Publié le 30/06/2025 à 6:00

Professeur

Longtemps, il a été une figure respectée, qui officiait sur une estrade et pour laquelle les morveux se levaient encore plus vite que pour Danette. Jusqu’au début des années 1980, il avait en outre un niveau de vie tout à fait enviable : chouette bagnole, garde-robe bien coupée, maison joliment meublée, vacances en Espagne. C’était un notable. L’instituteur, avant lui, avait connu cet âge d’or.

Aujourd’hui… Considéré comme un loser syndiqué par la bourgeoisie, méprisé par des parents d’élèves qui voient en lui un baby-sitter gratos, menacé par des délinquants allergiques à l’autorité dès la maternelle, il vivote de son maigre salaire. La rémunération brute des jeunes enseignants de collège équivalait à 2,3 fois le Smic en 1980, elle n’est plus que 1,2 fois le salaire minimum depuis 2021. Pire, au lieu de révéler Racine à de jeunes esprits, ce qui lui conférait parfois une aura à vie, il aide « à travailler l’oral en réception à partir de poèmes lus ». L’art de la dissertation ? Il s’interroge sur les « pratiques d’écriture du collège au lycée : temporalité, processus, démarches » ou se doit de « reconsidérer les apprentissages langagiers ». Pour retrouver un peu d’autonomie et d’estime de soi, il prend parfois la plume pour déplorer la faillite de l’Instruction. Version pathétique, il devient « influenceur orthographe » sur Instagram. Et après, on s’étonne que plus personne ne le calcule, à part ses collègues en salle des profs ! Quand il en a encore. En 2025, les inscriptions aux concours du Capes et de l’agrégation ont une nouvelle fois reculé, avec 3 000 candidats de moins en un an.