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À la veille de la remise des prix par Juliette Binoche et son jury, « Marianne » remet ses décorations aux élèves méritants et ses bonnets d’âne aux cancres de la 78e édition du festival.
Palme du courage
Dans Un simple accident, l’Iranien Jafar Panahi, au sommet de son art, met une nouvelle fois en scène l’abjection de mise dans la République islamique. Ce film sur un ancien prisonnier qui croit retrouver celui qui l’a incarcéré et torturé des années plus tôt s’impose comme la fiction la plus audacieuse et courageuse de la compétition. Une tronche de Palme, pour de vrai. Autre représentant du cinéma iranien, Saeed Roustayi, lui, a sévèrement déçu avec Woman and Child, mélodrame criard sur une héroïne accablée par le sort.
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Palme de la mélancolie (joyeuse)
Parmi les derniers films présentés en compétition, c’est Valeur sentimentale, du Norvégien Joachim Trier qui nous a subjugués. Avec cette histoire familiale tordue autour des relations entre un vieux cinéaste (incarné par le génial Stellan Skarsgard) et sa fille actrice, le cinéaste de Julie (en 12 chapitres) met en scène une fiction à la fois mélancolique et insolente. Une sorte de précipité bergmanien qui n’aurait pas oublié d’être drôle. Une rareté, donc.
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Palme de l’émancipation
Fatima croit en Dieu, mais ne porte pas le voile. Fatima entonne des refrains homophobes avec ses contemporains lycéens, mais aime les filles. Fatima joue au foot et combat les assignations identitaires… Hafsia Hersi atomise les généralités dans La petite dernière. Son éloge de l’émancipation sonne juste.
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Palme de la persévérance
Dix fois présents en compétition et dix fois convaincants. Les frères Dardenne sidèrent une fois encore avec Jeunes mères, portrait à vif de cinq filles ados et déjà mamans en guerre contre le déterminisme social et familial. Une certaine idée de la persévérance.
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Palme du fétichisme
Richard Linklater privilégie la légèreté dans Nouvelle vague, évocation du tournage de À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Une parenthèse ludique dans un festival où la frivolité n’avait que rarement droit de cité. Bien plus convaincant, dans le même registre, que The Phoenician Scheme, de Wes Anderson, énième petit jeu formaliste du réalisateur américain.
Palme de l’ésotérisme
Le cinéaste chinois Wang Bing signe le film le plus long (2 h 40) et le plus ésotérique de la compétition avec Résurrection. Dans ce délire pompier se déroulant sur un siècle, on découvre, éberlués, un miroitier assassin qui se crève les tympans pour traverser les apparences (!), un esprit de l’amertume planqué dans la mâchoire d’un moine (!!), un parrain mafieux qui boit son sang (!!!) et bien d’autres personnages et événements abscons. Un siècle, c’est long.
Palme de l’invention
Dans L’agent secret, le Brésilien Kleber Mendonça Filho évoque son pays sous le joug de la dictature militaire dans les années 1970 et emprunte mille détours stimulants. Sur le fond comme sur la forme, le film le plus inventif de l’édition 2025. Si le jury est lucide, on devrait retrouver Kleber très haut au palmarès.
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Palme de la politique
Entre comédie et drame glaçant, Tarik Saleh frappe fort avec Les aigles de la république, sur un acteur égyptien contraint d’incarner le président al-Sissi dans un biopic. Si l’on excepte Un simple accident de Jafar Panahi, ce film est le meilleur de la compétition dans le genre très encombré de la fiction politique où figurent également Deux procureurs, de Sergei Loznitsa, précipité un rien prévisible sur la période stalinienne, et Eddington, de Ari Aster, fable balourde sur les névroses de l’Amérique trumpienne.
Palme du ratage
Elle était attendue au tournant. Trois ans après Titane, brûlot néoféministe horrifique et palme d’or absurde, Julia Ducournau consterne avec Alpha, fiction grotesque sur les périls épidémiques. Même les fans de la cinéaste ont déchanté, c’est dire.
Palme de l’épouvante
Julia Ducournau a beau avoir mis la barre très haut, ou plutôt très bas, elle est néanmoins concurrencée par deux autres films navrants. Sirat, du Franco-espagnol Oliver Laxe, assommant road trip dans le sillage de « raveurs » en plein délire apocalyptique dans le Sud marocain et Die my love, de l’Écossaise Lynne Ramsay, portrait d’une héroïne cinglée (Jennifer Lawrence, en roue libre) en proie à ses visions effrayantes. Une double illustration du snobisme vociférant d’un certain cinéma d’auteur.
Palme de la police
Trois ans après La nuit du 12, Dominik Moll zoome une nouvelle fois sur l’univers des flics dans Dossier 137. Cette fiction documentée sur les violences policières, le boulot de l’IGPN et la France des Gilets jaunes frappe fort avec sa justesse, son ambiguïté et la prestation impériale de son actrice principale : Léa Drucker.
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Palme de la délicatesse
Une jeune étudiante se rend dans le sud de l’Espagne pour enquêter sur ses parents qu’elle n’a jamais connus. Avec Romeria, la réalisatrice espagnole Carla Simon raconte une histoire sensible et délicate. Un peu de douceur dans l’assourdissant tumulte cannois. Et, rayon états d’âme féminins, un film plus convaincant que deux autres fictions sur les familles délabrées : Renoir, de la Japonaise Chie Hayakawa et Sound of Falling, de l’Allemande Mascha Schilinski.