Le nombre de visites aux urgences pour des cas d’asthme a augmenté de plus de 20 % en Ontario lors de la première vague d’incendies de forêt en 2023, démontre une analyse (nouvelle fenêtre) publiée dans le journal de l’Association médicale canadienne.

Les chercheurs se sont basés sur des données concernant les visites aux urgences en Ontario entre le 1er avril et le 31 juillet 2023.

Ils se sont notamment penchés sur deux moments précis en juin 2023, lorsque d'énormes panaches de fumée ont recouvert une grande partie de l'Ontario, entraînant une forte dégradation de la qualité de l'air et la suspension d'activités récréatives en plein air.

Pendant ces épisodes de fumée, la concentration moyenne journalière de particules fines (PM2,5) a dépassé les 50 microgrammes par mètre cube (μg/m3). En comparaison, cette concentration était de 7,4 μg/m3 lors de la période qui avait précédé les épisodes de fumée.

Cette analyse montre que le nombre de visites aux urgences pour des problèmes d'asthme a augmenté de 11 à 24 % par jour pendant la première vague de feux de forêt. Les chercheurs ont constaté une hausse du nombre de consultations au cours de la semaine qui a suivi le déclenchement des épisodes de fumée.

Les données montrent par ailleurs que durant le premier épisode de fumée, les urgences ont reçu, au cours des deux premiers jours, 40 % plus d'enfants qui consultaient pour un problème d'asthme, tandis que la hausse du nombre de consultations pour ce motif chez les adultes – qui a atteint jusqu'à 48 % – a perduré pendant une semaine.

Cependant, les chercheurs n'ont pas constaté d'augmentation lors du deuxième épisode de fumée, quelques semaines plus tard.

Pour expliquer cette différence, les chercheurs suggèrent que la première vague a servi d’avertissement, ce qui a incité les gens à prendre davantage de mesures pour se protéger lors du deuxième épisode.

Le Dr Hong Chen, auteur principal de cette étude, ajoute que certains patients ont possiblement reçu des médicaments préventifs pour mieux contrôler leur asthme.

La population de l'Ontario n'était pas habituée aux épisodes de forte fumée d'incendies de forêt et il est donc peu probable qu'elle ait adopté des mesures préventives, peut-on lire dans l’analyse.

Un cycliste porte un masque pour se déplacer à Ottawa en raison de la fumée dégagée par les feux de forêt. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Les preuves s’accumulent

Plusieurs études antérieures (nouvelle fenêtre) en arrivent à des constats similaires : le nombre de visites aux urgences pour difficultés respiratoires augmente chaque fois qu’il y a des feux de forêt.

Par exemple, des chercheurs américains ont constaté (nouvelle fenêtre) une augmentation de 44 % du nombre de cas d’asthme dans les salles d’urgence de New York lors d'un épisode de fumée très dense survenu du 6 au 8 juin 2023. L'augmentation la plus prononcée a été observée chez les personnes de 18 à 64 ans (52 %), suivies des personnes de 5 à 17 ans (32 %) et des personnes de 65 ans ou plus (24 %).

Une autre étude (nouvelle fenêtre) basée sur des données issues de plusieurs États américains a révélé une augmentation de 17 % du nombre de visites aux urgences pour de l'asthme en rapport avec les feux de forêt de 2023 au Canada.

La recherche sur les effets à long terme de la fumée des feux de forêt est encore limitée, précisent les chercheurs canadiens, mais pour eux, il est clair que l'exposition à la fumée des incendies de forêt est tout aussi dommageable que l'exposition à la pollution de l'air causée par la circulation automobile et par les activités industrielles.

L’exposition à la fumée est notamment associée à un risque accru de maladies cardiaques, de cancers et de démence ainsi qu'à une diminution de la qualité du sperme et de la fertilité.

Selon le projet Global Burden of Disease (nouvelle fenêtre), la pollution atmosphérique est le troisième facteur de risque de mortalité en importance dans le monde et est jugée responsable de 8,7 % des décès à l’échelle mondiale en 2017 (soit 6,7 millions de décès prématurés).

Pour les chercheurs, l’année 2023 représente un signal d’alarme. Avec les changements climatiques, les incendies de forêt deviennent plus violents, se prolongent et affectent de plus en plus de personnes, avertissent-ils.

Les événements de 2023 sont une leçon à tirer et non une anomalie à négliger, écrivent-ils (nouvelle fenêtre) en ajoutant que davantage d’études doivent être faites pour mieux comprendre les façons d'atténuer les risques pour la santé.