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« Le fantasme fou d’un président dictatorial », tel est le jugement nuancé qu’a porté Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de la Californie, après que Donald Trump a décidé de faire intervenir la garde nationale face aux émeutiers. En réponse, Trump menace de déclencher l’Insurrection Act, qui permet d’envoyer l’armée tout en renforçant considérablement les pouvoirs du président.

Depuis vendredi, Newsom ne se montre pas avare de critiques envers le président républicain. Il l’accuse notamment d’attiser les tensions avec sa décision de déployer des milliers de soldats dans la mégapole californienne. Le gouverneur essaie de faire oublier auprès de son électorat sa gestion catastrophique des incendies qui ont ravagé l’Etat en janvier dernier

Los Angeles : l’incurie du pouvoir démocrate californien face au désastre

À Los Angeles, les trois jours d’affrontements violents entre des manifestants opposés à la politique migratoire de Donald Trump et les forces de l’ordre constituent un test d’envergure pour Gavin Newsom, qui vise la présidentielle de 2028, pour laquelle il est un des favoris dans le camp démocrate.

À la tête de l’État le plus peuplé et le plus puissant économiquement des États-Unis depuis 2019, le gouverneur de 57 ans tente aujourd’hui de s’ériger en opposant principal à Donald Trump.

Donald Trump le lui rend bien. Le Républicain répète à l’envi que Gavin Newsom fait du « boulot horrible » et a encore affirmé lundi qu’une arrestation du gouverneur pour entrave aux opérations d’arrestations de migrants serait « super ».

« Le président des États-Unis vient d’appeler à l’arrestation d’un gouverneur en exercice », a dénoncé Gavin Newsom sur les réseaux sociaux lundi. « C’est un pas incontestable vers l’autoritarisme ».

Pour Jeff Le, un ancien responsable auprès du gouverneur démocrate Jerry Brown en Californie, « chaque crise politique est une opportunité politique ». La situation actuelle à Los Angeles est donc « un cadeau potentiel pour le gouverneur, pour souligner les différences flagrantes » entre lui et Donald Trump.

L’attitude de défi envers la Maison Blanche adoptée par Gavin Newsom devrait ravir la base démocrate, assure en outre Jeff Le, celle-ci cherchant « désespérément un battant » pour tourner la page pitoyable de Kamal Harris. Pour l’analyste, des émeutes qui s’éterniseraient à Los Angeles, et particulièrement une escalade dans la violence ou le vandalisme, pourrait cependant annihiler le capital de sympathie potentiellement engrangé par le gouverneur. L’analyste avertit que le gouverneur pourrait fragiliser ses ambitions présidentielles si les Américains en venaient à considérer qu’il était davantage du côté des fauteurs de troubles que des forces de police. « De manière écrasante, les électeurs souhaitent l’ordre – c’est l’un des thèmes clés sur lesquels Trump a fait campagne et sur lesquels il a largement gagné ». Le déclenchement de l’Insurrection Act pourrait être du goût des Américains, et Trump, qui veut cultiver une image de fermeté, le sait.

Henri Dubost