Le choc de simplification.

Perdre tous ses papiers vous fait découvrir les affres de ceux que l'on qualifie de « sans Papiers ! » même si tout cela demeure fort loin, je suppose de leur calvaire. Se sentir ainsi, exclu de la communauté nationale par la magie d'une disparition qui met en cause, provisoirement du moins, votre existence sociale, provoque un choc qui se heurte à celui supposé de la simplification administrative.

Car de simplification vous ne percevez réellement que la plus évidente : la disparition physique des fonctionnaires qui pouvaient jadis vous tendre la main dans des démarches qui n'en sont désormais que plus complexes en l'absence de matérialisation physique. La toile n'est en rien un lieu qui rassure et se met en quatre pour vous venir en aide, sa logique codifiée vous renvoie impitoyablement vers votre stupidité chronique.

Il convient de ne pas noircir tout le tableau. Parfois, tout se passe comme sur des roulettes, ce sera le cas pour mon permis de conduire alors que la carte d'identité se heurte elle a l’impitoyable centralisme bureaucratique de l’administration municipale qui se moque comme de l'an 40 des délais impartis par la déclaration de police (2 mois) et de vos impératifs personnels.

Le temps doit se plier aux différentes étapes qui avouons-le, échappe à toute logique et nécessité, comme si l'attente constituait une punition qui vient sanctionner une coupable négligence. Attendre est une nécessité dont il serait bon de se rappeler quand nous nous trouvons dans la posture du débiteur vis à vis de cette hydre administrative.

Quant au serveur censé tout simplifier : ANTS, il s'autorise une fantaisie en me refusant la possibilité de refaire une carte grise. Le numéro de mon véhicule n'entre pas dans les plans de cette contrariante entité immatérielle. J'ai beau m'y prendre à plusieurs reprises, je me heurte à un message d’erreur qui me laisse sur le bord de la route.

Un temps, j'ai supposé que la carte grise perdue avait été l'objet d'une utilisation frauduleuse. Un passage au commissariat a infirmé cette hypothèse sans que pour autant le serveur me reconnaisse le droit d'acquérir un nouveau document. Pour l'heure, je ne sais pas vers qui me retourner puisque l'effacement de la présence des humains permet parait-il de gagner temps et argent dans cette société qui se déshumanise.

Il y a de quoi en faire une maladie, ce qui n'est hélas pas recommandé car du côté de la carte vitale, vous vous heurtez à l'impérieuse obligation de fournir une pièce d'identité. Vous pouvez retourner la chose dans tous les sens, il n'est rien à faire si ce n'est se promener avec des duplicata sans valeur aucune.

Ajoutez dans ce contexte, une date butoir puisque je dois me rentre dans une île du territoire français qui impose la présentation d'une carte d'identité. Mon billet en poche, rien n'y fait pour amadouer les cerbères du délai imparti. Après bien des jérémiades, je finis par obtenir un contact humain à la préfecture. Miracle de la bonne vieille méthode archaïque certes mais ô combien précieuse où une des ultimes fonctionnaires m'assure qu'une solution sera envisageable en procédure d'urgence si la situation n'a pas évolué au moment opportun.

Faut-il en conclure que rien ne remplace une relation personnelle ou bien n'est que le fruit de mon imagination et de ma mauvaise foi, puisque je trouve parfaitement déplacé cette volonté de nos gouvernants de nous mettre sous la coupe d'une entité virtuelle qui n'a que faire de nos difficultés, nos états d'âme et nos faiblesses ? Leur fameux choc de simplification à mon avis est une vaste arnaque à moins qu'une fois encore, je fais tout mon possible, pour ne rien comprendre à la marche du progrès.