Les chiffres de la pratique de la lecture sont inquiétants. D’où cette opération de communication nationale pour donner envie aux enfants de délaisser leurs écrans pour se plonger dans un livre cet été.

Delphine Bancaud - Aujourd'hui à 20:30 - Temps de lecture :

Selon le ministère de l’Éducation, "le recul de la lecture a une influence directe sur les résultats scolaires."  Photo Canva Selon le ministère de l’Éducation, "le recul de la lecture a une influence directe sur les résultats scolaires."  Photo Canva

Verra-t-on un peu plus d’enfants cet été avec un livre à la main sur la plage ? C’est ce qu’espèrent la ministre de l‘Éducation Élisabeth Borne et la ministre de la Culture Rachida Dati, qui lancent ce lundi l’opération « Cet été, je lis », lors d’un déplacement au Parc Floral de Paris. But de la manœuvre : que chaque écolier de France parte en vacances avec un livre dans sa valise.

« Un livre pour les vacances »

Pour ce faire, tous les professeurs mettront en place pour les élèves du CP au CM1, un prêt de livre qui sera issu du centre de documentation de l‘école ou de la bibliothèque municipale. Le ministère de la Culture a d’ailleurs invité les bibliothèques à préparer des sélections d’ouvrages adaptés à l’âge des enfants. Roman, bande dessinée, pièce de théâtre… Les enfants pourront choisir le genre qu’ils veulent. Les élèves de CM2 auront, eux, droit à « Un livre pour les vacances ». Une opération qui existe depuis 2018 et qui consiste à offrir un ouvrage aux élèves quittant l’élémentaire. Pour cette année, ils recevront  L’Odyssée d’Homère au mois de juin.

Dix fois plus de temps devant un écran

Une grande campagne pour promouvoir la lecture sera aussi orchestrée. L’occasion pour le gouvernement de rappeler son rôle fondamental dans la réussite scolaire. D’autant que l’heure est grave : « Car à la rentrée 2024, seuls 55 % des élèves de CM2 maîtrisaient la compréhension d’un texte lu et 17 % des élèves de 6 avaient un niveau de lecture équivalent à celui attendu à celui de fin de CE2 », explique le ministère de l’Éducation. Des résultats qui s’inscrivent dans un contexte de baisse de la pratique de la lecture chez tous les Français. Selon la dernière étude du Centre national du livre (CNL) publiée en avril dernier, seulement 56 % des Français se déclarent lecteurs réguliers (– 5 points par rapport à 2023) et une personne sur cinq déclare ne jamais lire (+3 points). Et pour les Français qui se déclarent lecteurs, le nombre de livres lus baisse aussi puisqu’il passe de 29 à 21 livres par an.

L’enquête du CNL de 2024 qui se penchait plus précisément sur « Les jeunes français et la lecture », identifiait qu’entre 7 et 19 ans, les jeunes passent en moyenne dix fois plus de temps devant un écran que devant un livre. « Or l’habitude de lecture prise dans l’enfance était un facteur important pour la pratique de la lecture à l‘âge adulte », indiquent les ministères de l’Éducation et de la Culture. Reste à savoir si le livre emprunté ne restera pas dans un tiroir.

Si aucune fiche de lecture ne sera demandée aux élèves, « les enseignants pourront les interroger à la rentrée sur leur livre d’été, pas sous l’angle scolaire, mais sous celui de la restitution de la lecture plaisir », indique le ministère de l’Éducation. Le rôle des parents sera aussi déterminant pour que la mayonnaise prenne.