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Le candidat nationaliste, battu au second tour de l’élection dimanche, a annoncé mardi son intention de déposer un recours pour obtenir l’annulation du scrutin en raison d’« ingérences extérieures », notamment de la France.

Le candidat nationaliste George Simion s’exprime devant ses partisans, à Bucarest, le 18 mai 2025. Le candidat nationaliste George Simion s’exprime devant ses partisans, à Bucarest, le 18 mai 2025.

Le candidat nationaliste George Simion, battu dimanche au second tour de la présidentielle en Roumanie, a annoncé, mardi 20 mai, son intention de déposer un recours pour obtenir l’annulation de l’élection en raison d’« ingérences extérieures », notamment de la France.

« Je demande officiellement à la Cour constitutionnelle d’ANNULER l’élection », a-t-il écrit sur le réseau social X. « Pour les mêmes raisons » qui avaient provoqué l’annulation du scrutin de novembre : « des INGÉRENCES EXTÉRIEURES », a-t-il ajouté, dans un message accompagné des drapeaux de la France et de la Moldavie, où vit une importante communauté d’expatriés roumains. Dans un communiqué, le chef du parti de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR, extrême droite) a ensuite précisé avoir « formellement soumis sa requête ».

George Simion a recueilli 46,4 % des suffrages, contre 53,6 % pour le maire pro-européen de Bucarest, Nicusor Dan, selon les résultats définitifs du scrutin. S’il s’était dans un premier temps proclamé président de la Roumanie, il avait ensuite concédé sa défaite au vu de l’écart net avec son adversaire. Ce souverainiste de 38 ans, admirateur de Donald Trump, a expliqué « ne pas avoir voulu provoquer un bain de sang » en contestant l’élection le soir même, ce qui aurait pu pousser ses partisans à descendre dans la rue. Mais il dit disposer de « preuves irréfutables (…) d’une tentative orchestrée » visant à influer sur le résultat des élections.

M. Simion avait partagé, dimanche, les allégations publiées le même jour par le fondateur et PDG de Telegram, Pavel Durov, qui accusait la France d’avoir cherché à « faire taire les voix conservatrices » en Roumanie. M. Durov avait par la suite accusé la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française d’avoir fait pression sur lui lors d’une rencontre à Paris pour censurer des comptes ou des messages sur Telegram, sans préciser lesquels.

Démenti rare de la DGSE

Ces accusations, publiées sur Telegram et X à quelques heures de la fermeture des bureaux de vote en Roumanie, ont été vivement démenties par le Quai d’Orsay et, de manière exceptionnelle, par le renseignement extérieur français. La DGSE, qui ne s’exprime que très rarement, a dit « réfuter avec vigueur les allégations selon lesquelles [elle aurait fait] des demandes d’interdiction de comptes en lien avec un quelconque processus électoral ». Elle déclare également que si elle « a effectivement été dans l’obligation, à plusieurs reprises au cours de ces dernières années, d’entrer en contact direct avec Pavel Durov », c’était « pour lui rappeler fermement les responsabilités de son entreprise, et les siennes à titre personnel, en matière de prévention des menaces terroristes et pédopornographiques ».

Ces accusations ont largement été reprises par les soutiens de M. Simion, ainsi que par certaines personnalités d’extrême droite, dont Elon Musk.

Après des mois de tensions, la Roumanie espérait enfin tourner la page avec cet épilogue électoral, mais le recours de George Simion risque d’envenimer le climat dans une société extrêmement polarisée, où grondent la désillusion et la colère contre une classe politique jugée corrompue et arrogante.

George Simion a pris cette décision à la suite de commentaires d’internautes l’appelant à relever le défi. Avant cette annonce, il leur avait répondu sur la plateforme TikTok : « Oui je vais le faire ! Pas de problème ! Je suis un combattant, pas une mauviette, ni un traître ! » Il a appelé également Pavel Durov à témoigner devant la justice.

Crise politique sans précédent

Alors qu’il avait fini largement en tête du premier tour, cet ancien hooligan a fait les frais d’une forte mobilisation dans l’entre-deux-tours des électeurs pro-européens craignant un tournant vers la Russie, dans un scrutin décisif pour l’avenir de ce pays de 19 millions d’habitants membre de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN.

Ce sont deux visions qui s’opposaient dans les urnes : d’un côté Nicusor Dan, fervent Européen et soutien de l’Ukraine voisine, de l’autre George Simion, très critique des « politiques absurdes » de Bruxelles et opposé à l’aide à Kiev.

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La Roumanie traverse depuis plusieurs mois une crise politique sans précédent depuis la chute du communisme en 1989. Tout a commencé le 24 novembre quand un candidat quasi inconnu, Calin Georgescu, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle après une campagne massive sur TikTok.

Les autorités ont conclu à des irrégularités sur fond de soupçons d’ingérence russe, et la Cour constitutionnelle a annulé le vote. Une décision rarissime dans l’UE qui a provoqué des manifestations parfois violentes et des accusations de « coup d’Etat » reprises par l’administration Trump. M. Georgescu a été exclu de la présidentielle et mis en examen, passant le relais à George Simion pour briguer le poste suprême, doté du pouvoir de nommer des responsables à des postes-clés et de siéger aux sommets de l’UE et de l’OTAN.

Un pari qui semblait gagné au vu de sa large avance à l’issue du premier tour le 4 mai. Jusqu’à la douche froide de dimanche.

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