Le 5 juin 2024, l’octogénaire avait emprunté à contresens une avenue limitée à 30 km/h, avant de percuter frontalement un groupe de douze enfants roulant à vélo. Photographee.eu / stock.adobe.com

Quatre ans de prison avec sursis ont été requis mardi contre une conductrice octogénaire pour avoir percuté mortellement une fillette à vélo, à La Rochelle en 2024, en raison d'un «trou noir» au volant lié, selon elle, à un «malaise». Cette ancienne vendeuse, âgée de 83 ans et aujourd'hui veuve, a tenu devant le tribunal correctionnel des propos confus et souvent dénués d'émotion, avant de prendre la parole en dernier pour présenter, en larmes, ses excuses aux victimes.

La procureure a également requis une annulation du permis de la conductrice, une interdiction de le repasser pendant cinq ans et une contravention de 200 euros, sans retenir le délit de fuite.

La décision a été mise en délibéré au 22 juillet.

La mise en cause est jugée pour homicide involontaire aggravé pour avoir, le 5 juin 2024, emprunté à contresens une avenue limitée à 30 km/h, avant de percuter frontalement un groupe de douze enfants roulant à vélo. Une fillette de dix ans avait succombé à ses blessures deux jours plus tard et six autres enfants avaient été blessés.

L'octogénaire avait continué sa route, avant qu'un témoin ne l'aide à s'arrêter. Elle avait été contrôlée négativement à l'alcool et aux stupéfiants. «J'ai eu un malaise», s'est défendue à la barre la prévenue. «C'était le trou noir, je ne me rappelle pas. Je n'ai pas d'explication.» «Cet accident aurait pu être largement évitable», a déclaré la procureure dans ses réquisitions, estimant que l'octogénaire, qui avait connu plusieurs malaises, «n'était pas capable» de conduire. «Quand je n'étais pas bien, je ne prenais pas le volant», a répondu l'octogénaire, réservant au tribunal des explications différentes de celles livrées aux enquêteurs sur les symptômes de son malaise et les circonstances de sa fuite.

L’hypothèse d’une syncope

Un expert cardiologue a avancé l'hypothèse d'une syncope, qui n'a pas convaincu le parquet: «Une syncope est une perte de connaissance brutale et brève, avec une perte du tonus postural. Or (...) elle tenait son volant et avait la tête droite», a tranché la procureure.

Chemise jaune bariolée sur le dos, la mise en cause a été critiquée par les parties civiles pour son «absence totale d'empathie», avant d'exprimer des regrets en fin d'audience. «Je demande pardon aux parents et aux enfants, et particulièrement aux parents de la petite Margot», la fillette de 10 ans décédée des suites de l'accident, a-t-elle déclaré, des sanglots dans la voix.

«Je vous fais confiance pour lui rendre justice», avait auparavant déclaré au tribunal Camille Paineau, mère de la jeune victime, en pleurs. La prévenue «a confondu le permis de conduire et le droit de conduire», a plaidé Me Vincent Julé-Parade, qui défend plusieurs parties civiles dont la famille de Margot. «Elle est la démonstration que notre système de conduite, qui se fonde sur l'autoévaluation, ne fonctionne pas bien», a soutenu le conseil.

Me Vincent Berthault, avocat de la défense, a pour sa part sollicité la relaxe, estimant qu'aucun élément médical ne justifiait qu'elle ait dû «remettre son permis» avant l'accident.