Force de frappe

On avait notamment retenu de la prestation de Kuwahara au deuxième tour une impressionnante force de frappe mais aussi un léger manque de subtilité, notamment dans La Valse de Ravel. Souvenirs confirmés dès les premières mesures du deuxième concerto en si bémol majeur de Johannes Brahms, qu'elle est la deuxième à jouer cette semaine après Nathalia Milstein lundi : une technique impeccable, une conduite presque sans failles (alors qu'au Brussels Philharmonic, d'ordinaire impeccable, on relève un certain relâchement du côté des cors) mais une inspiration limitée.

On rêve de mise en danger, de souffle, d'émotion, mais la ligne reste littérale, voire parfois scolaire. La candidate japonaise déconcerte parfois – comme dans ce ralentissement subit dans l'allegro appassionato, si radical que les musiciens de l'orchestre ont peine à s'y rallier – mais les aspérités restent rares, et l'ensemble laisse un peu le spectateur sur sa faim. Rétrospectivement, on se dit que l'interprétation du même concerto par Milstein, bien que sans doute moins parfaite techniquement, était singulièrement plus habitée.