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Cher Bernard, comment vas-tu ? Je me permets de te tutoyer : après tout, nous avons frayé, jadis, dans le même cercle d’amis. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, et te voilà ministre de l’Éducation. Je te suis avec intérêt dans les médias et je salue ton courage lors de décisions qui ne font pas souvent l’unanimité. Je fais partie de ces enseignants qui approuvent tes nouvelles mesures concernant le vouvoiement des profs et l’interdiction des téléphones portables à l’école. En outre, je t’appuie sans réserve lorsque tu reproches à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) d’utiliser l’argent de ses membres à des fins idéologiques. En effet, quand je consulte mon talon de paie, j’éprouve un grand malaise de constater le montant élevé que je verse en cotisations syndicales qui servent, entre autres, à partir en croisade contre la laïcité, un principe fondamental de la protection des élèves.
La protection des élèves, nous y voilà ! Il semble, qu’au Québec, nous ayons un rapport ambigu avec ce concept. On veut protéger les élèves, mais pas trop… On branle encore dans le manche pour se doter, une fois pour toutes, d’un ordre des enseignants. On se contente d’une version édulcorée appelée le Protecteur national de l’élève.
Par ailleurs, protéger les élèves, c’est aussi répondre à leurs besoins en leur offrant des services ciblés. Ces services se déclinent en plusieurs catégories, que ce soit en orthopédagogie, en orthophonie, en éducation spécialisée ou en soutien linguistique. Tu n’as pas idée, Bernard, en quoi ces services changent tout ! Les supprimer serait un retour en arrière, une régression, une annihilation de tous les efforts déployés et de toutes les petites victoires durement gagnées. Bref, un gaspillage !
Pendant l’année scolaire qui vient de s’achever, quoique nouvellement retraitée, j’ai enseigné en soutien linguistique au primaire. Comme son nom l’indique, le service en soutien linguistique vise à soutenir les élèves avec la langue française qui n’est pas la langue parlée à la maison. Ces élèves, provenant des classes d’accueil, sont intégrés par la suite dans des classes ordinaires. Certains ne sont pas tout à fait prêts et ont besoin d’aide afin de suivre la cadence.
Cela se traduit par des rencontres en petits groupes, de deux à quatre élèves, à l’extérieur de la classe ou en classe. On revoit, à leur rythme, ce qui a été vu avec leur enseignant, on fait des activités de vocabulaire et de prononciation, on lit des textes, on fait des jeux de rôle, on raconte des histoires et on crée même des livres. On crée aussi un lien privilégié qui aide l’élève à se sentir en confiance et à percevoir l’apprentissage du français de façon positive.
Le plan d’action pour la langue française de ton gouvernement, ça se joue aussi à petite échelle, comme dans les classes en soutien linguistique. La pérennité de notre langue, ça passe aussi par ces enfants venant d’ailleurs qui adoptent notre langue et notre culture. Un jeune élève de sept ans, d’origine philippine, me raconte la partie de hockey qu’il a regardée avec ses parents. Puis une autre élève du même âge, d’origine indienne, me demande : « Il est où, le drapeau du Québec ? » en regardant la carte du monde affichée sur le mur de mon bureau. Je t’imagine sourire en lisant ces lignes.
Dernièrement, plusieurs postes de services aux élèves ont été supprimés, dont beaucoup en soutien linguistique. Avec des restrictions budgétaires de 570 millions de dollars, ce n’est pas étonnant. Je sais, Bernard, l’argent ne pousse pas dans les arbres, et de grosses sommes ont été injectées ces dernières années en éducation. Actuellement, on avance d’un pas, puis on en recule de deux. « Avancez en arrière ! » comme diraient les chauffeurs d’autobus.
Travailler efficacement, comme tu le prônes dans les médias, c’est aussi s’attaquer aux angles morts dont beaucoup d’élèves font les frais lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes et n’ont pas accès à des services ciblés. Les services aux élèves ne sont pas un luxe. C’est une consolidation des apprentissages et cela fait partie intrinsèque de l’éducation. Investir en éducation, c’est croire en l’avenir. À notre avenir.
Ressaisissez-vous, Monsieur le Ministre, il est encore temps !
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