NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Un gardien de la prison Maplehurst en Ontario admet avoir été négligent la nuit où Shawn Irvine a succombé à une surdose de fentanyl dans sa cellule en 2018. L'agent Marko Rusic témoigne à l'enquête du coroner sur le décès de sept détenus du complexe carcéral de Milton alors qu'ils étaient sous surveillance médicale. L'audience de jeudi a porté sur le cas de Shawn Irvine.
Wesley Da Silva, Cory Hemstead, Derek Johne, Curtis McGowan, Peter Ormond, Rattanbir Sidhu et Shawn Irvine sont tous morts après avoir consommé des opioïdes.
L'exposé des faits montre que Shawn Irvine avait été envoyé à l'hôpital le 28 octobre 2018 pour des douleurs abdominales. Il y est mis sous observation avant d'être renvoyé à Maplehurst.
D'interminables allers-retours
Le gardien Marko Rusic explique qu'il était responsable cette nuit-là de la capsule de l'aile no 8 de la prison : la consigne ne l'autorise en aucun cas à quitter son espace de travail vitré dans lequel il peut communiquer avec le personnel et manœuvrer l'ouverture électronique des portes des cellules.
Nous étions trois, soit deux sur le plancher et moi dans la capsule, dit-il en ajoutant qu'il ne se rappelle pas s'il a eu une interaction avec Shawn Irvine à son retour de l'hôpital vers 21 h 30.
Il ne paraissait pas incommodé, déclare-t-il.

Le fentanyl est à l'origine de la crise des opioïdes en Ontario, en prison comme dans la communauté, selon l'avocat du coroner dans cette enquête, Jay Dhar. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
L'agent Rusic, qui compte neuf années d'expérience, avoue qu'il a quitté son poste pour faire une ronde et briser la routine de son travail.
Le gardien reconnaît qu'il a laissé la porte de la capsule entrouverte grâce à un extincteur et qu'il y a abandonné sa ceinture.
Une vidéo de surveillance le montre, vers 2 h du matin, en train de se diriger vers la cellule no 5 qu'occupent Shawn Irvine et un codétenu.
J'ai vu à travers la fenêtre qu'il dormait dans une position étrange, le visage contre le matelas, se souvient-il.
J'étais inquiet, même s'il n'est pas inhabituel de voir des détenus dormir dans d'étranges positions, poursuit-il

Le Complexe correctionnel Maplehurst comporte différentes ailes pour prisonniers; Shawn Irvine est mort dans l'aile no 8. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell
Il affirme que le codétenu de Shawn Irvine s'est réveillé et s'est approché de la porte et qu'il lui a demandé de voir si son camarade dormait.
Il a répondu qu'il était profondément assoupi et que l'hôpital lui avait donné un somnifère, précise-t-il.
L'agent Rusic explique qu'il ne s'est pas senti rassuré et qu'il est retourné à son poste chercher la clé de la cellule.
Il souligne qu'il y est retourné, qu'il a ouvert la porte et qu'il a demandé au codétenu de s'écarter.
Irvine dormait dans le lit du haut, il avait le visage bleui, ajoute-t-il en mentionnant qu'il a alors quitté la cellule pour avertir ses collègues d'appeler l'infirmerie.

L'agent correctionnel Marko Rusic travaillait la nuit du 28 octobre 2018 dans l'aile 8 de la prison Maplehurst de Milton. (Photo d'archives)
Photo : (Evan Mitsui/CBC)
Le gardien précise qu'il est retourné chercher sa ceinture parce que c'est là qu'il gardait une radio-émettrice et des gants en latex. En y retournant, j'ai descendu Irvine de son lit pour l'allonger sur le plancher, dit-il.
L'infirmier Young Ji déclare pour sa part qu'il a donné la réanimation cardio-vasculaire à trois reprises avant de donner au détenu une injection de naloxone, qui permet de renverser les symptômes d'une surdose d'opioïde.
Il explique au jury qu'il s'est écoulé 4 minutes entre le moment où il a reçu l'appel d'urgence et l'instant où il a administré la naloxone.
Il fallait emporter deux trousses de soins, l'oxygène et le défibrillateur, trouver l'aile et la cellule et faire d'abord une évaluation du patient, dit-il.
Plusieurs règles enfreintes
L'agent Rusic reconnaît qu'il a enfreint le protocole en ne portant pas sa ceinture sur lui (laquelle contenait aussi les clés de la cellule), en laissant son poste sans surveillance et en laissant la cellule no 5 ouverte lorsqu'il est allé alerter ses collègues (le codétenu de la victime en était sorti, NDLR).
Il assure toutefois que ses collègues surveillaient l'aile de la prison mais qu'aucun des deux agents n'auraient pu le remplacer à son poste, parce qu'ils n'étaient pas entraînés pour le faire.
Oui, j'ai été négligent et j'aurais dû intervenir dès le début, admet-il.
Le gardien reconnaît l'importance d'être toujours prêt à n'importe quelle situation d'urgence. Quelques minutes peuvent faire toute la différence, avoue-t-il.

Cinq des sept victimes qui ont succombé à une surdose de fentanyl à Maplehurst ont été retrouvées inanimées dans leur cellule par des gardiens au cours de leur ronde. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Il affirme néanmoins pour sa défense qu'il savait que quelque chose était arrivé à Irvine même si son camarade de cellule a tenté de minimiser son état de santé.
L'agent Rusic admet qu'il a désobéi à la consigne en entrant seul dans la cellule no 5 alors qu'il est obligatoire d'appeler le supérieur de service.
Il fallait agir vite, explique-t-il. Il reconnaît qu'il aurait dû appeler l'infirmerie dès qu'il a vu par la fenêtre de la porte de la cellule que la victime dormait dans une position bizarre. Je regrette de ne pas l'avoir fait, conclut-il.
Le sergent Randy Marshall explique que plusieurs entorses graves au protocole ont été commises cette nuit-là, mais il se garde de dire si les impairs de l'agent Rusic ont causé la mort de Shawn Irvine.
Il y a certainement eu des délais dans l'arrivée des secours, déclare-t-il néanmoins.

L'entrée de la cour du Coroner de Toronto; les audiences se tiennent aussi sur une plateforme numérique. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Nadeau
Le sergent Marshall souligne que le port de la ceinture est obligatoire, parce qu'elle contient des outils très précieux, comme une lampe de poche, la radio-émettrice, des gants, du poivre de Cayenne et des menottes.
Il ajoute qu'il faut toujours deux agents pour entrer dans une cellule pour éviter d'être subjugués par un détenu. Vous n'ouvrez pas une cellule sans renfort, dit-il.
Il précise que le responsable d'une aile ne devrait jamais quitter son poste, encore moins laisser la porte ouverte. Il suffit que n'importe qui s'y introduise pour ouvrir toutes les cellules de la prison, rappelle-t-il.
Il souligne enfin qu'un gardien ne devrait jamais hésiter à appeler l'infirmerie s'il a des doutes sur la santé d'un détenu.