI, Sénateur de RDC ; Emile NGOI KASSONGO, Ambassadeur de la RDC en France ; Bruno FUCHS, Député du Haut-Rhin, Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale ; Carlos MARTENS BILONGO, Député du Val-d’Oise, Président du groupe d’amitié France - RDC de l’Assemblée nationale ; Akli MELLOULI, Sénateur du Val-de-Marne ; Pierre-Yves BOURNAZEL, ancien Député, Conseiller de Paris ; Louisa MEZREB, chargée de mission France du Comité des Justes du Congo ; Nadia BEY, journaliste ; Lynda CHAOUCHE, consultante ; Emmanuel DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) ; Rost ADOM, chanteur ; Alfred MIGNOT, journaliste, président de Africapresse ; Adile FARQUANE, journaliste Beur-Fm et Global Africa ; Claire TAWAB, adjointe au maire de Grigny.
Liste complète des 624 signataires : www.lesjustesducongo.com