NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
"Vasectomie obligatoire, pas besoin d'avortement. Mon corps, mon choix". Graffiti sur le canal Saint-Denis, Paris, 2022. | Photo : ©Francesca Barca
Le 24 avril dernier, l'initiative citoyenne européenne (ICE) My Voice, My Choice (Ma Voix, Mon Choix) a pris fin. Elle exigeait la création d’un mécanisme de financement pour garantir des suivis médicaux d'avortement sûrs pour toutes les personnes n’ayant pas accès à de tels services. La campagne a recueilli environ 1,2 million de signatures : un succès remarquable pour une initiative de la sorte.
Pourtant, il semble que les lois et pratiques actuelles soient très éloignées de ce que la société civile sait être la réalité.
Avorter en Europe
“Oui, Claudine, nous avons gagné, mais temporairement. Il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que nos droits, les droits des femmes, soient remis en cause. Tu devras rester vigilante toute ta vie”. Voilà l’avertissement que Simone de Beauvoir donnait à l'écrivaine et militante Claudine Monteil, après l’adoption de la loi sur l'avortement en France en 1974.
En effet, se faire avorter en 2025 reste un problème – sur le plan personnel, politique et émotionnel. Et c'est un fardeau porté uniquement par les femmes car, comme l'a dit l'acteur italien Daniele Luttazzi, “si les hommes pouvaient tomber enceintes, on pourrait se faire avorter chez le coiffeur”.
En Europe, l'avortement est légal partout, sauf en Pologne et à Malte, où il n'est possible d'interrompre une grossesse qu'en cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger.
Parfois, cependant, ce droit ne peut s’avérer que purement formel, comme en Italie, où l'objection de conscience des médecins a entraîné l'impossibilité d'accéder à l'avortement dans certaines régions (les dernières données en la matière, recueillies par Margherita Gobbo dans le cadre du projet Come Together, peuvent être consultées ici).
Cet article vous intéresse ?
Il est en accès libre grâce au soutien de notre communauté. Publier et traduire nos articles à un coût. Pour continuer à vous informer en toute indépendance, nous avons besoin de votre soutien.
Órla Ryan et Maria Delaney, dans The Journal Investigates, ont découvert que “plus de 5 000 femmes en Europe [devaient] se rendre à l'étranger pour avorter chaque année. En 2023, ce nombre était d'au moins 5 860”.
L'article fait partie d'une enquête journalistique transnationale intitulée Exporting Abortion (“L'exportation de l'avortement”), coordonnée par le quotidien espagnol Público. Des journalistes de tout le continent ont travaillé sur le projet, qui a été publié par onze médias différents, dont OKO.press (Pologne), Expresso (Portugal), Taz (Allemagne), Denník N (Slovaquie), Page not found (République tchèque), Altaveu (Andorre), Amphora Media (Malte) et Moment (Autriche).
“Entre 2019 et 2023”, écrivent Ryan et Delaney, “des femmes se sont rendues au moins 27 200 fois dans un autre pays d'Europe pour avorter”. Ces femmes doivent se rendre à l’étranger car l'avortement est interdit ou que la législation est trop restrictive dans leur pays, ou encore parce qu'elles ont dépassé la limite légale de gestation pour interrompre leur grossesse.
Toutefois, le chiffre que révèle les deux journalistes ne serait que “la partie émergée de l'iceberg”, celui-ci ne comprenant “que les avortements pratiqués sur des femmes européennes résidant dans d'autres pays et réalisés dans dix pays, dont l'Irlande et le Royaume-Uni, ainsi que sur certaines femmes polonaises en Allemagne et en Autriche”.
Les autres pays ne collectent pas de données officielles sur l'avortement, ou commencent à peine à le faire. Cela s'explique par les différences entre les législations et les pratiques nationales, les différentes approches au regard de la collecte des données personnelles et l'absence d'une législation européenne commune, comme l'explique Armelle Desmaison dans Mediapart, qui a participé à l'enquête.
Par exemple, en Autriche, écrit Desmaison, “il n’y a aucun moyen de savoir combien de femmes se rendent dans le pays pour y avorter”. Pourtant, comme le confirme Salah El-Najjar, directeur médical et gynécologue à la Woman & Health Clinic de Vienne, “nous recevons des femmes de Pologne, de Hongrie, d'Allemagne, de Slovaquie, de République tchèque et même de pays arabes comme les Emirats arabes unis”.
La destination la plus “en vogue” pour ces voyages est les Pays-Bas, où l'avortement est autorisé jusqu'à la 24ème semaine de grossesse. “Au cours des cinq dernières années, plus de 13 100 femmes originaires d'autres pays européens ont avorté aux Pays-Bas”, écrivent Ryan et Delaney.
Ciara McHugh, coordinatrice de la ligne d'assistance téléphonique de l'Abortion Support Network (ASN), explique par ailleurs au Journal Investigates que “ce sont les plus vulnérables qui sont encore exportés pour accéder aux soins”.
En France, où le droit à l'avortement a été récemment inscrit dans la Constitution, la procédure n'est pas toujours facile d'accès, principalement en raison des coupes budgétaires dans le système de santé publique. Lisa Carayon, professeure à l'université Sorbonne Paris Nord, explique au Journal Investigates que “la mesure a eu un impact plus évident ‘au niveau de la politique internationale’ qu'en termes de meilleur accès à l'avortement sur le territoire. Elle 'donne de l'espoir' aux mouvements féministes du monde entier”.
Il convient également d'attirer l'attention sur l'Ukraine. Comme le rapporte le site de l’enquête Exporting Abortion, “la guerre a rendu plus difficile l'accès des femmes ukrainiennes aux services d'avortement, obligeant nombre d'entre elles à quitter le pays pour les obtenir ailleurs. En 2019, l'Ukraine a enregistré 74 606 avortements. En 2020, avec la pandémie, le nombre a chuté à 61 048 avortements. Mais au lieu de se stabiliser ou de revenir aux niveaux d'avant la pandémie, comme dans la plupart des pays, les avortements ont continué à diminuer. En 2023, il y en avait 42 683.”
“Certaines femmes vivant dans d'autres parties du monde sont confrontées à des réalités encore plus dures”, peut-on lire. “Celles qui en ont les moyens se rendent en Europe pour accéder à des services d'avortement. Par exemple, entre 2019 et 2023, 86 femmes résidant au Maroc ont avorté en Espagne, de même que 66 femmes du Brésil et 56 des Emirats arabes unis. [...] Dans d'autres pays, il n'existe aucun motif légal pour avorter – ce qui signifie que même si la vie de la femme enceinte est en danger, elle doit poursuivre sa grossesse. L'interdiction totale de l'avortement sur demande peut faire peser des soupçons en cas de fausses couches spontanées, les femmes pouvant être poursuivies comme si elles avaient choisi d'avorter. C'est le cas au Honduras, aux Philippines, en République dominicaine et au Salvador.”
Commande de pilules abortives
Ryan et Delaney constatent également que “les femmes ont de plus en plus tendance à commander et à prendre des pilules abortives dans les pays où les droits à l'avortement sont fortement restreints. Cela se passe en dehors du système de santé officiel, laissant les femmes sans surveillance médicale”.
Ce phénomène est particulièrement important à Malte et en Pologne, bien qu'il n'existe pas de données fiables pour le quantifier exactement. La docteure Natalie Psaila Stabile, cofondatrice de Doctors for Choice Malta, précise à Amphora Media que “les gens s'inquiètent beaucoup que les pilules soient bloquées à la douane ou qu'elles soient découvertes ... Certaines craignent d'être dénoncées par des membres de leur famille, leur partenaire ou même leur ex-partenaire. Certaines sont dans une relation abusive où leur partenaire veut qu'elles mènent la grossesse à terme, ce qu'elles ne font pas”.
“Selon la loi maltaise”, explique Joanna Demarco à Amphora Media, “il est légal d'acheter les pilules, de les posséder et même de les consommer. Il est seulement illégal de les consommer pendant la grossesse”.
En partenariat avec Display Europe, cofinancé par l'Union européenne. Les points de vue et opinions exprimés n'engagent cependant que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l'Union européenne ou de la Direction générale des réseaux de communication, du contenu et de la technologie. Ni l'Union européenne ni l'autorité subventionnaire ne peuvent en être tenues pour responsables.

Vous avez eu accès à l’intégralité de cet article.
Vous voulez soutenir notre travail ? Voxeurop dépend des abonnements et des dons de son lectorat.
Découvrez nos offres à partir de 6 € par mois et les avantages réservés à nos abonné(e)s.
Je m’abonne
Ou faites un don pour renforcer notre indépendance.
Je fais un don
Soutenez un journalisme qui ne s’arrête pas aux frontières
Bénéficiez de nos offres d'abonnement, ou faites un don pour renforcer notre indépendance