Brian Wilson incarne à jamais une époque révolue : celle où la conception d’un album donnait lieu à une odyssée homérique, faite de crises de nerfs, de renoncements, d’idées folles, de coûts astronomiques. Une époque où le musicien de rock pouvait tenir à la fois de Cléopâtre et de Leonard de Vinci. Brian Wilson aura touché cette légende-là, ce qui n’était pas évident, si l’on se souvient de lui en garçon de plage, avec son maillot rayé, son air joufflu de bon Californien nous servant des orangeades parfumées avant de s’enfuir sur les vagues de l’océan.

Son travail de compositeur et de mélodiste aura longtemps été victime d’un certain mépris de la part des critiques. Après avoir vu le concert des Beach Boys à l’Olympia, en juin 1969 (sans Brian, qui, à l'époque, ne veut plus monter sur scène mais reste la figure tutélaire et pensante de la fratrie ), Philippe Paringaux écrivit dans Rock & Folk : « Cela fait un petit quelque chose d’entendre de nouveau ces chansons gentilles pleines de mer, de soleil, que sont Sloop John B, California Girls, I Get Around ou Barbara Ann… Le public (beaucoup de petites Américaines frétillant de bonheur…) est content, les Beach Boys sont contents de voir que le public est content, et moi je suis content parce que tout le monde est content ».