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Tout ça était plutôt prévisible : Donald Trump n’a pas réussi à mettre fin, « en 24 heures », comme il l’avait promis en campagne électorale, à la guerre d’invasion lancée en 2022 par la Russie contre l’Ukraine.
Mais l’échec va encore plus loin. Depuis son retour à Washington, en janvier dernier, le changement radical de posture des États-Unis qu’il a imposé face à cette agression, ses interventions directes et chaotiques dans la quête d’un cessez-le-feu et ses déclarations à l’emporte-pièce sur les tenants, aboutissants et responsabilités dans ce conflit ont fini par amener le populiste à se peinturer dans le coin.
Sans résultat et désormais en rupture avec les alliés historiques de l’Amérique, Donald Trump se retrouve coincé face à un Vladimir Poutine qui, loin de l’écouter et de le suivre sur le chemin de la paix, a décidé au contraire d’intensifier depuis quelques jours ses attaques contre l’ex-république soviétique. En guise de réponse aux nombreux appels du pied de Washington, l’homme fort du Kremlin plastronne, même, et semble préparer une nouvelle offensive estivale de ses armées sur le nord-est de l’Ukraine.
Depuis le début de la semaine, Donald Trump exprime publiquement son amertume et un mécontentement retenu devant le cafouillage flagrant de ses démarches. Mais ses portes de sortie demeurent floues et menacent sa crédibilité tant sur la scène internationale qu’au sein même de ses troupes.
L’histoire avait pourtant déjà écrit ce dénouement. C’est ce que rappelait cette semaine Tim Luckhurst, professeur de journalisme à l’Université de Durham, dans le nord de l’Angleterre, dans une note traçant un parallèle entre la politique d’ouverture, de rapprochement et d’apaisement entretenue par Donald Trump envers la Russie depuis plusieurs mois et celle de Neville Chamberlain, premier ministre britannique, moins d’un siècle plus tôt, avec l’Allemagne nazie d’Hitler. « [Chamberlain] pensait qu’en apaisant le führer [qui menaçait alors d’envahir la Tchécoslovaquie après avoir fait fi des accords internationaux], l’Europe pourrait éviter la guerre et sauver des vies », écrit-il. Le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale lui aura surtout démontré que « l’apaisement des nationalistes expansionnistes est toujours un échec ».
Ironiquement, Bridget Brink, ambassadrice des États-Unis en Ukraine, avait vu venir le fiasco, avant de démissionner en avril dernier. Dans les pages du Detroit Free Press, la diplomate, originaire du Michigan, a déploré il y a quelques jours les politiques hasardeuses du nouveau gouvernement qui consistent « à faire pression sur la victime, l’Ukraine, plutôt que sur l’agresseur, la Russie » pour mettre fin au conflit. Et d’ajouter : « L’histoire nous a appris à maintes reprises que l’apaisement ne conduit ni à la sécurité ni à la prospérité. Il conduit à davantage de guerres et de souffrances. »
Mercredi, depuis le Bureau ovale, le président américain était encore loin d’exposer un changement de cap dans sa stratégie quant à la guerre russo-ukrainienne. Tout au plus, lorsque questionné sur l’escalade de la violence et la réelle volonté de Vladimir Poutine de mettre fin au conflit, il a semblé accorder encore une fois un peu plus de temps à son homologue russe, sans se montrer plus clair sur la manière dont il envisageait la suite des choses. « D’ici deux semaines, nous saurons si Poutine nous sollicite ou non, a-t-il dit. Et si c’est le cas, nous réagirons un peu différemment. »
La remarque fait suite à une série de commentaires ciblant le dictateur russe depuis dimanche et sa reprise des frappes sur l’Ukraine. Les bombardements russes sont parmi les plus intenses et les plus meurtriers depuis le début de cette guerre, qui est entrée dans sa quatrième année. Loin de préparer la paix, Moscou renforce surtout sa présence dans le nord-est de l’Ukraine, où 50 000 soldats ont été massés en prévision, sans doute, d’une intervention à venir dans ce coin, a rapporté cette semaine l’agence de presse ukrainienne Ukrinform, citant Volodymyr Zelensky.
« Il est devenu complètement FOU ! » a écrit Donald Trump sur son réseau social cette semaine, en parlant de son homologue russe et de ses frappes sur Kiev le week-end dernier. « Ce que Vladimir Poutine ne réalise pas, c’est que sans moi, la Russie aurait déjà connu beaucoup de choses terribles, et je dis bien TRÈS GRAVES. Il joue avec le feu », a-t-il ajouté mardi, avec majuscules et contenu cryptique habituels.
Vents contradictoires
Entre un dictateur russe renforcé par le retour de Donald Trump à Washington et une présidence ukrainienne humiliée par la présidence américaine, le républicain avance désormais en terrain miné pour éviter le pire et sauver la face de son plan de paix de plus en plus incertain. Il doit aussi naviguer entre des vents contradictoires au sein même de son parti, dont une frange a adhéré massivement à la propagande russe, relayée par les influenceurs du mouvement politique de Donald Trump, et qui cherche à attribuer la responsabilité de cette guerre à l’Ukraine. Or, une autre part des républicains, moins radicalisée, appelle désormais de plus en plus au renforcement de sanctions contre Moscou pour prévenir une chute de l’ex-république soviétique qui pourrait s’étendre un peu plus loin sur le territoire européen et compromettre de facto les intérêts économiques et géostratégiques des États-Unis sur ce continent.
« Il est temps d’imposer des sanctions plus sévères » qui enverraient un message clair de « fin de partie » au dirigeant russe, a résumé mardi le sénateur républicain de l’Iowa, Chuck Grassley, sur le réseau X. L’idée prend forme aussi autour du sénateur républicain de la Caroline du Sud, Lindsey Graham, qui cette semaine a indiqué être prêt à présenter un projet de loi appelant à des sanctions plus sévères contre la Russie. Le texte aurait l’appui de 80 autres élus.
Dimanche, Donald Trump s’est dit « absolument » en accord avec de nouvelles sanctions contre Moscou, même si, dans les premiers jours de sa présidence, il a ordonné le démantèlement du KleptoCapture, un groupe interministériel et interagence américain qui cherchait depuis 2022 à saisir les avoirs des oligarques russes pour remettre l’argent aux Ukrainiens.
Sortir de l’impasse dans laquelle Donald Trump s’est placé ne sera donc pas si simple. C’est qu’après des mois passés à vendre à sa base électorale l’idée simpliste d’un retrait des États-Unis de ce conflit lointain, en dépeignant une Ukraine opportuniste vivant aux dépens de l’Amérique, avec arrogance et sans reconnaissance, le populiste n’a désormais plus de crédibilité pour ramener sur le devant de la scène l’idée de défendre la démocratie de ce pays d’une menace impérialiste et d’une dictature, et ce, après des mois à jouer les autocrates et à mettre en péril la démocratie des États-Unis depuis son retour en poste.
Lui qui rêvait de marquer la grande histoire en Ukraine, en s’imposant comme l’artisan d’une paix durable, risque surtout d’être confronté à cette réalité saisie par le philosophe George Santayana dans le volume 1 de sa Vie de la raison, paru en 1905 : « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre. »