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"Et si c'était lui ?", "Anatomie d'une chute"… Ces titres de presse qui devraient être interdits

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Formules toutes faites, suspense de pacotille, envolées creuses : la presse, en quête de clics et de lecteurs, s’abandonne parfois à une titraille stéréotypée. Petite typologie critique d’un art répétitif (autodérision incluse).

La presse tourne en rond. La presse se meurt. La faute à qui ? À vous, chers lecteurs. En grande partie, oui – puisque vous ne nous achetez plus. Les générations qui avaient le réflexe de passer au kiosque (les boomers) s’éteignent doucement, et les jeunes (les zoomeurs), eux, préfèrent scroller TikTok plutôt que claquer un euro dans du papier. Pourquoi payer, quand Hugo Décrypte résume tout en une story, ou que Mediavenir balance l’info en un tweet ? Caricatural ? Un peu. Et il ne s’agit pas non plus de tout vous mettre sur le dos.

Ce n’est pas ici le énième procès d’un journalisme en crise. Pour dresser l’acte d’accusation complet, il faudrait plus qu’un article. La déconnexion, les biais idéologiques, l’entre-soi… on connaît la chanson. Ce qui nous occupe aujourd’hui, c’est un autre poison, plus discret mais tout aussi ravageur : la titraille.

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Un tic professionnel, un réflexe pavlovien, qu’on repère d’autant mieux quand on bosse dans le métier. Cette manie de recycler à l’infini les mêmes formules, les mêmes accroches toutes faites, censées faire cliquer, vendre, séduire. Au moins, les marketeux, eux, font l’effort de se renouveler. Et puis, chez eux, la tentative de manipulation est assumée : c’est écrit sur leur front qu’ils veulent nous faire acheter l’étiquette et bouffer le yaourt. Nous, journalistes, sommes censés élever le niveau. Mais à force de titres prémâchés, de ficelles usées, nous contribuons à faire tourner la machine médiatique à vide. Et nous donnons au débat public cette impression – pas injustifiée – qu’il n’y a plus grand-chose à dire.

Quoi ? Marianne aussi s’est déjà vautrée là-dedans ? Ne commencez pas à nous mettre le nez dans notre propre litière, s’il vous plaît.

Catégorie : forme interrogative

Et si c’était lui ?

Le classique des classiques. Un gimmick qui sonne comme une affiche de campagne – déjà mauvais signe pour un titre devant garder ses distances. À l’origine, censé injecter un brin de suspense dans l’émergence d’un présidentiable ; en réalité, il ressasse une fausse surprise que tout le monde a vu venir depuis des mois. Une fois, c’était déjà de trop. On pensait encore récemment que même pour s’en moquer, même pour une fausse une au pot de départ d’un collègue, c’était devenu interdit. Et pourtant, Challenges l’a ressuscité, sans ciller… pour Michel-Édouard Leclerc. Ne passez pas à la caisse.

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X, la fin d’un tabou ?

Longtemps (et encore aujourd'hui), une grande partie des médias a contribué à entretenir certains tabous. Et puis, d'autres se sont dit que, tant qu'à faire, il fallait bien les briser. Sans se concerter, les médias ont gagné sur les deux tableaux : avoir participé à l’omerta… puis capitaliser sur sa transgression. La formule est pratique : elle installe un frisson d'interdit, donne l’air d’oser, de révéler, de libérer la parole. Elle permet au titre de presse de se poser en défenseur de la vérité, et de proposer au lecteur de participer, qu’on parle de violences sexuelles (à gauche) ou d’immigration et d’insécurité (à droite). Le tout en gardant l’aura du courage éditorial.

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De quoi X est-il le nom ?

Au moins celle-là a une origine claire. La formule « De quoi X est-il le nom ? » vient tout droit de Pierre Bourdieu. Dans les années 1990, il l’utilisait pour décortiquer les représentations sociales. La presse, elle, l’a récupérée, puis lessivée jusqu’à l’os. Sous couvert d’élégance intellectuelle, la tournure promet profondeur analytique, vernis réflexif, dévoilement subtil. En réalité, elle sert souvent à emballer du vide dans un emballage conceptuel. Plus en notre nom, s’il vous plaît.

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En finir avec…

L’infinitif à la portée des caniches. La formule « en finir avec » est devenu la figure imposée des billets journalistiques à prétention universelle. L’usage du verbe non conjugué est censé marquer l’élégance du style, une référence subtile à la littérature engagée, incarnée par Edouard Louis, auteur d’ « En finir avec Eddy Bellegueule », en 2014. En route vers le prix Albert Londres, semble se dire l’auteur satisfait de son trait d’esprit original. Sauf qu’à la soixante-dix-huitième utilisation en sept mois, l’inspiration fait moins artiste maudit qu’employé de presse fadasse. Et si on en finissait ?

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Catégorie : narratif et analyse

... est de retour

Là, on verse carrément dans le narratif de cinéma, avec travelling arrière. Un tic plutôt ancré à droite de l’échiquier médiatique. Exemple récent : JDNews titrant « Wauquiez-Retailleau : la droite est de retour ». En 2019, Le Figaro promettait le même « retour » de la droite avec Bellamy. Puis en septembre 2024 avec Michel Barnier. Le storytelling est rôdé : faire vibrer la corde nostalgique d’un électorat de droite orphelin, en manque de figure tutélaire depuis le crash Sarkozy, la mollesse Chirac et le centrisme VGE. Un coup à donner envie à un électeur de droite de voter Hidalgo.

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X : Anatomie d’une chute…

On a compris. Anatomie d’une chute : bon film, bon titre. Le premier à avoir tenté le clin d’œil en Une a eu du flair. Chapeau. Mais depuis, c’est l'overdose. Les « anatomies » fleurissent partout – d’un scandale, d’un fiasco, d’un divorce politique – pour promettre du récit charnu, du dévoilement méthodique, de la chute en slow motion. Oui, les chutes font vendre. Oui, ça sonne bien. Mais maintenant, cherchons autre chose. Et pourquoi pas « le plus dur, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage » tant qu'on y est ?

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X face à l’équation impossible du budget

Une profusion d’articles relaie le casse-tête des ministres chargés de réduire le déficit public, qui a été creusé par les cadeaux fiscaux d’Emmanuel Macron. Mais si la tâche est aussi ardue, c'est aussi et surtout à cause des lignes rouges qu'ils ont eux-mêmes tracées : les gouvernements successifs rejettent par principe un relèvement des impôts, se gardent de mettre à contribution les retraités et souhaitent préserver certaines priorités (défense, police, justice…). En revoyant certains de ces axiomes, l'équation prétendument insoluble deviendrait tout de suite plus limpide.

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Le grand X, la grande X

Recyclage paresseux de concepts intellos par la machine médiatique, on tourne ! À l’origine, il y a un coup de force sémantique – « grande dépression », « grand remplacement » – et l'usage du performatif adjectif grand. Alexandre le Grand et Pierre Le Grand auraient d'ailleurs eu une postérité différente avec un nom différent. Bref, du monde des concepts à la presse, la formule a essaimé. Le nombre de titres en « Le grand… » ou « La grande… » explose. Manière facile de donner de l’ampleur à un phénomène, de l’habiller d’une aura historique ou tragique, sans trop se fatiguer. Exemple : la grande solitude des cadres, le grand malaise scolaire, etc. – tout devient « grand », donc sérieux.

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Le spectre de…

Ah, ce bon vieux fantôme ! Il fait peur, il plane, il rôde – et surtout, il vend. Jouer avec les peurs, c’est un truc de populistes ? Oui, mais pas que. Quand il s’agit de titiller l’angoisse pour vendre du papier, tous les coups sont permis. Le « spectre » permet de gonfler un sujet, d’en faire une menace diffuse, omniprésente, souvent surjouée. Certes, certains spectres sont bien réels – celui du terrorisme, celui de la pauvreté. Mais d'autres ? De simples ombres gonflées à la titraille.

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Un X français

Technique imparable pour titreur en panne d’inspiration voulant donner du cachet à son dernier papelard. L’astuce, d’apparition récente, vient habiller d’une aura raffinée, et à peu de frais, nombre de « grands récits » à la mode dans la presse magazine. Car « L’histoire française » contient en elle une promesse : sa valeur ne tient pas seulement de son potentiel romanesque, mais des enseignements qu’elle est supposée livrer sur la psyché nationale, zestée du soupçon de condescendance envers leur propre pays que partagent avec leur lectorat de nombreux plumitifs. Le caractère moutonnier de la presse est au fond une histoire bien française…

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Catégorie : révélations

Le livre choc sur X

Un livre vendu en Une est, par définition, un livre choc. Même quand il ne l’est pas. Surtout quand il ne l’est pas. C’est là tout l’art de la performativité médiatique : dire qu’il y a choc pour qu’il y en ait un. Nommer la crise, le tabou, le tournant… pour mieux les faire exister.

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Le phénomène X

Phénomène Macron, phénomène Zemmour, phénomène Mbappé, phénomène Retailleau… En une, le procédé est toujours le même : se glisser dans la roue d’une figure montante, flatter la curiosité ou la fascination qu’elle suscite, sous couvert de simple description. « On ne fait que décrire un phénomène » ? Peut-être. Mais en réalité, on l’alimente, on l’amplifie – on souffle dans la bulle en feignant de l’observer.

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Les secrets de X / L’histoire secrète de X

Vieux comme le monde, il attise la curiosité, suscite l’envie de percer un mystère, de lever un voile. Le mot fonctionne parce qu’il promet une révélation. Mais ce que l’on qualifie de « secret » est bien souvent simplement caché, oublié, ou méconnu – pas un secret au sens intime ou douloureux, comme peut l’être un secret de famille. C’est une promesse d’information emballée dans une aura de mystère.

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