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Il est l'homme qui se cache derrière les plus fameuses comédies musicales créées en première mondiale en français au festival Bruxellons ! Sunset Boulevard, My Fair Lady, Elisabeth, West Side Story, Come From Away… n'ont plus aucun secret pour lui. Depuis 2019, Stéphane Laporte est le principal traducteur et adaptateur en français de ces spectacles nés dans le West End à Londres, à Broadway à New York ou encore au Theater an der Wien de Vienne. Et cette année, le château du Karreveld, lové au cœur de Molenbeek, se fera l'écrin non pas d'un, mais de deux musicals puisque seront présentés, dans la cour (du 9 juillet au 4 septembre), Rebecca de Michael Kunze et Sylvester Levay et, dans la grange (du 24 août au 23 septembre), Goodbye, Norma Jeane d'Allard Blom et Sam Verhoeven. Le premier est un thriller musical qui s'inspire du célèbre roman Rebecca de Daphné du Maurier, immortalisé au cinéma en 1940 par Hitchcock. Le second revient sur la dernière nuit de la vie de l'icône du cinéma Marilyn Monroe.
Traduire et adapter une comédie musicale de l'anglais (ou l'allemand ou le flamand) vers le français n'est pas une mince affaire. Le jeu, le chant et la danse sont intrinsèquement liés et, chaque tableau, chaque dialogue font progresser l'histoire. Rien n'est donc "décoratif". Ce qui exige une maîtrise impeccable de la langue (originale et traduite) et de la musique (au festival Bruxellons !, les spectacles sont joués avec un orchestre live). Ça tombe bien : Stéphane Laporte jongle parfaitement avec les deux. "J'ai joué du piano pendant une vingtaine d'années et j'ai toujours été passionné de musique, que ce soit de la variété, de la musique classique ou des comédies musicales. J'adore !, raconte-t-il. Pour ce qui est de la traduction, enfant, je voulais devenir réalisateur. Donc, j'ai fait une maîtrise d'anglais en France puis je suis parti trois ans aux États-Unis étudier le cinéma. Mais, au terme de mes études, je me suis rendu compte que je ne voulais pas exercer ce métier". Pendant son cursus, il découvre, un soir de 1990, une représentation de la comédie musicale américaine Nine signée Arthur Kopit et Maury Yeston, inspirée du film Huit et demi de Frederico Fellini. "Et je suis tombé en amour, avec le spectacle et avec le genre. Je me suis dit : C'est ça que je veux faire'."
"Le Roi Lion", "Grease", "Fame"…
Il se jette alors à l'eau. "J'ai traduit Nine en français sans même savoir si cela avait déjà été fait, en me disant que je pourrais le monter en France, poursuit-il. Je précise que nous étions avant le début du siècle et, à cette époque, en France, le musical n'était pas ce qu'il est actuellement". Il ne monte pas Nine, mais prend des contacts ci et là, qui lui ouvrent la voie. "Ma première grande comédie musicale, ça a été Titanic, que j'ai adaptée en français pour l'Opéra royal de Wallonie à Liège, avec 75 acteurs et 45 musiciens. C'était exceptionnel !, se souvient-il. Puis, une chose en entraînant une autre, j'ai adapté (Le Roi Lion, Un violon sur le toit, Grease, Fame…, NdlR) et écrit plein de comédies musicales (Panique à bord, 31…, NdlR)".
Je suis le premier dans le monde à avoir traduit West Side Story intégralement en français.
Jusqu'à ce que sa route croise celle de l'équipe de Bruxellons !."En 2018, lorsqu'a été créé Sunset Boulevard, un des comédiens, Franck Vincent, savait que les co-metteurs en scène, Jack Cooper et Simon Paco, cherchaient un regard extérieur sur la traduction et il m'a mis en contact avec eux, reprend Stéphane Laporte. L'année d'après, j'ai eu le bonheur infini que Bruxellons ! me confie l'adaptation [de l'anglais vers le français] de My Fair Lady, qui a été une période magnifique de travail, car, comme c'est un spectacle sur la langue, cela a été un travail très pointu et fort plaisant".
Depuis, Stéphane Laporte fait partie de la famille Bruxellons !,"ce qui m'a permis de faire des choses insensées". "Je suis quand même le premier dans le monde à avoir traduit West Side Story intégralement en français", s'enthousiasme-t-il. Un exercice délicat vu la notoriété de ce musical, dont les chansons, et les refrains, en anglais sont mondialement connus. "Il a dû y avoir des frustrations, reconnaît-il, mais un musical, c'est un seul fil qu'on déroule, de la première note d'ouverture jusqu'à la dernière note de l'épilogue". Et d'expliquer : "Si on traduit le livret (les parties non chantées, NdlR) en français et que l'on garde les chansons en anglais, ça crée une cassure. Or, ça n'a aucun sens, car les chansons font aussi avancer la trame du récit".
"La traduction, une espèce de puzzle"
En dix ans, depuis sa première comédie musicale, La mélodie du bonheur (2015), le festival Bruxellons ! a gagné en qualité et notoriété, devenant l'une des références en la matière, en Belgique et à l'étranger. Le fruit d'un minutieux travail des équipes artistiques et techniques. "Il n'y a jamais de traduction mot à mot, car la traduction littérale ne tombe jamais sur la musique, explique Stéphane Laporte. J'appréhende la traduction comme un jeu. C'est une espèce de puzzle, dont certaines pièces tombent tout de suite. Et, à partir de celles-là, on va trouver les pièces manquantes, en gardant en tête la musicalité. Les paroles d'une chanson, on ne les entend qu'une fois. Si ça choque l'oreille, on risque de louper toute la chanson. Donc, chaque année, avec l'équipe (co-metteurs en scène, direction vocale…), on essaie d'être le plus précis possible pour être sûrs que le public ait une expérience intègre et organique".
Avec Rebecca, je m'attaque, pour la 2e fois, à l'allemand. C'est encore un autre exercice parce que l'allemand a tendance à être très fleuri.
Il faut, en effet, composer avec les spécificités de chaque langue. "En français, l'accent tonique est toujours sur la dernière syllabe. En anglais, il est sur l'avant-dernière, ce qui, musicalement, permet plus de rebonds, détaille-t-il. De même, en anglais, il faudra trois mots là où il en faudra douze en français. Donc, tout cela fait qu'une adaptation s'apparente à un exercice d'équilibriste pour essayer de faire transparaître en français le même sens, les mêmes idées, avec le même humour, la même immédiateté qu'en anglais".
Stéphane Laporte ne recule devant aucune difficulté. Cette année, "je m'attaque, pour la 2e fois, à l'allemand, car j'ai déjà traduit en 2022 Elisabeth, des mêmes auteurs que Rebecca, Michael Kunze et Sylvester Levay". "C'est encore un autre exercice, sourit-il, parce que l'allemand a tendance à être très fleuri. Ici, je m'aide de ChatGPT. Une fois que j'ai la base en français, c'est à moi de la poétiser pour la rendre chantable". Au point de s'éloigner, parfois, du texte original ? "Non, assure Stéphane Laporte, parce que c'est un exercice d'humilité d'être adaptateur de théâtre. Une adaptation ne sera jamais meilleure que l'original, donc, il faut être au plus près de l'original". D'ailleurs, pour l'adaptation de Goodbye, Norma Jeane, créée en flamand au Fakkeltheater d'Anvers en 2017, "on m'a carrément donné une traduction".
Deux spectacles aux univers distincts, mais dont l'histoire s'appuie sur le destin de deux héroïnes déterminées à s'émanciper. "Rebecca est un spectacle grand public, incarné par 21 artistes et porté par 18 musiciens, décrit encore Stéphane Laporte. On passe par toutes les émotions : on rit, on est chamboulé, on a peur. On en prend plein les yeux". Quant à Goodbye, Norma Jeane, "c'est un musical très beau et très émouvant, beaucoup plus théâtral que Rebecca, qui, derrière la star qu'on connaît toutes et tous, donne à voir Marilyn de façon rare et très humaine".
→"Rebecca" de Michael Kunze et Sylvester Levay, du 9 juillet au 4 septembre, dans la cour du château de Karreveld, à Molenbeek.
→"Goodbye, Norma Jeane", d'Allard Blom et Sam Verhoeven, du 24 août au 23 septembre, dans la grange du château.
→ Ces deux musicals s'inscrivent dans la programmation plus large de Bruxellons !, du 9 juillet au 27 septembre, avec une dizaine de spectacles créés en Fédération Wallonie-Bruxelles.
→ Infos et rés. sur www.bruxellons.be
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