Le dernier Sommet du G7 au Canada en 2018 s’est terminé par un coup d’éclat du président américain Donald Trump. Sept ans plus tard, la même imprévisibilité est presque garantie, mais selon l’ancien premier ministre Jean Chrétien, le Canada peut quand même sortir gagnant de cette rencontre politique.

Si [Donald Trump] décide de faire son spectacle pour se retrouver dans les nouvelles, il va faire quelque chose de fou, raconte Jean Chrétien à une conférence organisée jeudi par l’École de politique publique de l’Université de Calgary.

En 2018, ce quelque chose de fou avait pris la forme d’un gazouillis sur la route du retour de Charlevoix vers les États-Unis. Donald Trump avait insulté le premier ministre Justin Trudeau le décrivant comme très malhonnête et faible.

L'ancien premier ministre Jean Chrétien a souligné l'importance des rencontres du G7 dont la petite taille permet des discussions franches.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Selon l'ex-premier ministre, cette imprévisibilité est une question autant d'humeur que de distraction pour détourner l'attention des problèmes économiques américains.

Jean Chrétien estime que, en cas de surprise, Mark Carney doit avoir la même approche que celle qu’il a eue dans le bureau ovale de la Maison-Blanche lors de sa visite en mai : ignorer les piques et continuer la discussion calmement.

Avec un "bully", tu dois garder ton calme ou tu l’attrapes par le col de chemise.

Le sénateur Peter Boehm, qui a été sherpa notamment pour le Sommet du G7 à Charlevoix, estime que c’est la bonne stratégie parce que c’est celle qui a fonctionné il y a sept ans.

C’est un mythe de croire que le président Trump a ordonné le retrait de la signature du communiqué conjoint parce qu’il n’y a jamais eu de signatures sur ce communiqué. Quand il est parti, il a envoyé ce tweet, mais le travail a continué, se rappelle-t-il.

Cette fois, un communiqué final n'est pas prévu, mais plutôt de courtes déclarations ciblées.

Des priorités qui assurent un succès

D'après Jean Chrétien, les priorités définies par le gouvernement fédéral pour cette rencontre du G7 semblent les bonnes pour obtenir des avancées.

C'est d’autant plus vrai qu’elles s’alignent parfaitement avec les politiques de l’administration américaine, explique le directeur du Centre d’études canadiennes à l’Université Johns Hopkins, Chris Sands.

Il y a un alignement sur l’énergie qu’on l’appelle dominance énergétique ou un besoin d’alimenter l’intelligence artificielle, explique-t-il à la même conférence. La communauté du G7 partage cette inquiétude et peut faire avancer les États-Unis dans ce domaine.

La même collaboration est possible sur l’approvisionnement en minéraux critiques ou sur les questions d’immigration.

Le G7 pourrait être une occasion pour le leadership américain.

Chris Sands estime aussi que le fait d’inviter la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, à prendre part au Sommet était le bon geste à faire.

La balle est maintenant dans le camp de Donald Trump, s’il veut avoir des conversations en marge pour créer un bloc nord-américain dans les guerres commerciales, fait-il valoir.

Chris Sands se qualifie lui-même d’optimisme et pense que Donald Trump pourrait transformer toute l’attention qu’il a attirée en leadership.