L’excision touche actuellement plus de 230 millions de filles et de femmes dans le monde, dont environ 139 000 résidents en France, mutilées dans leurs pays d’origine. D’une ancienneté de plusieurs millénaires, cette pratique est, depuis un siècle, dénoncée et combattue en raison de son impact sur la santé physique, psychologique et sexuelle des femmes, et du schéma patriarcal dans lequel elle s’inscrit. Cette lutte mobilise de nombreux acteurs, des plus hautes instances des Nations Unies aux associations et militants locaux œuvrant sur le terrain.

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Mais parmi ces défenseurs des droits fondamentaux, certains œuvrent dans l’ombre : les parents qui, courageusement, choisissent de protéger leurs filles et de les soustraire à cette pratique, souvent au prix de lourds sacrifices. Car certains, confrontés à une pression sociale écrasante dans leur pays d’origine, sont contraints pour cela de s’exiler. Un départ coûteux et à haut risque, parfois au péril de leur vie, qui les conduit à demander l’asile, souvent en Europe. Ce sont eux que nous souhaitons honorer.

La société doit se mobiliser pour les soutenir

En France, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) accorde aux filles menacées la protection internationale destinée aux réfugiés et aux apatrides. Celle-ci peut être obtenue après que leurs parents aient réussi à les amener avec eux sur le sol français. Pour autant, leur combat ne se joue pas seulement dans leur parcours d’exil. Il se poursuit sur le long terme, parfois même sur plusieurs générations.

En effet, de nombreux citoyens européens originaires des communautés concernées se retrouvent eux aussi confrontés à de fortes pressions sociales et familiales pour faire exciser leurs filles lorsqu’ils voyagent, même temporairement, dans leurs pays d’origine. Les conflits de loyauté, les jugements, et les dilemmes auxquels ils sont confrontés sont donc les mêmes que pour les réfugiés : exposer leurs filles à des menaces de mutilations, ou faire le sacrifice ultime d’un déracinement définitif.

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Ces « parents protecteurs » (mère, père, sœur et frère, tante et oncle, grands-parents,…) ne forment donc pas un bloc homogène et viennent d’horizons divers, avec des histoires et des parcours multiples, mais partagent une même volonté : protéger leurs filles, coûte que coûte. Bien que peu visibles, ils méritent autant d’être reconnus comme des acteurs majeurs de la lutte contre l’excision.

Le 17 mai, de 14 à 17h, au carré de Baudouin, dans le XIX^e arrondissement de Paris, nous rendons hommage en donnant la parole à ces anonymes courageux, femmes et hommes, qui refusent de céder face à une pratique cruelle et injustifiable. Qu’ils soient réfugiés ou citoyens européens, fraîchement arrivés ou enracinés ici depuis des générations, leur engagement est une source d’inspiration. Leurs témoignages doivent être entendus, salués, et relayés. Chaque parent concerné où qu’il se trouve, doit savoir qu’il n’est pas seul. La société doit se mobiliser pour les soutenir.

Liste des signataires à retrouver ici