Comment oublier les écoles détruites, les hôpitaux effondrés, les mosquées et les églises réduites en poussière ?

Les bombardements ont arraché les fondations mêmes d'une société : plus d'électricité, plus d'eau, plus de routes. Juste des ruines et des chevaux pour seuls moyens de transport. Même les bêtes n'ont pas été épargnées par ces frappes incessantes.

Je n'oublierai pas ce vieil homme qui, après avoir perdu sa petite-fille, avait crié qu'elle était "l'âme de son âme", et qui, quelques mois plus tard, a lui aussi perdu la vie sous les bombes.

Journalistes délibérément visés

Je n'oublierai pas ces prières funéraires à même les gravats, ni ces médecins opérant sans anesthésie les blessés amputés, les mains pleines de courage mais vides de moyens.

Que dire de ces journalistes délibérément visés et assassinés, afin que nous ne puissions plus rien voir ?

Pourquoi tant de violence ? Quelle cause peut justifier une telle barbarie ?

Comment reconstruire Gaza et réparer les traumatismes vécus par des millions de Gazaouis ? Est-ce seulement possible ?

À Gaza, près de la moitié de la population est composée d'enfants. On compte actuellement plus de 52 000 morts, peut-être le double sous les décombres. Plus de 15 000 sont des enfants. Et des ruines, à perte de vue.

Je n'oublierai pas ces adolescents tendant une casserole vide, espérant recevoir quelque chose à manger.

Je n'oublierai pas ces femmes affamées, incapables d'alimenter leurs nourrissons, et celles qui n'ont eu d'autre choix que de porter des vêtements souillés pendant leurs menstruations.

Je n'oublierai pas ces familles rayées de la surface de la Terre en une seule frappe, des grands-parents aux petits-enfants.

Je n'oublierai pas non plus les otages et les victimes israéliennes, l'empathie ne connaît pas de frontières. Elle est due à toutes les vies humaines.

Mais je n'oublierai pas non plus l'indignation mondiale : celle des rues, des pancartes, des voix citoyennes et même d'une partie de la population israélienne.

Ce génocide, filmé par ses propres victimes, a réveillé les consciences.

Il nous oblige à choisir ce que nous soutenons.

Il nous rappelle que vivre n'est pas seulement une chance : c'est une responsabilité.

La valeur de la vie

Il nous arrive de regarder notre reflet dans un miroir et de ne pas être satisfaits de ce que nous y voyons : des défauts peut-être, des paroles ou des gestes que l'on regrette aussi.

Gaza est le reflet de cette partie sombre de l'humanité, que certains préfèrent ignorer, alors que d'autres veulent à tout prix y mettre fin, car cela n'est pas normal.

Ni là-bas, ni ailleurs.

La valeur de la vie, quelle que soit la personne, doit redevenir le centre des priorités de notre monde.

On dit souvent que l'être humain est la seule espèce à s'autodétruire. J'irai même plus loin : non seulement il se détruit lui-même, mais certains, encore aujourd'hui, n'éprouvent aucune empathie pour cette tragédie. C'est pourquoi parler de Gaza est un devoir d'humanité, au risque de ne plus avoir le courage de se regarder dans un miroir…