«Désolé, j’avais complètement oublié le rendez-vous. Je faisais le ménage…» Jonas surgit, t-shirt froissé, cheveu patraque aux mèches teintes de blond; il y a derrière lui la peinture d’un ami flanquée d’un gros «NO» qui donne le ton. On savait le batteur lucernois ultra-occupé, entre ses activités pour la radio indépendante 3FACH, les festivals qu’il organise, ses groupes de noise, d’électronique, son grand orchestre au charme vénéneux qu’il présente au Festival de la Cité. «En fait, j’ai surtout deux filles, 2 et 4 ans, alors chaque minute est comptée.» Il rit doucement, respire et commence par raconter le premier son.
«Je suis né en 1996 à Willisau, sur une terre catholique. A chaque Fête-Dieu, on faisait tonner le canon au sommet de la colline. C’est comme si les coups me traversaient.» Il ne faut pas aller chercher plus loin que dans l’enfance, le vacarme et la mystique mêlés, le petit goût de reviens-y que l’effroi procure. Jonas se souvient encore de l’émotion particulière lorsqu’il pénétrait dans une sorte de remise encombrée où son oncle avait abandonné une batterie. «J’avais peut-être 4 ou 5 ans, il fallait enjamber des cartons pour y accéder. J’avais l’impression d’entrer dans un temple.»