Un pilote d’Air Canada a pris à témoin les passagers d’un vol entre Vancouver et Montréal samedi pour se plaindre de la pénurie de contrôleurs aériens au pays.

Annonçant par interphone un retard de 50 minutes, il a encouragé les voyageurs à écrire à leurs députés pour qu’ils s’attaquent au problème de retards dans les aéroports canadiens.

Selon son message, qui a été capté par un journaliste de CBC, le secteur du contrôle du trafic aérien, qui est géré par la compagnie privée Nav Canada, manque de personnel. Des absences d’employés malades auraient causé des retards à l’aéroport ce jour-là, selon lui.

C’est très agaçant. Cela a coûté beaucoup d’argent à la compagnie. Cela coûte beaucoup d’argent aux gens d’affaires et il serait bon que l’on aborde la question, a-t-il dit.

Le pilote accuse Nav Canada de limiter délibérément le nombre de stagiaires et d'apprentis pour pouvoir enregistrer plus d’heures supplémentaires.

Un système sous pression

Le plaidoyer du pilote d’Air Canada survient à peine un mois après que Nav Canada a confirmé que des contraintes de ressources avaient mené à l’annulation ou au retard de dizaines de vols.

Un porte-parole d’Air Canada a corroboré dans une déclaration que les restrictions de Nav Canada avaient perturbé les horaires des vols à l'Aéroport international de Vancouver (YVR) durant plusieurs semaines.

Nav Canada dément qu'elle rejette délibérément des stagiaires pour s’assurer des heures supplémentaires. Son porte-parole dit que la compagnie s’affaire à élargir ses opérations en réponse à la pénurie de contrôleurs aériens.

Teara Fraser, la PDG d'Iskwew Air, dit que le gouvernement fédéral doit en faire plus pour financer le secteur aérien.

Photo : Josh Neufeld/Iskwew Air

Un problème pour les petites lignes aériennes

Tim Perry, président de l’Association des pilotes de lignes aériennes du Canada (ALPA Canada), évoque un problème systémique.

Nous devons véritablement nous tourner vers l’avenir, travailler avec toutes les parties prenantes. Cela veut dire le gouvernement, les représentants syndicaux, les employeurs, pour être certains que tout le système a suffisamment de personnel.

Teara Fraser, la PDG d’Iskwew Air, une ligne aérienne autochtone, effectue des vols de courte distance entre l'aéroport de Vancouver et Qualicum Beach, sur l’île de Vancouver.

Bien que la durée de ses trajets soit de moins de 30 minutes, Teara Fraser dit qu’il y a eu des retards quotidiens pour la plupart des vols. Elle ajoute que le problème de pénurie de contrôleurs aériens n’est pas nouveau, mais qu'il s’aggrave.

Nous avons des retards qui varient entre 20 minutes et 2 heures. Quand on effectue des vols d’une durée de 20 à 25 minutes, c’est considérable, souligne-t-elle.

Teara Fraser exhorte le gouvernement fédéral à financer adéquatement les aéroports, les lignes aériennes et les fournisseurs de services.

Des solutions à venir

Nav Canada affirme qu’elle travaille actuellement à augmenter sa capacité de former de nouveaux contrôleurs aériens.

Nous avons actuellement près de 500 élèves dans notre programme de formation. D’ici 2028, nous prévoyons que le nombre total d’étudiants qui auront entamé leur formation à Nav Canada sera d'environ 1500.

La compagnie affirme que près de 40 permis pour des contrôleurs aériens ont été octroyés à Vancouver au cours de la dernière année. Elle considère que cela démontre bien que les choses avancent.

Certaines spécialisations à Vancouver requièrent des environnements d’apprentissage qui sont parmi les plus complexes au pays, et ce, à cause de la structure de l’espace aérien et du volume de circulation élevé, explique-t-elle.

Des investissements conséquents et des efforts mis dans la formation et le développement donnent des résultats, ajoute-t-elle.

Avec les informations d’Akshay Kulkarni