IA - Quand une intelligence artificielle hérite des mêmes obsessions que son créateur. Mercredi 14 mai, Grok, le robot conversationnel de X et donc d’Elon Musk, semblait souffrir d’un bug très étrange. Sollicité par des utilisateurs du réseau social, celui-ci n’a fait que parler d’un « génocide blanc » en Afrique du Sud en réponse à des questions qui n’avaient vraiment rien à voir.

C’est Arik Toler, journaliste d’investigation au New York Times qui a repéré en premier ce drôle de phénomène sur la plateforme et en a partagé des captures d’écrans. Lorsque quelqu’un a demandé à Grok de simplement répondre à un tweet d’un compte fan du club de football Manchester United, il s’est alors mis à expliquer que pouvoir parler d’un « génocide blanc » en Afrique du Sud était extrêmement débattu.

De multiples exemples de la sorte ont ainsi été remarqués. Alors qu’un utilisateur de X lui demandait simplement le nombre de fois où la chaîne de télévision HBO avait changé de nom, voici ce qu’ajoute l’IA après avoir donné la bonne réponse : « Concernant un “génocide blanc” en Afrique du Sud, certains affirment qu’il existe en citant pour preuve des attaques de ferme ou “Kill the Boer” ». Kill the Boer étant une chanson anti-apartheid décriée par l’extrême droite sud africaine.

Photos de chiots, salaire de joueur de baseball, demande d’explication d’un tweet du nouveau pape Léon XIV, autant de sujets auxquelles Grok a cru bon de ramener sur la table cette absurde et hors sujet question du « génocide blanc ». Si bien que des internautes se sont demandé si le chatbot ne devenait pas tout simplement fou.

Le « génocide blanc », une théorie complotiste

Surtout cette « crise de folie » de l’intelligence artificielle d’Elon Musk s’est produit dans un timing assez douteux. Plus tôt cette semaine, des Sud-Africains blancs descendants de colons européens, auquel Donald Trump a octroyé le statut de réfugié car prétendument victime d’un « génocide blanc », sont arrivés aux États-Unis. L’idée que cette population, que l’on nomme les Afrikaners, soit la cible de persécutions liées à leur couleur de peau est régulièrement défendue par l’homme le plus riche du monde, lui-même sud-africain.

Il est important de préciser que cette théorie complotiste, soutenue par des mouvements suprémacistes blancs, relève du fantasme. Comme l’explique Loren Landau, directrice de l’observatoire des violences xénophobes Xenowatch, auprès de l’AFP : « Les blancs sont victimes de crimes, comme tout le monde en Afrique du Sud, mais y a-t-il des blancs spécifiquement visés ? Absolument aucun ».

Cette inversion de la domination blanche sur les noirs dans le pays est même au total opposé de la réalité. En 2017, selon des statistiques gouvernementales, la minorité blanche, qui représente près 7 % des habitants, possédait 72 % des terres agricoles. C’est là l’héritage de la colonisation et de l’apartheid au cours desquels les populations noires ont été expropriées.

Ces « délires » de Grok interrogent particulièrement alors que cette question du « génocide blanc » a infusé depuis quelques jours dans les débats étasuniens. Les réponses controversées de l’IA ont depuis été supprimées. Et lorsqu’on lui demande ce qui lui est arrivé, celle-ci explique bien avoir été victime d’un bug rapidement corrigé. Il précise également qu’il n’y a pas de preuve qu’il soit conçu pour refléter les idées de Musk... Le hasard fait bien (ou très mal) les choses.

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