MÉDIAS - La Une choc du journal L’Humanité, ce mercredi 14 mai, vous fera sans doute détourner le regard mais elle traduit une réalité actuelle dans la bande de Gaza : la malnutrition aiguë – notamment infantile – qui frappe l’enclave palestinienne.

Cette couverture particulièment dure à regarder – que nous avons intégrée à cet article un peu plus bas – montre la photo en gros plan d’un jeune enfant de la bande de Gaza le visage complètement émacié, les yeux creusés et globuleux, avec la peau sur les os.

L’Humanité dénonce les attaques de « l’extrême droite », qui l’accuse « d’avoir publié une “fausse photo”, documentant l’usage de la faim comme arme de guerre dans la bande de Gaza », comme l’écrit le journal dans un long message publié sur son compte X ce mercredi matin. Sur X, plusieurs utilisateurs affirment que la photo aurait été prise il y a plusieurs années en Turquie, ou que l’enfant souffre de mucoviscidose, accusant L’Huma de manipulation.

Face aux attaques, le quotidien apporte plusieurs preuves. La photo « a été prise le 24 avril dans l’hôpital de Khan Yunis, comme malheureusement bien d’autres, qui saisissent l’horreur infligée aux Gazaouis », écrit L’Huma dans son message sur X signé de la codirectrice de la rédaction Maud Vergnol.

« Il s’agit d’une photographie sourcée, publiée par l’Agence France Presse, qui garantit, grâce à un travail minutieux, l’authenticité et la provenance de ses photos, pour lutter contre l’IA générative », ajoute le journal, qui publie en complément « le bordereau complet » émanant de l’Agence France Presse pour cette photo. Un cliché auquel Le HuffPost a d’ailleurs également accès via l’AFP, et dont la légende ne mentionne pas une éventuelle mucoviscidose.

« Oui, cet enfant gazaoui existe bien. Il s’appelle Osama El Rakab »

« Oui, cet enfant gazaoui existe bien. Il s’appelle Osama El Rakab. Il ne mange pas à sa faim », appuie encore L’Humanité, qui met aussi en avant un nombre : 14 500, soit le nombre d’enfants tués depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023. « C’est plus que le nombre d’enfants tués en quatre ans de guerres dans le monde entier », contextualise Maud Vergnol.

Après 18 mois de guerre, la bande de Gaza a atteint des niveaux de malnutrition « comparables à ceux observés dans les pays confrontés à des crises humanitaires prolongées s’étalant sur plusieurs décennies » comme le Yémen ou le Nigeria, a affirmé mardi l’ONG Médecins du Monde (MDM). Dans un rapport fondé sur les données de six centres de santé qu’elle gère à Gaza, l’ONG signale un lien entre la hausse des taux de malnutrition et la baisse des volumes d’aide entrant dans le territoire palestinien.

Si le cabinet de sécurité israélien estime qu’il y a « actuellement suffisamment de nourriture » à Gaza, sur le terrain, les ONG dénoncent une situation dramatique. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a par exemple annoncé le 25 avril avoir « épuisé tous ses stocks ».

Médecins du Monde explique également qu’en avril 2025, près d’un enfant sur quatre et une femme enceinte ou allaitante sur cinq, parmi le groupe examiné par ses équipes, étaient à la limite ou avaient dépassé le seuil de malnutrition aiguë. L’organisation précise ne pas pouvoir déclarer officiellement qu’une famine est en cours, faute de données complètes sur l’ensemble du territoire palestinien.

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