C’est un paradoxe de nos sociétés postmodernes. Jamais nous n’avons été aussi riches, jamais nous n’avons vécu aussi longtemps et en bonne santé. Et pourtant nos sociétés libres et prospères sont aussi celles où le taux de dépression, d’obésité et d’addiction aux drogues est le plus élevé de toute l’histoire. Comme si le vertige des possibles dans une époque égalitaire, qui n’assigne plus de rôles à la naissance et n’enserre plus la vie individuelle dans des cadres collectifs, aboutissait à une profonde désorientation de notre espèce.

C’est ce mystère qu’interroge le sociologue Hugues Lagrange dans son dernier livre La Peine et le Plaisir (PUF) où il ausculte ces « maladies du bonheur » que l’individu contemporain aura de bonnes chances de croiser au cours de sa vie. Hugues Lagrange est un chercheur original dans la sociologie française contemporaine. Tenant d’une sociologie empirique, partant des données de terrain plutôt que des grands cadres théoriques, il se distancie des tenants…