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Des 22 titres en lice pour la Palme d’or, certains sont plus attendus que d’autres, forcément. C’est le cas d’Eddington. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un film d’Ari Aster, cinéaste doté d’une vision singulière, et parce qu’Aster y retrouve Joaquin Phoenix, la vedette de son brillant mais clivant Beau Is Afraid (Beau a peur). D’ailleurs, Eddington est certain de polariser tout autant. Pour le compte, la polarisation est l’un des thèmes principaux de cette noire satire traitant de complotisme tous azimuts en prenant pour toile de fond la pandémie de COVID-19.
Continuant de s’éloigner de l’horreur de ses deux premiers films, Hereditary (Héréditaire) et Midsommar (Midsommar. Solstice d’été), Aster déploie, comme dans Beau Is Afraid, un humour grinçant à en crisper des mâchoires. À l’instar de Beau Is Afraid encore, Eddington est éclaté mais cohésif, délirant mais contrôlé.
Joaquin Phoenix incarne Joe, le shérif de la municipalité d’Eddington. L’action se déroule en 2020, et le maire de l’endroit, Ted (Pedro Pascal), impose le port du masque, mesure à laquelle Joe refuse obstinément de se soumettre. À la maison, Louise (Emma Stone), la conjointe de Joe, et Dawn (Deirdre O’Connell), la mère de cette dernière, sont accros aux vidéos d’un gourou conspirationniste (Austin Butler).
Sur un coup de tête, Joe décide de se présenter contre Ted aux élections municipales. Cela, alors que Ted vient de conclure une entente pas très nette pour la construction d’un mystérieux « centre de collecte de données ».
Hélas pour Joe, les choses iront de mal en pis, le plus souvent par sa propre faute. À cet égard, le cinéaste n’a pas son pareil pour montrer ses personnages dans des situations embarrassantes, voire humiliantes. Son cinéma en pétri de malaises.
Une toile inextricable
Comme toujours, donc, Ari Aster tisse une toile inextricable dont le protagoniste est l’un des principaux artisans, avec ses mensonges, ses peurs et ses turpitudes (mais ne sont-ils pas, au fond, les nôtres également ?).
À ce propos, comme tous les personnages chez Aster, Joe ne prend conscience que trop tard du complot en cours : voir l’ado convoité sans le savoir par un couvent de sorcières dans Hereditary, l’étudiante choisie à son insu pour présider au sacrifice de ses amis dans Midsommar et, bien sûr, le protagoniste à qui l’on ment depuis sa naissance dans Beau Is Afraid.
Le cinéma tout entier d’Ari Aster traite de cela : les complots et conspirations ourdis par quelque instance de l’ombre. Cette fois, la manipulation qui a cours à Eddington ne se manifeste que tardivement, même si, dans les faits, elle est en branle dès le départ, comprend-on a posteriori.
Complètement fou
Quoi qu’il en soit, après trois films où les personnages font les frais d’une forme ou d’une autre de conspiration, cela tombe sous le sens que le cinéaste eût voulu aborder le conspirationnisme proprement dit.
Certes, le phénomène — connu, documenté — pourra paraître prosaïque pour Aster au vu de ses trois films antérieurs. Lesquels sont caractérisés par des élans fantastiques, insolites ou surréalistes, respectivement.
Et de fait, Eddington est peut-être le film le plus « réaliste » d’Aster. Ce n’en est pas moins une œuvre complètement folle, dans le bon sens. L’étrangeté est là, à la différence qu’elle n’aura jamais semblé, chez Aster, aussi familière. Par conséquent, le film n’en est que plus, oui, malaisant.
François Lévesque est à Cannes à l’invitation du festival et grâce au soutien de Téléfilm Canada.