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« Fuck », « bullshit »… Donald Trump et ses grossièretés sont un défi pour les interprètes

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International 09/07/2025 06:00 Actualisé le 09/07/2025 06:14

Le président américain ne se prive pas d’utiliser des insultes, des jurons et un langage familier qui tranchent avec la communication de ses prédécesseurs.

 Donald Trump et ses grossièretés sont un défi pour les interprètes (image d’illustration)

REMKO DE WAAL / AFP

« Fuck », « kiss my ass », « loser » : Donald Trump et ses grossièretés sont un défi pour les interprètes (image d’illustration)

ÉTATS-UNIS - Comment traduire « fuck » ou « kiss my ass » à une heure de grande écoute ? La question aurait semblé ridicule il y a quelques années, mais elle se pose sérieusement depuis l’arrivée fracassante de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017, et plus particulièrement depuis son retour en janvier dernier. Coutumier des insultes et des propos grossiers ou erratiques, le président américain est un vrai défi pour les interprètes qui traduisent ses discours en direct pour les chaînes d’information en continu ou les radios.

Parmi ses dernières sorties notables, mardi 8 juillet, celle visant Vladimir Poutine, accusé de dire « a lot of bullshit », « beaucoup de conneries » dans la langue de Molière. Ou encore son « they don’t know what the fuck they're doing » lâché au sujet de la guerre entre l’Iran et Israël, qu’on peut comprendre comme « ils n’ont aucune idée de ce qu’ils foutent », voire « ils n’ont aucune putain d’idée de ce qu’ils font ». En février dernier, Donald Trump avait déjà fait parler de lui en associant l’Europe et ses droits de douane au verbe « screw », qu’on peut traduire par « baiser » ou « entuber ».

Comment les interprètes composent-ils avec ces grossièretés et ce style très particulier ? Quelles autres difficultés se posent quand il faut « interpréter » le président américain ? Le HuffPost a demandé leur avis à plusieurs professionnels dont la plupart se sont déjà frottés aux discours du locataire de la Maison Blanche.

« Il ne faut pas édulcorer l’impact de ses propos »

Il faut d’abord bien comprendre ce qu’est l’interprétation. « Nous devons être la voix de la personne qu’on interprète », résume Caroline*, diplômée de l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs de Paris (ESIT) où elle a enseigné pendant 20 ans. « Il faut réussir à dire ce qu’elle aurait dit si elle avait su parler la langue de celui qui l’écoute. » En clair, « interpréter » Donald Trump, c’est dire ce qu’il aurait dit s’il avait parlé en français, en collant à sa personnalité, ses idées et son ton, comme vous pouvez le voir dans la séquence ci-dessous :

« Nous ne sommes pas des traducteurs automatiques », insiste Charles*, qui travaille pour des chaînes d’info en continu depuis 10 ans, « l’idée c’est de transmettre le sens du discours, mais parfois avec des mots parfois différents ». L’objectif est qu’un téléspectateur francophone perçoive le discours de Donald Trump à peu près de la même façon qu’un Américain dont l’anglais est la langue maternelle.

Et rester fidèle au discours du président américain, c’est aussi rester fidèle à son ton et à son niveau de langage. « Les choses qui sont dites sont parfois aberrantes mais voulues, estime Caroline. Il ne faut pas édulcorer ou masquer l’impact de ses propos […], ça fait partie de son identité et c’est sa marque de fabrique. »

« Fuck » ne se traduit pas nécessairement par « putain »

Mais les insultes doivent-elles vraiment être traduites telles quelles ? Pas nécessairement… et ce n’est pas une question de politesse. Comme l’explique Céleste*, qui enseigne l’interprétation et la pratique en freelance pour des médias et des organisations internationales, « la langue française est plus formelle que l’anglais américain, où la familiarité est plus acceptable ». Face au même juron, le public français sera probablement plus choqué que le public américain.

Résultat : « putain » n’est pas forcément la meilleure façon de traduire « fuck », contrairement à ce qu’a dit Yann Barthès dans une séquence de Quotidien que vous pouvez voir ci-dessous et qui n’a pas du tout plu à Céleste. « Une collègue traduit “They don’t know what the fuck they're doing” par “ils ne savent pas ce qu’ils foutent” et Yann Barthès dit qu’elle n’a pas osé traduire l’insulte, alors que ce qu’elle a proposé correspond le plus au niveau de langue », pointe la professionnelle, qui souligne par ailleurs que « “fuck” veut très exactement dire ce que “foutre” exprime en français ».

Un avis partagé par Charles, qui rappelle que la traduction de certains mots est bien moins évidente qu’il n’y paraît. L’interprète prend pour exemple l’expression familière « kiss my ass », elle aussi employée par Donald Trump dans un discours. « Si un Français entend “ass”, il va se dire que ça se traduit forcément par “cul”, détaille-t-il, mais en anglais américain, la vulgarité est moins violente qu’en français. Donc traduire “cirer les pompes” convient mieux que “lécher le cul”. Il faut faire passer la vulgarité du président, mais en respectant le bon degré de familiarité. »

« On a parfois peur d’avoir mal compris »

Un exercice très loin d’être évident, témoigne Vincent Buck, interprète pour des organisations internationales mais aussi pour la RTBF. « Le gros risque, c’est la caricature, estime-t-il. Il ne faut pas choquer le public francophone davantage que le serait un public américain face au discours. » À cette réflexion s’ajoutent les règles propres à chaque média. « Sur le service public belge, il y a des limites sur les propos discriminatoires mais aussi sur le niveau de langage, souligne-t-il. Pour “fuck”, je dirais peut-être plus “fiche” que “foutre”. »

Au-delà des insultes et des jurons, la pensée parfois erratique du président américain peut vraiment décontenancer les interprètes. « Il dit des trucs tellement gros que j’ai parfois peur d’avoir mal compris quelque chose, raconte Céleste. On est souvent dans la crainte d’avoir loupé une négation ou un mot, tant ce qu’il dit semble choquant de la part d’un chef d’État. »

Une réalité qui contraste avec les prédécesseurs de Donald Trump, au point d’amuser Vincent Buck. « Après les discours ouvragés et littéraires d’Obama, où il fallait presque utiliser le subjonctif plus-que-parfait pour être au niveau, je ne pensais pas me retrouver à traiter des gens de “nazes” ou de “losers” », confie l’interprète pour la RTBF.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande de nos interlocuteurs.

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