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Didier Pleux : "Le drame de Nogent au collège Françoise Dolto, un symbole ?"

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Pour le docteur en psychologie, Didier Pleux, que l'attaque au couteau, à Nogent, en Haute-Marne, se soit déroulée dans un collège qui porte le nom de Françoise Dolto est un symbole, tant la pédiatre et psychanalyste ont participé à désorienter la jeunesse.

Un collégien de 14 ans poignarde une assistante d’éducation et ce drame soulève les habituels questionnements : comment en sommes-nous arrivés là ? Chacun y va de son expertise et, sans vouloir instrumentaliser ce drame, j’aimerais apporter quelques hypothèses.

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Ma première réflexion : le meurtre a eu lieu alors que la police était sur les lieux pour une opération de sécurité. Y avait-il déjà des problèmes de violence dans ce collège pour solliciter ainsi les forces de l’ordre ? Quand on fait appel à l’autorité « extérieure » il est fort à parier que l’autorité « interne » de l’établissement soit inefficace… Le collégien assassin était apparemment « référent harcèlement » et les groupes de parole auxquels il assistait ne semblent pas l’avoir instruit sur la violence, le « bien » et le « mal » …

Je soupçonne ce collège de privilégier, comme bien d’autres, la parole sur le « faire » ! Et sur ce point, je retrouve les affirmations de Françoise Dolto : le « verbe », la parole sublime le passage à l’acte. Les propos de la grande psychanalyste ne sont guère contestés depuis cinquante ans et pourtant… N’était-elle pas, inconsciemment, à l’origine des dérives éducatives que nous voyons chaque jour plus prégnantes ?

L'intolérance aux frustrations

J’ai toujours pensé que la messe était dite lorsque Françoise Dolto écrivait que, vis-à-vis des enfants, les parents « à leur égard, (ils) n’ont que des devoirs, alors que leurs enfants n’ont vis-à-vis d’eux que des droits jusqu’à leur majorité » (Françoise Dolto, La cause des enfants, éd. R. Laffont 1985, p. 194). Elle s’inscrivait bien sûr dans le contexte post « soixante-huit » où l’autorité parentale, confondue avec l’autoritarisme, se devait d’être détruite : les parents sont « pathogènes », l’enfant ne peut qu’être leur victime, consciemment ou inconsciemment.

L’éducation qu’elle défend : le moins de parents possible, tout pour l’autonomie de l’enfant et l’éducation devient subrepticement « horizontale ». À la maison, l’enfant peut s’habiller, se nourrir, se coucher comme il le veut (Françoise Dolto, Lorsque l’enfant paraît, éditions du Seuil, 1990, pp. 306-308)… À l’école, il est recommandé d’étudier à la carte pour motiver l’élève et toute autorité chez l’enseignant est taxée de nazisme (Françoise Dolto, ibid., p. 401 et p. 405).

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Je vous renvoie à mon essai Génération Dolto (Odile Jacob, 2008) ! Mais soyons justes, c’est aussi elle qui parle de l’enfant comme d’un « être d’émotions » et qu’il a droit au respect. Fini, les enfants chosifiés des siècles précédents et cela mérite un grand merci. Mais pour le reste, sa philosophie éducative permissive a fait des dégâts, surtout dans ce début de XXIe siècle où les dysfonctionnements de l’enfant ne sont plus les mêmes : s’il existe encore des souffrances chez certains qui ont une estime de soi et une confiance en soi fragiles (ce qui était majoritaire dans les consultations « psy » du siècle dernier), depuis quelques décennies nous voyons apparaître une nouvelle « pathologie » : l’intolérance aux frustrations !

De nombreux enfants et adolescents, victimes de la « surconsommation », de la « surstimulation », de la « survalorisation », de la « surprotection », de la « surcommunication » et d’un contexte socioculturel où la satisfaction immédiate est possible (les écrans…) veulent vivre à l’envie, ne supportent aucun frein, aucun déplaisir, exacerbent leur ego au détriment du lien soi-autrui et chosifient les adultes et les parents qui ne sont désormais que des « hôteliers, banquiers, restaurateurs, chauffeurs de taxi, animateurs de club Med »… Ils rencontrent de moins en moins « d’adultes significatifs » mais ils écoutent les « influenceurs » des réseaux sociaux. Hannah Arendt nous avait prévenus : non seulement l’éducation se doit d’apprendre la réalité et non le développement personnel de l’enfant, mais elle doit lutter contre la « tyrannie de la majorité », disputer les influences de pairs et, pour cela, retrouver des autorités adultes (Hannah Arendt, L’humaine condition, éditions Gallimard, 2012, p. 749).

Un enfant agressif, un « carencé affectif »

Sans éducation à la frustration (à l’effort, au sentiment de l’autre), toute une génération devient très vulnérable au principe de réalité et le « pulsionnel » va désormais régir tous les comportements avec son lot de passages à l’acte. L’enfant peut développer une toute-puissance s’il n'est pas « éduqué », c’est-à-dire, s’il n’y a pas harmonie entre « plaisirs » et « réalités » (Didier Pleux, Le complexe de Thétis, éditions Odile Jacob 2017). Ainsi, nous voyons des enfants-rois devenir des enfants-tyrans, puis des ados tyrans…

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Mais pour « éduquer », il ne faut pas renouer avec les hypothèses doltoïennes, et c’est pourtant ce qu’ont fait les experts de l’éducation positive à la française avec l’éducation dite « bienveillante » : cette dernière reprend les grands thèmes de la psychanalyste, à savoir qu’un enfant agressif est avant tout un « carencé affectif », un être humain qui a souffert d’insécurité affective dans la petite enfance… Cela peut être vrai pour certains mais ne peut s’appliquer à tous les tempéraments d’enfant. Certains souffrent surtout d’une carence éducative : aucune autorité adulte, parentale ou autre, ne leur a enseigné à réguler leur pulsionnel ; et cette régulation ne peut pas se faire uniquement par la parole mais par des attitudes fermes, des sanctions quand les transgressions sont majeures. Et quand je demande aux éducateurs « bienveillants » quelles conséquences négatives ont été décidées pour confronter des violences infantiles ou adolescentes, je n’entends qu’un « on en a parlé »…

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Le bon sens sait que cela ne peut suffire et devenus impuissants, les « bienveillants » en appellent désormais aux psychologues (un « sens » derrière la violence ?), aux psychiatres (maladie mentale ?) ou à la police (il faut réprimer !) (Didier Pleux, L’éducation bienveillante, éditions Odile Jacob, 2023). La réponse serait donc de renouer avec l’autorité éducative « en amont » et bien sûr d’aider les parents à la retrouver. Et les décisions gouvernementales pour aider les parents me laissent perplexe : des experts de la petite enfance des « mille premiers jours » sous la houlette de Boris Cyrulnik (Théorie de l’attachement : l’agressivité de l’enfant vient d’un manque d’amour) et Isabelle Filliozat (Éducation bienveillante) et plus récemment, un groupe de conseillers dirigés par Serge Hefez (psychanalyste) qui incitait les parents à rejoindre les « maisons vertes » créées par… Françoise Dolto !

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Il est bien sûr utile de garder les réflexions « rationnelles » et non « psychanalytiques » de Françoise Dolto, comme il est bon, sans retomber dans le « c’était mieux avant ! » des blouses grises, de retrouver une autorité adulte juste, non autoritariste, et certaines vérités éducatives passées. Évitons ce Complexe d’Orphée que nous décrit le philosophe Jean-Claude Michéa (Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée, éditions Climats 2011) ! Puisse le drame de Nogent nous inciter à envisager tous les aspects d’une réponse éducative rationnelle devant les passages à l’acte de plus en plus nombreux chez certains enfants. Il n’est pas question que telle ou telle « chapelle psy » dicte ses croyances mais de réfléchir et d’envisager tous les possibles autour de cet incontournable « Amour et Frustration » que se doit d’être toute éducation.

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