Ce serait bien la différence entre analyses sociologiques et politiques : les premiers tentent d’expliquer les circonstances, de comprendre les causes, les secondes mesurent surtout les adhésions aux motivations d’être ensemble ; ainsi, le comportement du conducteur de train nazi ou soviétique apportant sa cargaison à Auschwitz et au Goulag peut être sociologiquement expliqué et compris en circonscrivant que c’est un “agent” social qui accomplit une tâche dictée par sa hiérarchie, et qu’il doit donc la faire s’il ne veut pas perdre son travail ; tandis que l’analyse politique avancera l’idée que, tout de même, ce conducteur sait, même confusément, ce qu’il fait, mais il le refoule, l’oublie, se dissocie, il fait taire l’éthique au profit de la logique d’appartenance (politeia), partage donc la conviction du leader indiquant qu’en agissant ainsi il participera à la grandeur du Reich ou du Parti et donc du “Peuple”, il met alors un mouchoir sur ses convictions (surtout en route vers Kiev) et fusionne avec le groupe (“unité de la série du groupe en fusion” disait Sartre dans sa Critique de la raison dialectique : sa meilleure thèse…).

Les Gazaouis savent bien ce qui se passe, ce ne sont pas (tous) des idiots (des “neuneus”), la plupart en partagent même le but (les sondages le confirment), celui de détruire Israël afin de continuer à soumettre les juifs encore plus méprisés d’ailleurs que les chrétiens parce qu’ils ont accepté d’être soumis durant plus d’un millénaire et qu’il n’y a pas de raison que cela ne continue pas (même raisonnement que les anti-juifs occidentaux) ; d’autant qu’ils ont comme alliés objectifs tous ces Juifs dits de cour qui disent à leurs congénères de retourner au fond à cette condition initiale, celle du soumis car l’on ne voit pas ce que cela veut dire d’autre si l’on accepte toutes les conditions de cette dernière : trêve de sept ans, évacuation, libération de milliers de tueurs, de quoi aussi arroser le tout de milliards qataris et UE, afin de reconstruire les tunnels et des milliers de drones plus à la mode que les qassam ; c’est que l’élite gazaouie exige comme conditions de “la” paix ; et toute la population gazaouie est d’accord (y compris en Judée Samarie, y compris chez les Arabes israéliens, même s’ils peuvent diverger sur les moyens en particulier ces derniers ; d’ailleurs cet accord est tel que les dirigeants djihadistes aujourd’hui éliminés avaient même indiqué leur surprise devant l’amplitude du soutien se concrétisant par la participation active aux meurtres, viols, vols…

Les Français savent aussi ce qui se passe dans leur propre pays, du moins en grande majorité, puisqu’ils ont voté au second tour des législatives pour des candidats dont ils ne partageaient pas pourtant le projet, du moins au premier tour, et tout en sachant qu’ils allaient l’appliquer tout de même envers et contre tout car au fond ils sont (tous ou presque) d’accord sur l’essentiel : rester dans l’UE, l’Otan, le globalisme étatiste affairiste alarmiste hygiéniste, la classification des meurtres au quotidien comme faits divers ou psychiatriques. Ces Français, là, doivent donc assumer que loin de s’arranger, tout se détériore, aille de mal en pis, et que les minoritaires qu’ils ont portés à l’Assemblée et forts de ce désistement désirent eux conduire cette alliance en réalité subjective, au-delà des nuances qui affichent hypocritement de la pudeur dont ils se débarrassent rapidement dans l’intime, partageant les idées sur les sans-dents, ceux qui ne sont rien et qu’il de s’agit de réprimer sévèrement s’ils bougent le petit doigt, ont le malheur de faire du pain le 1er mai au lieu d’aller voler du Chanel comme le font les “protégés”…

Les Israéliens, hormis cette minorité vouée aux gémonies (“messianiques, extrême-droite” tout comme en France et ailleurs : dès que l’on ne veut pas être soumis nous voilà “hérétiques”) savent bien que durant des années ils ont laissé politiquement prospérer deux monstres à leurs frontières (Bibi compris) en croyant qu’il suffirait de faire des “accommodements raisonnables” pour les calmer économiquement, sociologiquement, or cela ne se passe jamais ainsi psychologiquement car les humains contrairement à ce que croyait Chirac ne se nourrissent pas seulement de pain mais aussi d’espoirs, de rêves, de projections dans la grandeur de leur nation, ce qui leur fait ainsi oublier la dureté “des travaux et des jours”, ce qui fait ainsi que ceux qui se nomment “les” Palestiniens (depuis la naissance de l’OLP en réalité) auparavant ils se disaient juste “Arabes” comme en Berbérie centrale) veulent tous la destruction d’Israël à des degrés divers bien entendu ou les mille et une nuances d’hypocrisie.

Et ces Israéliens le savent, et pourtant ils continuent encore à croire, malgré le 7 octobre et tant de massacres auparavant, qu’en donnant tout ce que les djihadistes veulent ils auront enfin la paix, et ils le veulent tellement qu’une très grosse minorité d’entre eux se prétendant “religieuse” ne veut même pas défendre Israël (puisque pour eux ce n’est pas un État vraiment juif comme leur indiquent leurs interprétations des Écritures) rejoignant ainsi ceux qui voient en ce pays une sorte d’Europe en miniature et pensent qu’en achetant la paix “sociale” tout irait pour le mieux…

En fait, au-delà de ces différences, ces Israéliens sont politiquement responsables de ce qui leur arrive, de même que ces Français, ces Américains (avec cette querelle Trump/Musk montrant bien que l’on ne peut pas tout couper d’un coup politiquement), de même ces Russes qui au plus haut niveau n’arrivent pas encore à croire qu’ils ont affaire à une élite nihiliste qui veut leur destruction leur démantèlement quitte à violer les accords Start I et II stipulant que les bombardiers stratégiques doivent être placés bien en vue afin d’être visibles par satellite…

Les ennemis ainsi s’enhardissent en se disant que puisque les neuneus bien propres sur eux et même académiciens, prix Nobel, etc. ne réagissent pas à leurs propres exactions sinon pour les excuser sociologiquement et non les analyser politiquement autant continuer… D’autant que la plupart (artistes, journalistes, “intellectuels”) sont ignares en politique (malgré leurs diplômes gadget d’universités exsangues depuis des décennies) ; ils ne comprennent pas que l’on peut tuer sous faux drapeau, tirer sur des foules (comme à Sétif) faire croire que le fautif serait celui qui organise la distribution de vivres (perfidie ultime) comme si Israël avait besoin de ce prétexte pour raser Gaza et ce dès le 8 octobre s’il l’avait voulu… Comme si l’État en France ne pouvait pas remettre de l’ordre dans les “quartiers”, comme il l’a fait avec les Gilets jaunes, s’il le voulait…

Lucien Samir Oulahbib