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Un livre somptueux évoque, en photos et en peintures, l’évolution de la capitale, du début du XXe siècle à aujourd’hui.
Pendant plus d’un siècle, depuis la Belle Époque jusqu’à nos jours, période couverte par Paris by Paris, la capitale a fait rêver. Ses habitants, les provinciaux, les étrangers. Des écrivains, des peintres, des sculpteurs étrangers s’y sont installés, comme plusieurs musiciens de jazz, émerveillés de constater l’absence du racisme auquel ils étaient quotidiennement confrontés chez eux, en Amérique. Mais, en réalité, il n’y a pas un seul Paris : la ville est et était plurielle. Paris était une fête, disait Hemingway. Une fête passée par Montparnasse, Montmartre, puis Saint-Germain-des-Prés. Les dancings et les bals ont été remplacés par les boîtes de nuit : dans les années 1980, c’est aux Bains Douches et au Palace qu’on festoyait. Aujourd’hui, cette mode semble disparue. On peut vivre sans. Et puis il y a ce fleuve qui coupe la ville en deux. Chacun a ses préférences.
Longtemps, les gens fortunés ont favorisé l’ouest de la rive droite. Puis les écrivains n’ont plus voulu que celle d’en face, où se trouvaient leurs éditeurs. « Je ne traverse jamais le boulevard Saint-Germain, sauf pour aller à Tokyo », disait Antoine Blondin. Les existentialistes fréquentaient le même quartier et le Café de Flore. Blondin, qui préférait le Bar Bac, rue du Bac, ne s’est pas gêné pour gifler Jean-Paul Sartre en public. Les établissements célèbres ne manquaient pas : le Dôme, la Rotonde, la Closerie des Lilas, les bars des grands hôtels, les boîtes de jazz de la rue Saint-Benoît, le Tabou… Les cinémas étaient partout. Mais il y avait aussi un autre Paris, celui décrit à merveille par des écrivains reporters comme Robert Giraud : les clochards qui élisaient un roi à « la Maube », les bistrots minables de « la Mouffe », les ramasseurs de mégots ; et le ventre de la capitale : les Halles, son peuple pauvre et nocturne qui se nourrissait de fruits et légumes pourris, différent des noceurs de Montparnasse ou de Saint-Germain.
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Rive droite, au nord-est, c’était la misère absolue – Willy Ronis a beaucoup photographié Ménilmontant et ses gamins maigrichons –, cernée par la « zone » où grandit Django Reinhardt. Il y avait des quartiers juifs ashkénazes, espagnols, puis maghrébins et asia tiques. Le Marais était sale et noir de crasse. Pigalle, au pied de la butte, était devenu le repaire des truands. Dans Le Piéton de Paris, Léon-Paul Fargue aimait arpenter le boulevard de la Chapelle, Barbès, les gares de l’Est et du Nord. Des enclaves pas très chics, pourtant gigantesques.
Paris by Paris, Assouline
Puis est arrivé Pompidou, le moderniste acharné
Dans les années 1960, la ville a évolué, les jeunes se sont révoltés deux ans avant la fin de la décennie. Les pavés ont volé, les CRS étaient traités de SS, il fallait jouir sans entraves. Cette révolution d’opérette n’a pas laissé grand-chose d’intéressant en héritage. Et puis est arrivée l’ère Pompidou, le moderniste acharné : on lui doit des tours rarement réussies, un musée qu’on a raillé en son temps, surnommé « usine à tuyaux », auquel on a fini par s’habituer. Plus tard, ce fut la transformation des Halles, dont on aurait mieux fait de garder la structure plutôt qu’en faire un endroit horrible construit avec des matériaux de mauvaise qualité, et l’abominable « quartier de l’Horloge ». Merci Chirac. Éric Hazan décrit cette horreur avec perfection dans son chef-d’œuvre L’Invention de Paris.
Mais la ville a été ravalée, elle est devenue plus claire, le Marais ne ressemblait plus à un cloaque. La capitale, dans son ensemble, était présentable. C’était avant les crackeux, les jeunes qui se tuent avec des armes blanches, et les migrants OQTF. Enfin est arrivée Anne Hidalgo : végétalisation ratée, embouteillages accrus, pistes cyclables incompréhensibles, quartiers piétonnisés, transports en commun bondés. Les loyers ont augmenté, la maire de gauche, paradoxalement, a réussi à faire de Paris une ville pour ultrariches, comme l’est devenue Londres où tout le monde doit vivre en banlieue.
Chez nous, les touristes viennent toujours s’émerveiller. Les Parisiens, eux, sont excédés. Paris by Paris, qui réunit photos et peintures réalisées pendant plus d’un siècle, raconte visuellement l’évolution de la ville, même si son état actuel n’est pas réjouissant. Néanmoins, la capitale reste unique et, pour beaucoup, il sera impossible de la quitter. Frédéric Beigbeder, Parisien par excellence, y est parvenu. Il ne peut s’empêcher d’y revenir une fois par semaine. Paris sera toujours Paris ? À voir…